La psychologie interculturelle se situe à l’intersection de deux ensembles : Les sciences sociales, d’un part, et la psychologie, d’autre part. Elle est une approche qui revendique le statut d’une discipline, voire, d’une science. Elle vise produire un type de connaissance qui se distingue de la psychologie également de la sociologie, pour atteindre à l’objectivité, l’idéal commun à toutes les disciplines scientifique.
Cet objectif d’être un domaine indépendant, est une affaire de méthode, de contrôle, de réflexion sur la nature et la validité des phénomènes qui constituent son propre objet d’étude. En d’autre terme, cette ambition nécessite une réflexion épistémologique sur le fondement et la nature de la connaissance qu’elle postule produire. La question qui s’impose ici, est : Qu’est-ce que l’épistémologie ?
En effet, la notion est, relativement, « récente ». Il apparaît pour la première fois en Français (1908), avec Emile Meyerson, en tant qu’équivalent à la « philosophie des sciences ».
En (1973),selon Fichant 424 , le terme viendrait du wissenschafslehre allemand, via son orthodoxe traduction anglaise épistemology.
Aujourd’hui, d’après Berthelot, la notion « d’épistémologie oscille entre une définition large et une définition restreinte : dans la tradition anglo-saxonne, il est associé à l’idée de théorie de la connaissance et excède donc la seule connaissance scientifique, dans la tradition francophone, il se limite à la connaissance scientifique et est définie par exemple par Piaget (1967a) comme ’’l’étude de la constitution des connaissances valables’’ » 425 . Nous adoptons ici, le concept épistémologie en ce second sens.
Mais nous signalons que ce vernis scientifique de la psychologie interculturelle, doit être transparent et ne cache pas la réalité des approches interculturelles qui exigent une démarche abordant les questions étudiées comme une composante de l’expérience humaine. Celle-ci ne peut pas se satisfaire d’envisager la vérité uniquement comme un objet d’expérience mais aussi comme un principe d’action humaine en vue d’une finalité morale et existentielle.
Cette finalité traduite par la volonté de rompre avec les travers de ’’ l’ethnocentrisme’’, en se voulant strictement respecter la différence culturelle, d’un côté, et chercher par delà des spécificités, ce qui est commun à tous les faits et toutes les cultures, d’autre côté. C’est contre les préjugés, les jugements des valeurs, et toute pensée unique qu’ignore la relativité culturelle que la psychologie interculturelle est centrée.
Ainsi, c’est une invitation à une épistémologie particulière qui dépasse la logique purement expérimentale en considérant les ‘’faits étudiées’’ une partie d’une expérience humaine singulière qui s’inscrive dans l’histoire socio-culturelle de la société à laquelle il appartient l’individu et les réalités quotidiennes avec lesquelles il entretient des rapports dialectiques d’influences réciproques.
Alors, nous adoptons la perspective épistémologique qui considère que la participation à l’expérimentation, ne signifie pas une imitation méthodologique et application de forces des méthodes des sciences exactes dans le domaine des sciences humaines.
De plus, nous considérons que les faits sociaux diffèrent « des faits des sciences physiques parce qu’ils sont des croyances ou des opinions individuels » 426 et par conséquent, «ne doivent pas être définis d’après ce que nous pourrions découvrir à leur sujet par les méthodes objectives de la science mais d’après ce que la personne qui agit pense à leur sujet » 427 . Comme le dit Bourdieu «l’obéissance inconditionnelle à un organon de règles logiques tend à produire un effet de’’ fermeture prématurée’’ en faisant disparaître, pour parler comme Freud, ‘’l’élasticité dans les définitions ‘’ ou, comme dit Carl Hempel, ‘’la disponibilité sémantique des concepts’’ qui, (…) constituent une des conditions de l’invention » 428 .
Plus profondément, nous attirons l’attention que l'encouragement insistante à la perfection méthodologique « risque d’entraîner un déplacement de la vigilance épistémologique, au lieu de s’interroger par exemple sur l’objet de la mesure et de se demander s’il mérite d’être mesuré (…) on peut, emporté par le désir de monnayer en tâches réalisables l’idée pure de la rigueur méthodologique » 429 .
Cette attitude de mettre en relief la perfection méthodologique, peut être comme un piège pour le chercheur, que Bachelard fait observé en étudiant « la précision mal fondée » qui consiste à supposer que le mérite de la solution se mesure au nombre de décimales indiquées. Il a remarqué « qu’une précision sur un résultat, quand elle dépasse la précision sur les données expérimentales, est très exactement la détermination du néant… cette pratique rappelle la plaisanterie de Dulong qui disait d’un expérimentateur : ‘’Il est sur du troisième chiffre après la virgule, c’est sur la premier qu’il hésite’’» 430 .
Donc, il ne faut pas négliger l’idée : qu’effectuer une mesure plus précise qu’il n’est besoin, n’est pas moins absurde que de faire une mesure d’une précision insuffisante.
Or, l’étude épistémologique des faits interculturels est confrontée à un grand nombre d’obstacles, que ce soit au niveau de la détermination de ses objets, des méthodes, soit au niveau de l’approche adopté puisqu’elle admet une approche pluridisciplinaire. Ajoutons la confusion par laquelle doté les faits interculturels à cause de la multitude des significations de même objet d’étude résultante de contact des cultures, autrement dit, résultante de l’hétérogénéité culturelle. Par ailleurs, la lecture des études relatives à ce domaine montre combien il est difficile d’éviter ce genre de confusion, spécialement, le concept de la culture lui-même est polémique.
De plus, l’une des difficultés épistémologiques majeures consiste dans la jeunesse de la psychologie interculturelle. C’est entre (1976-1980) que le programme d’études interculturelles est lancé par l’UNESCO. Sachant que, chaque étude épistémologique est liée à des courants scientifiques s’enracinent au sein de la discipline. Pour bâtir ces courant, on a besoin d’un période historique (des dizaines et parfois des centaines d’années) pour construire sa propre identité comme courant scientifique indépendant et reconnaître par tout, citons comme exemple l’épistémologie sociologique. Donc, il y a un effet de la durée qu’on ne peut pas nier pour mûrir les questions et surmonter les difficultés épistémologiques résultantes de la novice de ce domaine.
Ainsi donc, selon la logique épistémologique, il n’y a de science que du phénoménale et du vérifiable. D’ailleurs, la science met en œuvre des procédures rigoureuses, des dispositifs critiques, des outillages de plus en plus complexes en étudiant les phénomènes constituants un objet de recherche, également un ‘’ objet de sciences’’.
En fait, au moment où un ordre nouveau de phénomènes devient ‘’ objet de science ‘’, il se trouve déjà figuré dans l’esprit, non seulement par des images sensibles et représentations cognitives, mais par des structures conceptuelles résultante d’une réflexion autour certaines questions fondamentales qui constituent «la nouvelle discipline ».
Abordons la question épistémologique d’un nouveau «objet de science » - qui est la psychologie interculturelle - est une question que nous mettons face à la philosophie qui étudie les méthodes et les principes des sciences, d’un côté, et la logique expérimentale, d’un autre côté.
Etudions la philosophie d’une discipline, c’est-à-dire cherchons non seulement « les principes et les causes d’un point de vue général et abstrait » 431 , mais cherchons la vérité et ses conditions, autrement dit, la connaissance scientifique et sa logique.
En effet, le point de départ de la connaissance scientifique, « réside dans la volonté de l’homme se servir de sa raison pour comprendre et contrôler la nature » 432 . La démarche logique de la raison humaine consiste à l’étude des conditions de la vérité, trajet qui débouche à la connaissance philosophique aussi bien qu’à la rigueur scientifique.
Le raisonnement, base de la connaissance, implique une certaine relation entre ‘’sujet ‘’ et ‘’objet ’’ qui forme une structure. Le souci des savants, est toujours d’acquérir une validité sur cette relation aussi bien que sur la démarche logique et la réflexion elle-même. Cette démarche qui étudie les conditions formelles de la vérité, nécessaires pour une exigence d’universalité, n’élimine pas la particularité de la connaissance, fruit de la spécificité du contenu expérimental aussi bien que de la logique concret et sa richesse.
Cherchant à concilier cette logique concrète avec celui formel, Hegel (1770- 1831) ouvre la voie à une nouvelle logique : la logique dialectique. Cette logique permet de dépasser la logique formelle qui « affirme qu’une proposition doit être vraie ou fausse, la logique dialectique déclare que toute proposition qui a un contenu réel, est à la fois vraie et fausse, vraie dans la mesure où elle est dépassée, fausse si elle s’affirme absolument » 433 .
Donc, la logique dialectique ne dit pas A est « non A », mais A possède en lui-même le germe de devenir au-delà de lui : A est A, mais aussi plus que A. Partant de cette perspective dialectique, les sciences progressaient en constituant leurs propres méthodes de recherches.
Actuellement, c’est un fait qu’il existe une division et une spécialité très grande dans la science. Pour établir et justifier les différences entre les branches de la connaissance scientifique, on a fait recours à différents critères : un premier critère qui porte sur le sujet de recherche, et le deuxième consiste à savoir comment on donne les explications scientifiques qui peuvent être : « l’explication causale pour le champ de recherche physique, l’explication fonctionnelle pour le champ de recherche de la biologie, et l’explication intentionnelle pour le champ de recherches des sciences sociales » 434 . Paradoxalement, on remarque une émergence d’ «une certaine réunification des disciplines des sciences sociales » 435 .
De cette situation paradoxale et compliquée, la psychologie interculturelle émerge à la surface des sciences humaines en se positionnant au carrefour de plusieurs disciplines : Psychologie, Anthropologie culturelle, Sociologie culturelle, en tant qu’une nouvelle approche pluridisciplinaire qui essaye de dépasser les débats académiques entre (subjectivité / objectivité) en soumettant à la pratique scientifique, et faisant recours à l’expérimentation.
Or, le recours à l’expérimentation constitue les fondements rigides de n’importe quelle discipline. La psychologie interculturelle, doté par la complexité, affronte deux enjeux : D’abord, se reconnaître comme étant une discipline en elle – même (indépendante). Ensuite, fournir la preuve de la possibilité d’une logique expérimentale.
Participer à une démarche expérimentale représente une prémice d’une étude épistémologique. La question qui s’impose avant d’aborder l’épistémologie, à quel point la culture constitue un champ d’expérimentation ?
En effet, rendre la culture un champ d’expérimentation est une idée qui a sa particularité en sciences humaines. On peut la considérer, avec prudence, comme un champ d’expériences, mais sa signification n’est pas identique à la notion du champ expérimental des sciences exactes, dont les variables, les outils et la situation sont bien contrôlés. Ici, nous attirons l’attention à l’importance de choisir la technique convenable en recherches interculturelles parce que « une technique peut être plus utile que d’autres dans certains contextes » 436 , que sera-t-il la situation avec la psychologie interculturelle doté par la complexité ?
Partant de l’observation, outil qui permet de fournir l’existence d’une relation entre deux variables, l’expérimentation sera prête à réaliser certaines comparaisons entre plusieurs contextes culturels différents, mais la difficulté majeure qui défi l’aspect expérimentale est la multitude des significations au sein de même fait étudié.
Dans toute étude expérimentale, il est indispensable de trouver la situation « témoin » autour de laquelle s’effectue l’observation.
En effet, cette «situation témoin » devrait être exempte de tout changement ou nuance qui puisse être opérer. « Il n’y a pas de groupe ou de situation témoin, mais les groupes et les situations y jouent le rôle de témoin par rapport aux autres groupes ou situations » 437 .
Il est difficile, dans la psychologie interculturelle, de trouver des « situations témoins ». Il faut, donc, expliquer la relation qui existe entre les variables, bref, éclaircir au maximum les « situations témoins », il s’agit de dévoiler la nature des variables en question (variables dépendantes et indépendantes).
D’après la logique de la dynamique sociale, il s’est avéré qu’il n’existe pas des groupes équivalents au sens propre du terme. Par conséquence, il s’agit de considérer cette équivalence par rapport à un facteur bien déterminé. D’où l’importance de la culture de chercheur dans la facilité de saisir les divers codes culturels en présence qu’il s’agit de même culture ou des cultures différentes.
Nous attirons l’attention qu’il y a des variables capables de rendre nul la relation entre les variables étudiées, que l’expérience met à l’épreuve. Ce sont des facteurs généraux d’invalidité (mais ils ne sont pas considérés comme parasites), on les caractérise comme étant des facteurs naturels : L’histoire, la maturation, l’effet de la mesure, l’usure de l’instrument, la régression statistique et la moralité expérimentale. -Expliquons maintenant ces facteurs naturels :
-L’histoire constitue la phase qui se déroule avant et après l’intervention du facteur étudié.
-La maturation (fatigue, vieillissement) est lié aux effets du temps sur les individus concernés.
-Effet de la mesure, cela signifie la réactivité des facteurs inhabituels qui vont modifier la situation qu’on veut étudier.
-Usure de l’instrument, c’est-à-dire la fatigue de l’observateur ainsi que son niveau d’expérience.
-Régression statistique, c’est-à-dire la moyenne entre l’imperfection aléatoire du chercheur et celle de la population étudiée.
-La moralité expérimentale, c’est-à-dire la stérilité des variables relatives aux sous- groupe par rapport au fait étudié.
Ainsi, il faut qu’on soit conscient à toutes les détailles, même les petites, en interrogeant les outils, les méthodes, les théories dans leur mise en œuvre pour déterminer ce qu’elles font aux objets et les objets qu’elles font.
Maintenant, qu’on est éliminé les facteurs parasites et ceux naturels dans la recherche de « situation témoin », que désigne-t-on par la validité ?
En fait, avant de généraliser les résultats, il semble indispensable de déterminer la notion de la validité.
Cambell a discerné le rôle de la validité ‘’interne’’ de celui de la validité ‘’externe’’ de l’expérience. La validité interne, se rapporte au facteur en question et non à un autre tandis que la validité externe permet de généraliser les résultats obtenus à d’autres facteurs, autrement dit, la transposabilité des résultats qui exige selon Bronswik (1943) de réaliser un travail descriptif préliminaire minutieux des stimuli et de leurs associations probables dans le milieu habituel des individus, avec l’intention d’établir des plans représentatifs qui contiennent les événements possibles et susceptibles d’intervenir de l’expérience.
Quand on s’intéresse aux comportements stabilisés en milieu naturel (non expérimental), on peut empreinte le modèle représentatif de Brunswik surtout au plan factoriel (qui consiste à combiner systématiquement chaque modalité d’une variable avec toutes les autres variables considérées), interdisant, ainsi, l’intervention des nouvelles situations inhabituelles.
La miniaturisation, lors la mise en expérience, nécessite l’adoption des aspects les plus représentatifs de situations qui intéressent le chercheur.
Bien que l’état actuel de la psychologie ne permet pas de nous appuyer sur une thèse conceptuelle qui nous assure suffisamment les multiples traits essentiels et ceux qui sont moins important, problème majeure, dans les conditions interculturelles. Mais cette situation nous la considérons comme une source d’avantage malgré qu’elle est apparu, de premier abord, comme un inconvénient plus ou moins ‘’ grave’’, car nous considérons qu’elle porte en soi- même le germe de son dépassement, voire, son développement.
En fait, nous la considérons comme un avantage, puisque « dans les situations réelles de la pratique scientifique, on ne peut espérer construire des problématique ou des théories nouvelles qu’à condition de renoncer à l’ambition impossible, (…), de tout dire sur tout et dans le bon ordre » 438 .
Dans ce cas, même si on a recours aux techniques statistiques qu’offre l’informatique, il faut qu’on soit prudent pour que la statistique ne devienne pas comme « alibi scientifique de la soumission aveugle à l’instrument » 439 car « les instruments et les adjuvant, (…), se retournent contre la vigilance toutes les fois que les conditions préalables de leur utilisations ne sont pas remplies » 440 .C’est une invitation à ne pas faire des erreurs.
Mais ces erreurs, peuvent être des avantages épistémologiques selon Bachelard (qui récuse la continuité des fonctions pragmatiques de la science) puisque puisqu’elles éliminent le formalisme et le fixisme de la Raison. Ils font une rupture épistémologique nécessaire pour le progrès de la connaissance.
L’auteur pose comme axiome premier « le ‘’primat théorique de l’erreur,’’ définit le progrès de la connaissance comme rectification incessante : elle est donc prédisposer à fournir un langage et une assistance aux sciences sociales » 441 . Pour lui, il n’existe pas une « vérité première », mais « des erreurs premiers » 442 . Plus lapidairement, il ajoute, qu’« un vrai sur fond d’erreurs, tel est la forme de la pensée scientifique » 443 .
D’ailleurs, l’auteur considère la science comme une acte spécifiquement intellectuelle : « la science n’est pas le pléonasme de l’expérience » 444 . Elle est la Genèse du Réel, elle peut être décrire comme re-commencement. Elle n’est pas «la fructification d’un pré-savoir. Une archéologie de la science est une entreprise qui a un sens, une préhistoire de la science est une absurdité » 445 .
Ainsi, d’après Bachelard, les sciences se constituent en rupture et non en continuité, même, si cette dernière a des fonctions pragmatiques. Il met l’accent sur la forme polémique et l’allure dialectique du dépassement constitutif du savoir bien qu’il se soit senti tenir d’accepter l’idée de « la subordination de la raison à la science, [et] l’instruction de la raison par la science » 446 .
A côté de cet axiome, qui met en relief le primat théorique caché de l’erreur, Bachelard attaque en deuxième abord, la dépréciation spéculative de l’intuition. Pour lui, les intuitions ont une fonction qui sert à la construction de la connaissance scientifique :
« Les intuitions sont très utiles : elles servent à être détruites » 447 . Cet axiome est transformé en norme de confirmation, selon deux préceptes : d’abord, « en toutes circonstance, l’immédiat doit céder le pas au construit » 448 , ensuite, « toute donnée doit être retrouvée comme un résultat » 449 .
Le dernier axiome de l’auteur porte sur la position de l’objet comme perspective des idées. Bien que Bachelard donne une importance spéciale au côté théorique, voire intellectuel de la connaissance scientifique, il essaye ici, de montrer l’importance du réel : «Nous comprenons le réel dans la mesure même ou la nécessité l’organise … Notre pensée va au réel, elle n’en part pas » 450 .
Donc, d’après Bachelard, les sciences se constituent en ignorant sa continuité malgré son importance pragmatique. Il met l’accent sur la forme polémique et l’allure dialectique du dépassement constitutif du savoir.
Synthétisons maintenant ce survol dans les thèses de Bachelard, nous croyons que la psychologie interculturelle peut en profiter en édifiant sa propre épistémologie, et cela : d’abord, en adoptant sa perspective concernant l’erreur (l’erreur n’est plus un accident regrettable), ensuite, en considérant les intuitions et leur fonctions, enfin en gardant l’importance qu’elle porte au réel quotidien et l’insistance à sa singularité.
Nous invitons les chercheurs en psychologie interculturelle à empreinte cette attitude optimisme à l’égard les erreurs chez Bachelard (en les considérant comme sources d’avantages) pour l’appliquée sur les questions considérées comme obstacles épistémologiques. Ces obstacles que nous résumons en :
-L’hétérogénéité culturelle et ses conséquences qui empêchent la généralisation des résultats, ce qui décourage l’expérimentation.
-La représentativité des échantillons.
-La multitude de la signification de même objet d’étude.
-Les limites de l’expérimentation faute de trouver une situation « témoin ».
-Les limites de faire une comparaison faute de trouver deux groupes équivalents.
-La difficulté de considérer la culture comme un facteur indépendant.
-L’intervention des facteurs multiples imprévus résultants de l’hétérogénéité culturelle (facteurs généraux d’invalidité).
Bref, nous croyons qu’il faut que la psychologie interculturelle ne se décourage pas à cause des erreurs commises au début de son voyage épistémologique, même, s’il fait une fragile apparition sur la scène de la philosophie des sciences ou celle de l’expérimentation.
Pour être à la hauteur de cet enjeu épistémologique et en profiter pour se développer, il sera mieux d’adopter en, psychologie interculturelle, la perspective de Bachelard qui considère « l’esprit est d’abord de lui-même pure puissance d’erreur » 451 , mais évidement, au sens positif du terme qui aperçoit dans l’erreur la source de développement.
Alors, le principe épistémologique qui guide la psychologie interculturelle est particulier. Il est multidimensionnel, et les méthodes d’études sont multiples puisqu’elles adoptent une approche pluridisciplinaire, et faisant recours à plusieurs outils.
Malgré que l’enquête apparaisse moins vigoureux que l’expérimentation, il ne faut pas négliger son importance surtout le modèle représentatif.
Faute de construire un échantillon représentatif, l’enquêteur fait recours à des questions utiles pour collecter des données.
D’ailleurs, la construction d’un échantillon représentatif est conditionnée par la situation du terrain, autrement dit, la structure de la population et son milieu.
En analysant les résultats récoltés du terrain, on a recours à des techniques statistiques multiples qui répondent aux exigences imposées par l’absence de groupes strictement comparables.
Ajoutons, que dans la psychologie interculturelle, lorsqu’il s’agit de choisir l’enquête, il faut être concise quant à la signification du sens de recherche concerné, et éviter l’influence des interactions des facteurs expérimentaux sur le sujet de recherche.
En vérité, la méthode expérimentale dans la psychologie interculturelle, est une opération délicate, ce qui empêche la généralisation des résultats. Le chercheur attentif doit considérer que ses résultats sont généralisables dans des limites des modèles liés aux groupes observés, ce qui n’encourage pas à l’expérimentation.
L’explication des phénomènes culturels variés dans ses aspects n’est pas l’objectif de la psychologie interculturelle. Celui-ci s’intéresse à l’examen de l’acceptation et/ou le refuse des cognitions et des actions sous diverses influences culturelles.
En cherchant à déterminer les conditions qui provoquent le conduit humain, la psychologie interculturelle permet l’analyse de facteurs d’influence en adaptant les paradigmes expérimentaux à un nouveau milieu et d’une façon particulière conditionnée par la particularité de la situation de l’hétérogénéité culturelle.
Suite aux changements culturels permanents, l’individu participe à la modification de sa propre culture. Donc, les modèles expérimentaux aussi bien que les démarchent statistiques doivent être enrichis par des modèles plus dynamiques. Ceux-ci sont fondés sur une perspective dynamique, qui refuse de considérer les cultures en tant qu’entités figées. C’est pourquoi, il ne faut pas considérer le facteur culturel en tant que facteur indépendant (qui considère la culture comme un traitement inéluctable).
Afin de rendre possible l’expérimentation en psychologie interculturelle, l’observation est le premier fondement nécessitant une situation ’’témoin’’ difficile à trouver effectivement.
En fait, plusieurs facteurs peuvent empêcher l’établissement d’une expérimentation correcte. Le chercheur doit être scrupuleux dans l’analyse des résultats. Utilisant des techniques statistiques, malgré son apport précieux, le chercheur doit éviter la généralisation de ses résultats sauf si les groupes en question sont équivalents. Enfin, si la psychologie interculturelle souffre plus que d’autres approches ou disciplines d’une insuffisance conceptuelle, c’est peut-être à cause de son champ mouvant et l’incertitude liée à son objet d’étude.
Suite à l’hétérogénéité culturelle, nous attirons l’attention qu’il faut adapter les techniques expérimentales avec le milieu auquel on les appliques, ce qui nécessite une familiarité du chercheur avec les populations concernées et leurs cognitions étant donné la perspective dynamique de la culture.
Cette perspective dynamique de la culture, en considérant un développement conceptuel, est – elle habilité à prévoir une épistémologie de la psychologie interculturelle ?
Une épistémologie psychologique nécessite une décomposition de la représentation des actes cognitifs par lesquels les individus essayent de comprendre l’environnement, également le monde, les différentes réalités.
L’épistémologie ne se limite pas à l’étude expérimentale des comportements et la délimitation de leurs lois. Elle doit construire la signification des faits étudiés.
Même s’il est peut être tôt d’aborder la question épistémologique étant donné la psychologie interculturelle, une discipline en cours de la construction, nous croyons qu’il est plus utile d’édifier le côté épistémologique en même temps de mettre les fondements du domaine.
Le paradigme épistémologique se fonde sur l’explication des faits étudiés, et ne se limite pas à la simple description quelque soit sa vigueur.
Expliquer un fait, consiste à explorer les différentes dimensions, son interaction avec son environnement et les faits sociaux qui l’entoure, cerner les situations qui le fait surgir à la surface de la vie sociale et savoir les lois qui le conditionne, bref, sa description et sa causalité.
En psychologie interculturelle, cette explication (fondement primordial d’une épistémologie) est contrainte au problème de l’hétérogénéité culturelle qui empêche la généralisation des résultats et oblige une certaine particularité qu’il faut prendre en considération.
Quelque soit l’évidence de cette explication, on ne peut pas négliger l’importance de la méthode expérimentale, étape indispensable à toute approche scientifique. Cependant, elle est insuffisante en elle - même dans le cadre technique du terme ‘’méthode ’’.
D’ailleurs, l’approche scientifique ne se réduit pas à un simple répertoire des lois qui dévoilent le fait étudié. Il s’agit de comprendre le monde et ses objets, également, les individus qui le constituent.
En fait, la psychologie interculturelle s’intéresse aux structures incluses dans leur système d’échanges. Celles-ci s’inscrivent dans des dynamiques étendues, qui se réfèrent à des déterminants concrets. Autrement dit, elle s’intéresse, d’un côté à des réseaux des liens compréhensibles et d’autre côté à des structures considérées comme facteurs déterminants, aussi bien qu’à des univers de causalité.
Enfin, on peut envisager l’épistémologie en se référant aux ‘’ modèles ’’ d’interaction, de cognitions et de conduites permettant de construire fondements solides d’une telle perspective interculturelle.
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