1.5.2. Domaines analysés (troisième colonne)

Premier constat : Le tableau nous permet d’abonder dans le sens de Tetet (1994 : 652), qui constate que pour « l’étude critique du traitement des vocabulaires de spécialités dans les dictionnaires […] dans tous les cas, le domaine de spécialité traité relève des sciences et des techniques ». Un rapide coup d’œil à la colonne « domaines analysés » livre en effet les résultats suivants : médecine, sciences naturelles, technologie, géologie… Tetet fait donc figure d’exception en étudiant la terminologie d’une discipline sportive telle que l’alpinisme.

Deuxième constat : Le tableau fait toutefois clairement apparaître que certains auteurs s’attachent à étudier le traitement de termes relevant de domaines très variés (c’est très souvent le cas des auteurs qui procèdent par « ponction » dans une lettre, comme Jessen (1996)), tandis que d’autres s’attachent à décrire les termes d’un domaine en particulier.

Ce que le tableau fait peut-être entrevoir moins clairement, c’est qu’en réalité, même lorsqu’un seul domaine est étudié, le domaine n’est jamais vraiment pris dans son intégralité, et c’est presque toujours uniquement un sous-domaine qui est analysé. C’est ce qu’expliquent Candel & Humbley (1997 : 38) :

‘Le domaine traité […] est, dans notre corpus, l’hyperdomaine de la GÉOLOGIE, suivi du domaine plus précis de la GÉOMORPHOLOGIE.’

De même, l’étude de Thoiron (1998) ne concerne pas le vocabulaire de la médecine de manière exhaustive ; des termes sont piochés dans divers sous-domaines (gynécologie, maladies infectieuses, etc.), sous-domainesqui ne sont pas eux-mêmes étudiés dans leur totalité. Rodriguez Reina (1999) fait le même aveu :

‘Il est bien évident que le langage maritime, envisagé sous tous ses aspects, est un domaine trop vaste […]. Nous voyons donc qu’il est possible d’établir, dans le cadre du vaste domaine de la terminologie maritime, une série de divisions en secteurs regroupant des termes qui appartiennent ou qui se rattachent à un aspect particulier de l’art de la navigation, et ces termes, à leur tour, permettent de créer des champs sémantiques successifs. (1999 : 296) ’ ‘[…] Il nous faut souligner une fois encore que le langage maritime représente une parcelle tellement vaste de la langue que plus elle sera compartimentée, plus elle nous permettra d’obtenir des informations utiles dont nous pourrons tirer des conclusions d’intérêt général. C’est la raison pour laquelle une division en secteurs absolument nécessaire. (1999 : 299)

Enfin, il faut souligner qu’il est de toute façon très difficile de circonscrire un domaine en particulier. C’est ce qu’expliquent, entre autres, Candel & Humbley (1997 : 35), lorsqu’ils tentent de répondre à la question « Comment isoler un domaine en lexicographie ? » :

‘Il paraît extrêmement difficile d’isoler un domaine unique. Cela reviendrait à ne prendre en compte que des parcelles du vocabulaire ou de la terminologie en question. ’

Afin d’essayer de résoudre ce problème, Bigras et Simard (1997 : 99), pour étudier la terminologie de la médecine, ne se sont pas limitées aux termes affublés de l’étiquette médecine, mais ont élargi leur recherche aux termes comportant des étiquettes de domaines connexes à celui de la médecine 136 . Malgré tout, elles reconnaissent le côté arbitraire de leur choix :

‘Nous avons tenté de sélectionner des marques qui représentent des domaines toujours liés à celui de la médecine. La marque « biologie », par exemple, n’a pas été retenue parce que cette science étudie également la vie des plantes et les écosystèmes. Les frontières sont cependant souvent difficiles à tracer et nos choix comportent donc une certaine mesure d’arbitraire.
Notes
136.

Elles ont en effet retenu les sept marques suivantes (correspondant à l’édition de 1967 du Petit Robert) : anatomie, chirurgie, médecine, pathologie, pharmacie, physiologie et psychiatrie.