A l’heure actuelle, où la Mondialisation et la révolution des Médias président, les contacts culturels sont devenus une norme qui caractérise les sociétés, et l’intensification des échanges est présente à tous niveaux de la vie sociale.
Par conséquence, l’hétérogénéité culturelle est devenue un principe de structuration et d’évolution qui organise les sociétés qui sont, actuellement, dotés par la pluralité culturelle, que ce soit à cause de l’immigration ou de l’effacement des frontières géographiques résultante de la révolution des médias (l’Internet).
Suite à cette composition pluriculturelle du tissu sociale, la reconnaissance de la différence aussi bien que celle de la diversité culturelle est une question qui flotte à la surface de notre vie quotidienne, que se soit au niveau individuel ou collectif.
Il ne s’agit plus de comprendre et de gérer les rapports entre les groupes et les individus en tant qu’entités homogènes culturellement, mais en tant qu’entité composée de mosaïque culturelle, dynamique impliquant un mouvement continuel lié aux besoins momentanés du contexte socio-culturel, d’un côté, et les besoins d’adaptation de l’acteur, d’autre côté.
Or, c’est une perspective dynamique qui caractérise actuellement les sciences humaines, parmi d’elles, la psychologie interculturelle : notion se situe dans la mouvance, en refusant toute pensée unique, toutes méthodes unidimensionnelles, toutes approches monodisciplinaires, en relativisant tous les concepts qui lui sont essentielles (la culture, l’identité…etc.), aussi bien que les données récoltées, les résultats des recherches, et les pratiques sociales… « Il ne s’agit plus de considérer l’interculturel comme un concept clos (présentant des éléments stables) mais de l’utiliser comme une esquisse dont les contours ne sont pas fixés» 452 .
Ainsi donc, c’est une nouvelle approche qui tend à être discipline marquée par l’hétérogénéité dès son début puisqu’elle synthétise les développements réalisés par plusieurs disciplines des sciences humaines (la psychologie, la sociologie, la psychologie sociale, l’anthropologie, l’ethnologie…) également, puisqu’elle se situe au ‘’carrefour’’ de ces disciplines, là où se croisent des regards multiples de même fait étudié. C’est un espace particulier émerge d’abord aux Etats-Unis puis en France suite aux problèmes sociaux que pose l’immigration : l’intégration des immigrés, d’un part, et la difficulté d’accepter la différence culturelle, d’autre part.
En insistant sur l’importance d’étudier l’influence du facteur culturel sur la personnalité de l’individu, la psychologie interculturelle trouve ses racines dans le débat entre ‘’l’innée’’ et ‘’l’acquis ‘’ en psychologie générale, en refusant l’ancienne perspective de considérer la culture comme facteur indépendant des individus. Il propose de l’étudier partant d’une perspective dynamique en tant que processus en construction permanente, qui tisse une relation dialectique avec les individus qui la composent.
Ce nouveau horizon d’études interculturelles s’est traduit par les apports théoriques fondamentaux de Berry et Camilleri, qu’ils ont étudié l’influence du cadre culturel sur les comportements des individus dans une situation d’acculturation en adoptant une approche pluridisciplinaire, spécialement que, la psychologie sociale expérimentale n’était pas capable de résoudre les problèmes sociaux résultante des mouvements de l’immigrations confrontés les sociétés multiculturelles.
En invitant les chercheurs à admettre l’existence de la différence culturelle, non seulement dans la situation d’acculturation, on trouve que l’écho de la psychologie interculturelle se répète dans plusieurs secteurs de la vie sociale.
Commençons par l’Ecole, la question interculturelle est liée à l’intégration des étudiants étrangers considérés comme un handicap. C’est une invitation à reconnaître la culture de ces étudiants étrangers, en essayant de la rendre un moyen pour mieux comprendre notre culture. L’interculturel à l’école est une aventure qui bouleverse les critères habituels : c’est une idéologie universelle qui respecte les Droits de l’Homme.
Puis dans le secteur social, on remarque qu’il existe trois faits dominants : la migration, l’Européisation et l’internationalisation. Suite à ces faits, l’ambition d’établir une nation mono-culturelle est disparue pour céder la place à l’internationalisation. Alors, l’ouverture interculturelle est une nouvelle donnée sociale inévitable.
Dans le secteur économique, l’interculturel a surgit un bouleversement structural et fonctionnel des entreprises afin de réaliser une bonne rentabilité. C’est une ouverture illimitée du Marché (n’à pas encore une semblable) avec laquelle la planète entière devienne un véritable marché, ce qui pose le problème de la culture d’entreprise qu’elle se trouve hésitée entre culture nationale et tendance interculturelle.
Concernant le secteur d’information, on remarque que le public des médias n’est plus homogène. Sous l’influence des médias électroniques (satellite) caractérisés par l'omniprésence et l'immédiateté, la culture est un moyen pour amplifier le public qui est maintenant interculturel, et éparpillé au sud comme au nord de la planète. Et par conséquent, l’Autre n’est plus l’inconnu menaçant. C’est en l’équation «l’universel- singulier » que l’interculturel aux médias trouve ses premières expressions.
De ces différentes dimensions de la question interculturelle, on remarque la complexité de cette approche aussi bien que ses objets d’études, ce qui rend l’enjeu méthodologique une question polémique. Cette complexité nécessite l’articulation des
‘’ modèles théoriques ’’ psychiques avec ceux « socio-culturels », ce qui s’ensuive une orientation conceptuelle pluridimensionnelle et une approche pluridisciplinaire qui couvre au maximum d’analyses du fait étudié.
Sachant que les critères scientifiques ne s’appliquent pas d’une façon uniforme, la psychologie interculturelle exige un réajustement des critères scientifiques en considérant que la construction des variables hypothétiques est inséparable du contexte culturel de l’objet d’étude, et la signification de même variable se diffère selon la théorie adopté de la part du chercheur, d’un côté, et les sujets concernés, d’autre côté. De plus, il ne s’agit plus d’une seule hypothèse, mais d’élaborer des données vérifiables, qui nécessitent le maximum de la prudence en généralisant ses résultats même s’il existe une analogie flagrante.
Alors, il faut élargir l’horizon au-delà des modèles expérimentaux, malgré l’importance qu’ils portent aux sciences humaines, en général, et la psychologie interculturelle d’êtrecomme les sciences exactes avec des résultats indiscutables, autrement dit, malgré son importance épistémologique.
Donc, l’épistémologie interculturelle est une entité conceptuelle particulière qui dépasse la logique purement expérimentale, également, les multiples obstacles épistémologiques, pour étudier les faits en tant q’une partie d’un vécu humain particulier qui s’inscrive dans le contexte socio-culturel du milieu environnant de l’acteur aussi bien que les réalités quotidiennes. C’est une invitation à une relativité culturelle en adoptant une perspective ouverte, qui ne considère jamais les vérités et les résultats, comme définitives, ou les erreurs comme des défauts à éviter.
C’est pourquoi ce qui parait essentiel aujourd’hui en psychologie interculturelle, est de nous souvenir que l’évolution des ‘’sciences pures’’ était une longue suite des «erreurs rectifiées » et que la psychologie interculturelle est une approche récente renfermant le risque de commettre des erreurs méthodologiques faute de trouver des situations témoins, d’un part, et de la confusion résultante de la multitude des significations du même objet d’étude, d’autre part.
Dépasser les considérations épistémologiques, la psychologie interculturelle reste en sa structure conceptuelle un thème polémique comme celui de « l’identité », concept qui peut paraître de prime abord simple à l’analyse, pourtant, il est caractérisé par la complexité. D’où l’importance de présenter la problématique et le cadre méthodologique adoptés en abordant la question identitaire.
Hilly, M.A., (2001), Construire l’interculturel : de la notion aux pratiques, Paris, L’Harmattan, PP : 8-9.