2.2.1.4. Finalité des questions

« Les questions relatives à des faits ou à des opinions constituent la matière essentielle du questionnaire auto-administré » (Jacquart (1988 : 81)), mais il est essentiel de faire un « dosage astucieux des deux types de questions » (ibid. : 122), ce que nous avons essayé de faire.

Tandis que les questions de faits (présence ou utilisation d’un produit, fréquence d’utilisation, etc.) sont faciles à rédiger, il n’en va pas de même des questions d’opinion. En effet, il faut tout d’abord décider de quelle manière celles-ci vont être formulées pour mesurer l’opinion : faut-il utiliser une échelle (comme celle de Likert, par exemple 279 ), complexe à analyser, ou bien une question dichotomique (satisfaisant / non satisfaisant), qui « ne permet pas de distinguer le degré d’approbation ou de désapprobation du répondant » (Tremblay (1991 : 122)) ? Nous avons décidé d’opter pour la deuxième solution, qui surcharge moins le questionnaire et s’analyse plus aisément. Ensuite, il faut savoir si l’on propose explicitement ou non une « réponse-refuge moyenne », du type « je ne sais pas ». Le fait d’inclure explicitement cette possibilité a pour gros inconvénient d’augmenter la probabilité de cette réponse comme l’expliquent Cayrol (2000 : 62), Devereaux-Ferguson (2000 : 174) et Asher (1995 : 34-35 280 ), et pose des problèmes d’interprétation, comme l’explique Asher (1995 : 35) :

‘The interpretation of a “don’t know” response can be especially problematic since “don’t know” can mean many different things. For some people, “don’t know” simply reflects the absence of a real attitude on the topic, but for other people, it may represent an inability to choose among contending positions.’

Cela dit, il est parfois « utile de distinguer les ‘Ne répond pas’ des ‘Ne sait pas’ » comme le souligne Tremblay (1991 : 145). Nous avons donc décidé d’inclure des réponses moyennes pour les questions d’opinion.

Les questions du sondage doivent « contribuer à l’objectif de l’étude, directement ou indirectement » comme le souligne Jacquart (1988 : 65) :

‘Dans un questionnaire consacré à l’étude de l’usage et des attitudes relatifs à un produit, plusieurs séries de questions entrent en jeu :
– les questions centrales dont la formulation répond à l’objet précis du sondage et exige beaucoup de soins ;
– les questions d’environnement dont l’objet est de décrire le contexte dans lequel s’inscrit l’utilisation d’un objet, d’un produit, d’un service, d’un appareil, etc. Les caractéristiques individuelles en font partie, ainsi que les questions relatives au mode de vie, aux valeurs individuelles, etc.’

Il faut savoir limiter les questions d’environnement, dont le rôle « se borne à expliquer au mieux des attitudes ou un comportement » (ibid.). Toutefois, même si ces questions ne se substituent pas aux questions spécifiques, elles sont intéressantes à titre indicatif. Nous en avons donc inclus un certain nombre (noms des dictionnaires utilisés, consultation de la préface, etc.).

Les questions-filtres, ou questions d’orientation, jouent un rôle d’aiguillage dans le questionnaire : elles « déterminent des blocs de questions qui ne seront posées qu’à une certaine partie des répondants » (Tremblay (1991 : 142)). Elles sont utiles « lorsqu’on veut amener les répondants vers des questions qui les concernent plus particulièrement » (ibid.). Le principal est de ne pas en abuser (Jacquart (1988 : 113)), afin de ne pas créer de confusion chez la personne interrogée. Nous avons décidé d’en introduire à plusieurs reprises dans le questionnaire, la plus importante d’entre elles étant bien évidemment la question B6 : « Cherchez-vous des mots scientifiques et techniques dans votre dictionnaire général ? » Seules les personnes ayant répondu positivement à cette question doivent remplir les questions qui suivent (B7 à B12).

Ce type de question concerne principalement les intentions d’achat (Jacquart (1988 : 100)). Nous l’avons utilisé quand nous évoquions l’éventuel achat d’un type de dictionnaire bien particulier.

En conclusion de cette section sur la rédaction des questions 281 , insistons juste sur le fait qu’il semble indispensable de varier les types de questions, car « l’usage d’une métrique homogène ennuie la personne interrogée » selon Jacquart (1988 : 116). Cependant, le questionnaire est plus facile à remplir lorsque toutes les questions sont bâties sur le même moule. En outre, il est compliqué de comparer des réponses obtenues à l’aide de métriques différentes (ibid.). Il faut donc se résoudre à de multiples compromis.

Notes
279.

Cette échelle « consiste à demander aux interviewés d’exprimer leur plus ou moins grand désaccord à un certain nombre d’items ou propositions en choisissant entre 5 réponses possibles : tout-à-fait d’accord, plutôt d’accord, sans opinion, plutôt pas d’accord, pas du tout d’accord. » (Dussaix & Grosbras (1993 : 72))

280.

Selon Devereaux-Ferguson (2000 : 174), “one eighth to one third of people surveyed will choose these responses if given the opportunity”, et selon Asher (1995 : 34-35) “Research on the effects of including a middle choice in the response alternatives show that including a middle option typically generates about 25 percent more noncommittal responses”.

281.

Le détail des questions du sondage, ainsi que le type de question dont il s’agit, se trouve exposé plus loin (2.2.3).