IV.1-Dialogue islamo-chrétien et partage culturel au Liban 

Au Liban, le dialogue interconfessionnel est né de l’idée que la réalisation de la paix civile exige plus que l’aliénation des milices combattantes. Elle exige un dialogue. Ce dernier, est renforcé d’une façon particulière après l’accord de Taëf 1989, avec le Synode pour le Liban réunissant les évêques le 12 Juin 1991où le Pape Jean-Paul II a prit l’initiative d’établir un dialogue islamo-chrétien. Cette nouvelle fut un choc. Il fallut du temps pour faire comprendre à la population Chrétienne et Musulmane que cette initiative n’a aucune dimension politique.

Le Synode s’est tenu à Rome, du 26 Novembre au 14 Décembre 1995, son point de départ, fixé par le Pape, était : ’’Le christ est notre espérance : renouvelés dans son Esprit et solidaires, nous témoignons de son amour ». Le document du travail reprend les quatre thèmes développés en 1991dans un document dit (lineamenta), c’est -à - dire Grandes lignes, qui sont : « L’unité nationale dans le respect des particularités de chaque communauté ; le dialogue islamo-chrétien ; les problèmes économiques et les difficultés morales de la société libanaise. D’autres problèmes sont posés dans l’Instrumentum comme le cas des personnes déplacées, la crise du logement, la question des faits de scolarité, ou encore l’intercommunion de fait avec les Orthodoxes… » 686 .

Ce synode réunit autour du Pape 116 participants qui sont : les sept patriarches des Eglises d’Orient, les délégués des évêques des six Eglises catholiques (Maronites, Grecque, Arménienne, Syriaque, Chaldéenne et Latine), les supérieurs généraux des sept ordres religieux créés au Liban, quarante-deux ‘’auditeurs ou experts laïques et religieux, sept responsables de la Curie romaine. Cinq évêques délégués des Eglises Orthodoxes participaient aux travaux, ainsi qu’un pasteur de la communauté évangélique protestante et deux représentants de la communauté musulmane (Sunnite et Chiite) et un Druze ; une bonne image en somme du microcosme libanais.

Afin que ce dialogue islamo-chrétien devient, un jour, apte à être une pratique du partage culturel entre les jeunes libanais et ne reste pas un simple travail théorique entre les responsables religieux des confessions, un Congrès sur les attentes des jeunes tenu entre 10 -12 Novembre 1995, a été organisé par le centre d’Études et de Recherches Pastorales des Antonins à Antélias au Liban, en collaboration avec les universités libanaises, les associations culturelles, les mouvements scouts et autres formations de jeunes. Ce congrès a rassemblé 1500 jeunes entre 18-25 ans, de toutes les confessions, de neufs universités, venus de toutes les régions afin d’exprimer leurs aspirations profondes en vivant ensemble une expérience du partage culturel.

Ces aspirations confirment d’une certaine façon « qu’il n’y a pas au Liban ‘’une jeunesse’’, mais ‘’des jeunesses’’, liées entre elles par de nombreux points communs...les jeunes pensent que le confessionnalisme politique est un véritable casse-tête en se plaignant d’une ‘’lecture superficielle’’ de l’histoire de leur pays…les jeunes du Liban, ont prouvé que la convivialité est une nécessité inévitable dont jaillira l’éclair qui illuminerait la nuit que traverse le Liban de l’après guerre» 687 . Cette convivialité qui présente la naissance de la tolérance et d’une nouvelle culture, celle du dialogue

Notes
686.

Ibid., Dialogue et convivialité au Liban, P : 78.

687.

Ibid., Dialogue et convivialité au Liban, P : 79.