2.1.5.2. Mode de diffusion de l’enquête : avantages et inconvénients

Comme nous l’avons indiqué plus haut, le questionnaire écrit auto-administré était traditionnellement diffusé sous forme papier par voie postale. Or, comme le dit fort justement Candel (2001 : 81) dans son « point de vue de l’enquêteur » :

‘Les moyens d’enquête, comme les moyens d’analyse, ont changé. Si nous devions renouveler aujourd’hui une telle enquête, nous la diffuserions prioritairement par courrier électronique. ’

A l’heure actuelle, c’est donc la diffusion des sondages sous forme numérique sur Internet qui prédomine. Il suffit de lire ce que disaient déjà en 2000, d’une part, Cayrol (2000 : 71) : « Internet va s’imposer, s’impose déjà comme l’un des outils de prédilection des sondeurs » et, d’autre part, Devereaux-Ferguson (2000 : 184-185) : “The current impetus toward a computer-mediated society means that [computer-administered or Internet surveys] will become more popular in future years.”

Nous avons donc opté pour cette méthode 275 , qui présente bien évidemment des avantages comme des inconvénients.

D’un côté, il s’agit « d’un moyen simple, peu coûteux, universel, d’entrer en contact, potentiellement, avec la planète entière et d’envoyer aux personnes contactées des questions auxquelles elles pourront répondre directement » (Cayrol (2000 : 71)), et d’un moyen qui permet de disposer de certaines données directement sous forme numérique.

Mais d’un autre côté, le problème de la représentativité est encore plus manifeste avec les internautes, comme l’expliquent Devereaux-Ferguson (2000 : 20) :

‘Internet users share characteristics that cannot be generalized to the mass public. They are probably better educated and more technologically sophisticated than the average non-user. ’

et Cayrol (2000 : 72) :

‘Dans aucun pays — même dans les pays de l’Europe du Nord ou aux Etats-Unis, où l’informatisation des ménages et l’utilisation d’Internet sont les plus élevées —, les internautes ne sont représentatifs de la population globale. [...] Le monde des internautes, partout, sous-représente les femmes, les classes d’âge supérieures à 35 ans, les catégories sociales défavorisées (dans des proportions variables). ’

Ce dernier auteur ajoute plus loin (ibid. : 73) qu’un éventuel redressement statistique visant à rendre les internautes semblables à la population française ne ferait que fausser encore plus les résultats :

‘Sur quelques milliers d’individus, le seul agriculteur rencontré, ou le seul « plus de 65 ans » va peser dix, vingt, trente fois son poids, dans l’échantillon représentatif…’

Dans les pages qui précèdent, nous avons décrit la phase de la conception du sondage, en précisant quelle en était la problématique, quels en étaient les objectifs, quel échantillon était visé, et quel mode de diffusion nous envisagions.

Comment transformer les « questions-problèmes » en « questions instruments de mesure », pour reprendre les termes d’Antoine (1990 : 150 et 165) ? C’est au cours de la phase suivante — celle de l’établissement véritable du questionnaire, que nous décrivons maintenant —qu’intervient cette distinction.

Notes
275.

A l’heure où nous écrivons, les résultats d’une enquête menée sur la qualité en interprétation viennent de paraître dans la revue Meta (Chiaro & Nocella (2004)) : les auteurs ont diffusé ce sondage auprès d’interprètes professionnels uniquement sur le web (“[which] allows researchers to switfly reach a large number of heterogenous respondents” (ibid. : 283)). Outre le fait fort avantageux que les réponses sont parvenues très rapidement (169 en moins de quinze jours), le taux de réponse a été quasiment le double de celui obtenu avec un questionnaire traditionnel (ibid. : 284-285). Cela ne fait que nous conforter dans notre choix.