5.2.2.5. Le XVIIIe siècle

5.2.2.5.1. Volcanologues de fauteuil et théories fantaisistes

Le XVIIIe siècle connaît un regain d’interêt pour l’étude des volcans, certes ; mais il voit également se multiplier les thèses des plus farfelues, provenant pour la plupart de scientifiques n’ayant jamais assisté à une éruption volcanique. Par exemple, Buffon, le célèbre naturaliste du XVIIIe siècle, croit avoir percé les mystères du volcanisme lorsqu’il décrit un volcan comme :

‘un canon d’un volume immense dont l’ouverture a souvent plus d’une demi-lieue : cette large bouche à feu vomit des torrents de fumée et de flammes, des fleuves de bitume, de soufre et de métal fondu, des nuées de cendres et de pierre [...], des pyrites [...] qui fermentent toutes les fois qu’elles sont exposées à l’air où à l’humidité [...] le feu s’y met et cause une explosion proportionnée à la quantité de matière enflammée. (Krafft (1992 : 8))

Dans une tentative assez hardie pour concilier le récit de la Bible et les phénomènes observés, Benoist de Maillet (1716) soutenait que « le volcanisme découlait de la combustion ‘des huiles et des graisses d’animaux et de poissons concentrés en certains endroits’ au sein des sédiments qui s’étaient déposés à l’époque du Déluge » (Lewis (1982 : 48)), hypothèse plus ou moins partagée par l’écrivain Bernardin de Saint-Pierre (1737-1814), selon qui les volcans sont « de vastes hauts fourneaux » (Krafft (1992 : 5)). Enfin, avec l’avènement de la physique, certains savants proposent de « planter de grosses barres de fer au sommet des cratères, des sortes de ‘paravolcans’ qui déchargeraient la Terre » (Krafft (1992 : 6)). Bref, comme l’écrit Tazieff (1987 : 8), « les idées des savants européens [...] n’avaient guère évolué depuis Aristote, et Newton lui-même [qui parlait de ‘burning mountains’ dans son œuvre Opticks] croyait que [l]es feux [volcaniques] étaient alimentés par du soufre ».