SEPTIÈME CHAPITRE. IMPLICATION RELIGIEUSE, APPARTENANCE CONFESSIONNELLE ET PERSPECTIVES CULTUELLES-CULTURELLES 

Introduction

La religion est l’une des composantes principales de la ‘’culture’’. Cette importance devient primordiale dans les sociétés traditionnelles, et particulièrement, dans les sociétés multiconfessionnelles où elle influence la dynamique sociale et la vie quotidienne des différents groupes constituants la société.

Dans les sociétés multiconfessionnelles et multiculturelles, comme celle du Liban, la religion constitue le fondement principal de la structure sociale. Elle joue un rôle décisif dans sa stabilité que ce soit au niveau social, culturel et politique. La religion devient un enjeu capital qui peut ébranler la stabilité socio-culturelle du pays, elle peut même créer des révolutions en changeant le système politique qui existe. D’autant plus, elle est capable de bouleverser la situation politique et socio-économique de plusieurs sociétés, et ce que nous vivons -et tout le monde vive- depuis décennies d’instabilité économico- politique et d’insécurité est le meilleur témoin.

Au Liban, la religion est le facteur autour duquel se focalise la dynamique sociale. Elle est fortement présente dans les pratiques culturelles, et sociopolitiques, même chez les jeunes (69,7%). Elle influence les relations sociales entre les individus aussi bien que celles entre les différents groupes constituants la société. Même la construction du Liban est réalisée sur la base de la religion puisque le pacte national, n’étant qu’une naissance formelle et juridique du pays, a distribué le pouvoir et les postes administratifs selon l’appartenance confessionnelle des individus.

Etant un facteur principal dans notre recherche, nous allons aborder la religion en partant de deux optiques : une qui vise la religion en tant que ‘’pratique culturel’’, afin de connaître l’implication religieuse chez les jeunes et son influence sur leurs attitudes, et l’autre qui vise la religion en tant que ‘’signe d’appartenance’’ afin de connaître l’influence de l’appartenance confessionnelle sur leurs comportements puisqu’elle peut empêcher le partage culturel. Ainsi, si les jeunes sont fortement impliqués par la religion et leur appartenance confessionnelle est prioritaire, alors la roue du ‘’contact des cultures’’ et du ‘’partage culturel’’ démarre lentement et peut être bloquée par les bâtons de la religion.

Nous entendons par l’appartenance confessionnelle le sentiment que les membres d’une communauté confessionnelle « ont d’être liés les uns aux autres par les liens de la religion » 699 , ce qui assure la cohésion de la confession. A propos de l’implication religieuse, nous désignons par ce concept l’engagement de l’individu dans les pratiques et les affaires religieuses tels que la prière, le jeûne, le pèlerinage, d’un côté, et d’un vécu quotidien guidé par la religion comme ‘’morale’’ qui incite le sujet à refuser de pratiquer ce que la religion lui interdit, tel que le mariage avec une personne d’autre religion…etc.

En fait, étudier l’implication religieuse des jeunes libanais, nous semble complémentaire à l’étude de l’appartenance confessionnelle puisque l’appartenance à une religion par la naissance, ne signifie pas nécessairement d’être impliqué par cette religion. Elle est nécessaire pour savoir la religiosité de l’individu, et d’emblée, l’influence de la religion sur ses pratiques culturels influençant la situation du contact des cultures et du partage culturel. Quelle est donc la situation de l’implication religieuse des jeunes libanais ? Et comment la religion en tant que ‘’signe d’appartenance’’ influence les attitudes et les comportements des jeunes, et d’emblée, l’expérience d’un ‘’partage culturel’’ avec les membres des autres groupes confessionnels?

En fait, pour savoir si les jeunes sont impliqués par la religion, il apparaît indispensable de savoir si leurs parents sont pratiquants ou non, parce qu’au Liban, l’implication religieuse de l’individu n’est que rarement le fruit d’un choix personnel (comme aux pays laïques). Elle est intimement liée à l’ambiance familiale et au processus de la socialisation familiale et scolaire qu’a subit l’individu depuis son enfance.

Nous attirons l’attention que, généralement, le milieu familial libanais est traditionnel. Par conséquent, les coutumes religieuses ont une importance saillante dans les pratiques culturelles des familles. La question qui s’impose ici est : est-ce que les jeunes libanais manifestent des attitudes de plus en plus détachées de la religion et de leur appartenance confessionnelle, en favorisant des choix culturels de nature laïque ? Ou bien, à l’inverse, ils sont influencés par le milieu traditionnel dominé par les pratiques religieuses ? Venons-en à savoir l’implication religieuse des jeunes libanais et leurs parents à travers leurs pratiques religieuses.

Notes
699.

Salam, N., Les communautés religieuses du Liban, in Social compass, V. XXXV, 1988, n° 4, PP : 455- 464.