Afin de bien cerner la réalité du partage culturel et pour mieux étudier le contact des cultures et les relations interconfessionnelles d’après guerre, nous avons fait recours à une échelle destinée à mesurer la distance sociale entre les différentes confessions, c’est-à-dire la distance qui sépare un groupe d’un autre.
Le but de cette échelle est de mesurer les rapports de discrimination entre les différents groupes confessionnels. Autrement dit, mesurer la distance sociale entre les différentes communautés religieuses afin de révéler la structure relationnelle interconfessionnelle, partant de l’idée que « chaque groupe possède sa structure particulière…composée de réseaux d’attraction et de répulsion » 701 . D’où l’importance de savoir et de mettre à jour ces réseaux si nous voulons bien analyser un groupe social.
En fait, cette échelle d’attitude a des avantages par rapport d’autres, puisqu’elle permet de connaître les relations sociales concrètes, vivantes, souvent inexprimées afin de les améliorer. De ce fait, elle ressemble au ‘’test sociométrique’’ qui est « un instrument qui étudie les structures sociales à la lumière des attractions et des répulsions qui se sont manifestées au sein d’un groupe » 702 . Mais ce qui nous a poussé à choisir cette échelle au lieu d’un test sociométrique, c’est que ce dernier consiste expressément à demander au sujet de choisir dans le groupe auquel il appartient ou pourrait appartenir, les individus qu’il voudrait avoir pour compagnons. Alors que cette échelle d’attitude est plus transparente, puisqu’elle détermine d’une façon détaillée quel type de relation l’individu désire de nouer ou non avec les autres. D’ailleurs, « la sociométrie poursuit ainsi une enquête méthodique sur l’évolution et l’organisation du groupe et sur la position de l’individu dans les groupes… » 703 , ce qui n’est pas notre point d’intérêt direct, puisque nous sommes intéressées au côté relationnel plus que la position de l’individu dans le groupe par exemple.
Nous avons choisi cette échelle parce qu’elle est riche en dimensions analytiques, elle nous permet de tirer des résultats de nature presque ‘’sociométrique’’.
La distance étudiée est certes une distance sociale, mais elle trouve son expression en termes de distance physique. Le premier énoncé ‘’parenté par alliance ‘’ exprime une proximité sociale, à l’opposé de la dernière expression ’’ je refuse son séjour permanent au pays ‘’ manifestant une attitude discriminatoire, généralement négative, à l’égard de certains groupes confessionnels choisi par les membres de l’échantillon. Venons-en à découvrir l’interaction relationnelle interconfessionnelle, et d’emblée, la structure relationnelle du système social libanais, cette structure qui, peut être, « une représentation simplifiée de ce système social complexe » 704 en commençant par la relation de parenté.
Moreno, J-L., (1954), Fondements de la sociométrie, trad.fr., Lesage,H , Maucorps, P-H., Paris, P.U.F, P : 42.
Ibid., Fondements de la sociométrie, P : 42.
Berth, R-R ., (1961), Choix sociométriques et motivations, Neuchâtel, Delachaux et Niestlé, P : 11.
Lazega, E., (1998), Réseaux sociaux et structures relationnelles, Paris, P.U.F, P : 3.