1.1. Quelles analyses ?

Parmi les études que nous avons recensées sont représentées diverses approches, que l’on peut classer selon les quatre axes suivants : synchronique / diachronique, théorique / pragmatique, prescriptif / descriptif, global / particulier.

1.1.1. Synchronique / diachronique

Pour une très large majorité, les travaux présentent une approche synchronique du problème des termes dans les dictionnaires généraux, c’est-à-dire qu’ils étudient cette question de manière ponctuelle, à un moment donné : ainsi, Callebaut (1983 : 35) examine « un échantillon de quelques dictionnaires de langue récents », c’est-à-dire le Petit Robert de 1981, le Petit Larousse illustré de 1982, le Grand Larousse de la langue française de 1971-1978 et les volumes « disponibles à ce moment » du Trésor de la langue française. Mazière (1981 : 85), elle, se place résolument dans l’optique synchronique :

‘Notre enquête porte sur le comportement en synchronie des diverses équipes de lexicographes engagés dans la confection des grands dictionnaires de notre époque.’

En revanche, d’après nos recherches, très peu d’auteurs se penchent sur l’aspect diachronique du problème, c’est-à-dire sur son évolution dans le temps. Il est vrai que Boulanger (1989b) compare rapidement deux éditions différentes du Petit Larousse (celle de 1988 et celle de 1989), et que Cottez (1994 : 14-16) fait également « un peu d’histoire », essayant de voir « ce qui s’est passé à l’origine », c’est-à-dire à quand remonte la première inclusion de termes dans les dictionnaires généraux de langue française, mais il n’analyse pas de termes en particulier.

En réalité, seules quatre études font de la diachronie leur principal objet d’étude. Bigras & Simard (1997 : 99) ont ainsi comparé le traitement d’un même domaine dans deux éditions du Petit Robert :

‘Nous avons voulu rendre compte de l’évolution du traitement des unités lexicales spécialisées dans les dictionnaires en évaluant les changements apportés à un groupe de mots spécialisés, soit les termes du domaine de la médecine et des domaines connexes. Pour ce faire, nous avons comparé les entrées qui portent une marque appartenance à des domaines dans deux éditions d’un même dictionnaire : le Petit Robert de 1967 et la version électronique du Petit Robert de 1996.’

Tetet (1994) s’est intéressée à l’intégration progressive des termes de l’alpinisme, discipline récente, dans les dictionnaires généraux français à partir du XIXe siècle.

Laissons la parole à Pruvost (1994 : 741) pour décrire son étude :

‘Dans un premier temps, nous présentons […] une genèse correspondant à [la] tentation [d’illustration], à partir des dictionnaires fondateurs du XIXe siècle jusqu’aux récentes réalisations, avec notamment une rapide analyse du Dictionnaire Quillet de la langue française (1948) et du Nouveau Dictionnaire français contemporain (1980), du Dictionnaire manuel illustré des idées par les mots (1898) et du Nouveau Dictionnaire analogique (1980) […]. Dans un deuxième temps, en choisissant pour corpus diachronique la « partie langue » du Petit Larousse, suivie à travers douze éditions marquantes, depuis le premier ouvrage de la série à être illustré, le Dictionnaire complet de la langue française (1879), au Petit Larousse illustré de 1994, nous signalons les évolutions significatives, les constantes et la relation dictionnairique établie entre technolectes et illustrations.’

Enfin, Gilliver (1999) analyse “the coverage of specialized lexis” dans les trois éditions successives du dictionnaire britannique Oxford English Dictionary (OED and Supplement 1884-1933 ; OED2 1989, OED3 à paraître en 2010).

Cette relative sous-représentativité des études à caractère diachronique peut paraître d’autant plus étonnante que l’on commence à s’intéresser de plus en plus près au problème de la diachronie en terminologie (voir les travaux notamment de Dury).