Déterminer le terrain ou le champ d’analyse dans l’espace géographique, social et dans le temps et récolter des données de terrain, ne suffisent pas pour commencer à appliquer l’enquête sur le terrain. Il nous faut, encore, bien préciser l’échantillon, ou bien les populations de recherche ; ce terme, qui « désigne tous les individus qui se rangent dans la catégorie concernée. On prélève sur cette population un petit groupe, généralement représentatif de celle-ci. On appelle ce sous-groupe l’échantillon. Il s’agit bien là du groupe que devra contacter le chercheur » 480 .
Le choix de l’échantillon a été effectué en prenant en considération qu’il soit capable de répondre aux objectifs de l’enquête, et en étant sûr que toutes les confessions principales au Liban soient représentées.
Puisqu’il peut être assez difficile pour un doctorant qui a un temps limité pour terminer sa recherche, et des ressources modestes qui l’empêchent de choisir un échantillon représentatif de tout le peuple libanais (un choix qu’adoptent les centres de recherches), nous avons donc choisi un échantillon aléatoire, c’est pourquoi il y a un écart dans la représentativité de certaines régions comme celles du Nord et de la Békaa.
Ajoutons que les relations personnelles et le fait d’appartenir à la région concernée par l’enquête facilite au chercheur sa mission. Et puisque le chercheur est du Sud du Liban, la possibilité d’avoir des habitants du Nord et de la Békaa est limitée.
Dans le cas d’une société comme celle du Liban dont la structure sociale est composée d’une mosaïque confessionnelle qui exige de régler des questions d’ordre pratique, la répartition géographique des différents groupes composant la société ce fait selon des critères géo-confessionnels. Nous avons préféré, donc utiliser une méthode d’échantillonnage par groupe confessionnel. Celle-ci s’adapte bien avec la situation libanaise car « cette méthode est fondée sur l’idée que les populations sont structurées d’une certaine façon et qu’on pourrait les subdiviser selon certains critères. En d’autres termes, on peut les constituer en groupe selon des variables telles que la race, la religion, le statut économique, l’appartenance syndicale, etc. Dans l’échantillonnage par groupes, on applique la répartition aléatoire au niveau des sous-sections de sorte que la sélection soit aléatoire à tous les niveaux » 481 .
Ainsi, le choix s’orientait, au début, vers des jeunes (18 -28 ans) des groupes confessionnels suivants : Maronites (Catholiques), orthodoxes, Protestants, du camp des chrétiens, Sunnites, chiites, Druzes du côté des musulmans. Ces groupes représentent les principales confessions au Liban. Ensuite, il a été orienté vers le lieu de résidence, pour que nous puissions représenter dans l’échantillon des jeunes de toutes les régions. Enfin, le choix a été orienté vers la représentation des deux sexes, nous avons choisi un échantillon composé de deux moitiés : moitié jeunes hommes et moitié jeunes femmes. Une fois ayant obtenu un groupe composé de jeunes entre (18 -28 ans) membres de toutes les confessions, de toutes les régions, des deux sexes, nous avons appliqué le choix aléatoire. De cette méthode, nous assurons que l’avis des Maronites dans l’échantillon, par exemple, ne représente pas, seulement, les maronites du Mont-Liban, mais l’avis de tous les maronites qui résident dans toutes les régions, de deux sexes. Signalons que le choix des jeunes est limité à deux catégories d’âges, entre 18-23 ans et 24-28 ans, parce que :
- La moitié de la population est âgée de moins de 20 ans, « selon les estimations de 1997 » 482 .
- Ce sont les jeunes qui ont vécu l’atrocité de la guerre civile, et en même temps ils vivent maintenant la période de la paix. Il nous semble important de savoir leurs avis et leurs attitudes à l’égard d’une expérience du partage culturel, de découvrir leurs points de convergence et de divergence, afin de déterminer si les traces de la guerre et l’influence de l’appartenance confessionnelle sont encore vives dans leur construction identitaire. D’emblée, nous déterminons si l’expérience d’un partage culturel trouve dans ce pays un terrain fertile.
Signalons que nous avons confronté des difficultés majeures qui ont joué un rôle principal dans la non réalisation de notre configuration de l’échantillon, parmi lesquelles le refus catégorique de la part des Protestants de coopérer malgré leur promesse de la faire lors de la visite exploratoire du terrain, comme toutes les autres confessions.
Notons que nous n’avons pas cherché à les remplacer par une autre confession afin de faire équilibre entre le camp Chrétien et celui Musulman, puisque nous ne pouvons pas considérer les Druzes entièrement Musulmans. En fait, malgré qu’ils aient des coutumes et traditions communes avec les Sunnites et Chiites, leur référence spirituelle est le Prophète Ayoub et non Mohammed qu’ils apprécient bien et suivent certaines de ses consignes religieuses et morales. Pourtant, ils ne font pas Ramadan, malgré que le jeûne existe préférentiellement d’une façon secrète ; et comme les Chrétiens, ils refusent le divorce. D’ailleurs, ils croient à l’incarnation, doctrine refusée catégoriquement de la part des Sunnites, Chiites et Chrétiens.
Donc, les critères, qui étaient respectés dans la sélection des jeunes sont : la confession, le lieu de résidence, l’âge, et le sexe.
Ibid., Enquête et Sondage, P : 53.
Ibid., Enquête et Sondage, P : 54.
Maalouf, M., (2003), Socialisation et espace pluridimensionnel d’interactions : habitat et cadre de vie des enfants au Liban, Thèse de Doctorat en psychologie sociale, Lyon, Université Lyon II, P : 149.