IV.1- L’enjeu de la laïcité : Liban et Pays arabes

La présence ou l’absence de la laïcité, au sens large, dans les sociétés humaines est une question inséparable de ses conditions culturelles, politiques et socio-économiques. Et puisque le Liban, à certaines mesures, partage les pays arabes des conditions politiques et culturelles, nous allons aborder la problématique de la laïcité partant d’un principe d’enchevêtrement entre eux, en exposants les facteurs qui empêchent la réalisation d’un Etat laïque, que ce soit au niveau des conditions temporelles, ou, au niveau symbolique dont les représentations négatives de la laïcité, d’un côté, et celles positives de la religion, d’autre côté, faisant l’axe sur lequel se repose toute résistance anti-laïque.

Barbier, M., considère que la laïcité est absente dans la plupart des pays du monde, et que «l’idée de pluralisme et tolérance, c’est-à-dire la dissociation des questions politiques et des questions de la vie bonne, est née dans un contexte européen spécifique et ne s’exporte pas aisément » 514 . Il considère même, que la libération des traditions religieuses ne peut donc s’effectuer sans traumatisme parce que quant une religion a concerné l’ensemble des expressions de la vie humaine, il est toujours problématique de faire comprendre à ses fidèles que leur croyance doit se retirer dans la sphère privée. « Le traumatisme est inévitable et ne peut sans doute être dépassé qu’au fil des générations » 515 .

En méditant la situation des pays arabes, nous remarquons que l’analyse de Barbier est, relativement, valable pour leur contexte actuel (en 2005), car les Etats arabes se sont constitués sur la base d’un appel religieux. D’un coup, ils se trouvent face à la modernité, venue de l’Occident, refermant la laïcité ce qui « fut, pour les Arabes, un renversement des dominantes au sein du pays constitué par les objets de leur civilisation » 516 .

Cette transformation visible imposée par la modernité traduite par le recours obligatoire à la machine, a aboutit à une transformation invisible relative à des nouvelles notions et idées qui n’existaient pas avant la stabilité relative de la situation de la structure sociale communautaire, comme celle de la carrière individuelle, l’établissement d’un Etat laïque…etc.

Notes
514.

Barbier, M., (1995), La laïcité, Paris, L’Harmattan, P : 14.

515.

Ibid., La laïcité, PP : 50-51.

516.

Beydoun, A., (1987), Des traditions collectives aux aspirations individuelles, in Renouvellement du monde arabe, 1952-1982, sous dir. Chevallier, D. et Beydoun, A., Paris, Armand Colin, P : 153.