D’habitude chaque culture facilite l’homologie entre l’acteur social et son milieu grâce au processus de socialisation. Mais dans la situation du bouleversement culturel - que ce soit à cause de décolonisation ou l’immigration d’une société traditionnelle vers une société industrielle - la fonction pragmatique de l’identité est très sollicitée dans les sociétés modernes par les représentations sociales adoptées, et par le système de valeurs modernistes.
Dans les sociétés modernes tout est prêt à créer une crise de sens. L’individu est à chaque moment confronté avec des représentations ou des valeurs conflictuelles qui mettent perpétuellement en question l’unité des significations sur lesquelles il s’est habitué.
Donc, le code culturel adopte des nouvelles caractéristiques en abandonnant les anciennes, par conséquence, c’est au sujet qui incombe essentiellement de rétablir cette unité de sens qui exige de nouvelles stratégies cognitives pour réconcilier les codes culturels en contradiction.
La mission, celle d’établir l’unité des sens, est rendue plus difficile à cause de plusieurs facteurs qui sont : la mobilité sociale de l’individu et la transformation continuelle de son statut, l’intense concurrence dans tous les domaines de vie dans les sociétés modernes et l’image de soi fortement menacée qui oblige l’individu à avoir une dynamique identitaire capable d’être en changement permanent d’une façon permet au sujet de s’adapter rapidement avec les transformations culturelles fréquentes actuellement.
Cette précarité multiforme de la dynamique identitaire se concrétise par une éventualité toute nouvelle d'imprévus, de crises en long et en large de son trajet individuel, spécialement dans les phases sensibles. D’où le jaillissement et la multitude des stratégies inventées par le sujet, c’est-à-dire de choisir des comportements déployés à partir des finalités conscientes ou inconscientes permettant d’éviter, ou au moins, d’apaiser les tensions intra subjectives résultant de ces difficultés identitaires. Quelles sont, donc, ces stratégies adoptées, afin de surmonter les difficultés et les conflits identitaires ?
En (1990-1991) Camilleri a déterminé une typologie de ces stratégies identitaires partant de deux dimensions : pragmatique et ontologique.
Dans la première dimension l’individu cherche l’adaptation avec l’environnement en essayant de tirer des profits de toutes les préoccupations pragmatiques. La primauté, donc, est pour la fonction pragmatique, pourtant, la fonction ontologique est plus ou moins ignorée de la part de l’acteur social.
En deuxième dimension, ce qui se passe c’est l’inverse. Les sujets cherchent, d’abord, la cohérence de leur identité en insistant sur la fonction ontologique, « ils privilégient l’« ontologique » aux dépens du’’ pragmatique’’ » 93 . Ils adoptent des stratégies pour préserver la cohérence de son identité qu’elle soit simple, complexe ou modérée.
Ibid., Chocs des cultures, P : 62.