C’est une opération qui consiste à rendre concret et matériel ce qui est abstrait et impalpable. Par ce processus, les connaissances relatives à l’objet de représentation n’apparaissent plus comme des concepts, mais bien comme des éléments tangibles de la réalité. Elles transforment un concept en une image ou en noyau figuratif 121 , elles changent le relationnel du savoir scientifique en image d’une chose. Bref, se forme un schéma figuratif c’est-à-dire un appel à la matérialisation et à la simplification du phénomène représenté.
Sur ce plan, on peut dire que l’objectivation peut être décomposée en trois phases :
Une phase de construction sélective dont les éléments de ‘’la théorie scientifique’’ sont décontextualisés et sélectionnés, c’est-à-dire, les notions sont détachées du champ scientifique auquel elles appartiennent pour être appropriées pour le public.
Une phase de schématisation structurante : elle vise à former avec les notions sélectionnées un noyau figuratif, reproduisant d’une façon visible une structure conceptuelle (par exemple la libido est directement associée à la sexualité).
Une phase de naturalisation : avec ce processus, les éléments du schème figuratif sont concrétisés. Ils deviennent des entités objectives que l’on observe en soi et chez les autres. Les éléments de la science sont intégrés dans une réalité du sens commun « Le témoignage des hommes se mue en témoignage des sens, l’univers inconnue (la psychanalyse) devient familier à tous » 122 .
Certains éléments informatifs que l’individu privilège au détriment d’autres ou qui font écho en lui. Ils s’accompagnent forcement d’un réajustement, c'est-à-dire que certains éléments informatifs prendront un rôle plus important que d’autres ou que celui qu’ils avaient a l’origine dans la structure sociale. L’ensemble des informations à forte signification, qui sont retenues enfin de compte, formera un noyau figuratif de représentation.
Ibid., La psychanalyse, son image, son public, P : 109.