La dernière décennie, le concept d’identité a vu une importance saillante, dans la mesure où « la référence à l’identitaire est devenue, au cours de ces dernières années, l’alfa et l’oméga de la littérature sociologique, et des sciences sociales dans leur ensemble » 250 . En effet, cette notion « avec son mode de construction sociale représente un point d’intérêt convergent dans les sciences humaines contemporaines » 251 .
En fait, le concept d’identité s’applique à des unités sociales diversifiées : des personnes, des objets, des groupes. D’emblée, nous sommes confrontés à l’ambivalence de cette notion et à l’absence d’un langage commun, c’est pourquoi, si on examine la littérature des sciences qui s’intéressent à ce concept nous serons vite frappés par sa complexité et son caractère paradoxal.
De prime abord, ce terme revêt un caractère équivoque et incertain, dans la mesure où il est multidimensionnel. Il couvre à la fois le champ individuel et social. Alors, on distinguera ici le concept de ’’soi ‘’et l’ensemble de l’interaction symbolique qui permet d’aborder le concept d’identité. On verra « que le concept de soi est généralement employé lorsqu’on considère l’individu comme étant à l’origine de l’action, alors que le concept d’identité est utilisé quand on donne la priorité aux processus sociaux ou structuraux pour rendre compte de cette action » 252 .
Ainsi, l’identité est une notion à une dimension sociale plus large que celle de la notion du soi. Elle renvoie à une interaction dialectique entre l’individuel et le social. Elle est définit comme « l’ensemble des aspects de l’identité que plusieurs individus ont en commun avec d’autres membres d’un même groupe » 253 .
Cette polysémie et cette complexité du concept d’identité au niveau sémantique, ont exigé une diversité d’approches sur les plans théoriques et méthodologiques. On ne s’étonnera donc pas dès lors que le thème d’identité n’ait pas donné lieu à des paradigmes unifiés entre et à l’intérieur des différentes disciplines des sciences humaines. Quels sont ces paradigmes d’après les principales approches théoriques concernées ? Et de quoi s’agit-il ?
En effet, le paradigme identitaire est divers ; il est dépendant des approches et des perspectives qu’adoptent les chercheurs. Et puisque ces dernières sont multiples, nous allons présenter les quatre orientations dominantes.
Maarouf, N., (1995), Le paradigme identitaire et son statut épistémologique dans le champ des sciences sociales, in Identité-communauté, Paris, L’Harmattan, P : 11.
Honess, T-M., Soi et identité : Analyse notionnelle et examen des courants de recherches actuels, Psychologie Française, 1990, V.I, n° 35, PP : 17-23.
Ibid., Soi et identité : Analyse notionnelle, P : 18.
Doise, W., et al., (1970), Ethique, Altérité,Individu, in Nos identités, la XXXIV Session Des Rencontres Internationales De Genève, Genève, Boudry-Neuchâtel / La Baconnière, P : 85.