2.2.1. Volume occupé par les terminologies

2.2.1.1. Un dénombrement difficile

Le premier constat qui s’impose est celui fait, notamment, par Béjoint (1988 : 360), ainsi que celui établi par Boulanger & L'Homme (1991 : 25) : le nombre de termes présents dans un dictionnaire général est impossible à établir de manière précise. Cela s’explique par le fait qu’un terme n’est pas nécessairement indiqué comme tel dans un dictionnaire général ; le problème réside donc dans l’identification même des termes dans la nomenclature du dictionnaire par un métalexicographe, comme l’ont révélé notamment l’étude de Jessen (1996 : 2) (“One major problem I faced in the analysis of dictionaries was the very identification of terms”), et celle de Thoiron (1998 : 622) (« Pour plusieurs raisons, [l]e dénombrement [des termes de médecine] n’est pas aussi aisé qu’on l’imagine. »)

Le moyen le plus évident et le plus commode pour identifier les termes semble en effet de repérer la présence de marques de domaines, comme le préconise Béjoint (1988 : 360) : “in order to pick [scientific and technical words] out quickly from the nomenclature, it is possible to use the field labels attached to them.” Or, il s’agit d’une méthode qui n’est que partiellement efficace étant donné que chacun des termes inclus dans un dictionnaire général donné n’est pas systématiquement accompagné d’une étiquette indiquant à quel domaine de spécialité il se rattache 199 , et cela est d’autant plus vrai dans le cas des dictionnaires bilingues (Thoiron (1998 : 622), Jessen (1996 : 2)). Après analyse de quelques exemples pris dans le domaine de la médecine dans le dictionnaire bilingue Oxford-Hachette, Thoiron (1998 : 624) conclut ainsi qu’il « ne suffit pas de compter les étiquettes Médecine de la version publiée pour connaître le nombre de termes médicaux dans [OXHA] » 200 .

C’est également la conclusion à laquelle arrive Rodriguez Reina (1999 : 297), qui explique que le recours à l’informatique pour déceler les termes n’est pas d’une grande aide en la matière :

‘L’usage du scanner est sans conteste laborieux et cela n’aurait que compliqué notre tâche étant donné que le système de marques est hétérogène et parfois même inexistant. L’emploi des avantages d’un ordinateur, d’autre part, n’est possible que dans le cas des ouvrages édités sur cédéroms, ce qui revient à un très petit nombre d’unités dans la bibliographie actuelle.’

Signalons de plus un problème, déjà largement évoqué, qui est celui de la non-étanchéité des domaines, ou celui de la « présence de domaines connexes » (Thoiron (1998 : 625)), qui a pour conséquence que, pour un domaine comme celui de la médecine, on ne peut guère, de toute façon, se contenter de chercher les termes accompagnés de la seule marque médecine, comme l’ont expliqué Bigras & Simard 201 et Thoiron (ibid.).

Notes
199.

Il s’agit là d’un sujet rebattu de la littérature portant sur l’analyse du traitement des domaines de spécialité dans les dictionnaires généraux. Pour plus de détails concernant la confusion relative à l’usage de ces étiquettes, voir en particulier Béjoint (1988 : 360). Nous revenons de toute façon plus loin dans ce chapitre sur les problèmes de marquage.

200.

Précisons cependant que Thoiron a pu recueillir plus de termes que ceux sélectionnés par le biais de leur étiquette de domaine, cela en ayant accès aux fichiers informatiques du DHO qui « contiennent des informations qui n’apparaissent pas dans la version publiée » (ibid. : 624). Il a ainsi pu accéder à la liste des « vedettes ayant, à un stade quelconque de la rédaction du dictionnaire, été munies de l’étiquette Médecine ». Cependant, même si cette méthode se révèle plus fertile, elle n’est toujours pas exhaustive étant donné que « cette liste ne recens[e] pas l’ensemble des termes médicaux du DHO puisque, même à ce stade, l’étiquetage n’a pas concerné systématiquement l’ensemble des termes médicaux. » (ibid.)

201.

Voir également Boulanger & L’Homme (1991 : 24 ) et Candel & Humbley (1997 : 35) pour ces problèmes de délimitation des domaines.