4.1.1.2. Sous-objectif 1.2 (questions B.6 et B.8 : analyse bivariée)

Rappel du sous-objectif 1.2 : voir, dans notre échantillon, qui sont les personnes qui cherchent des termes, à savoir comment elles se répartissent selon les trois grandes catégories identifiées préalablement, ainsi que selon les sous-catégories qui lui correspondent.

Comment se répartissent dans les différentes catégories les personnes sondées ayant dit chercher effectivement des termes dans les dictionnaires généraux? Regardons ce que nous livrent les fréquences relatives pour les grandes catégories d’utilisateurs.

Figure 4 : Recherche de termes dans le dictionnaire général : répartition par grande catégorie (B.6)
Figure 4 : Recherche de termes dans le dictionnaire général : répartition par grande catégorie (B.6)

Le graphique fait émerger plusieurs phénomènes qui permettent de comparer les sondages anglais et les sondages français. On remarque tout d’abord deux différences :

  1. une différence quant au groupe majoritaire : pour les sondages anglais, ce sont en majorité des langagiers qui cherchent des termes (environ 60 %), alors que pour les sondages français, ce sont majoritairement des scientifiques (de 40 à 50 %) ;
  2. la prédominance d’un groupe sur un autre est beaucoup plus marquée côté anglais (prédominance des langagiers) : côté français, les réponses positives sont réparties plus équitablement entre les trois catégories.

On note aussi un phénomène commun aux sondages anglais et français : la proportion du GPC est moindre pour les dictionnaires bilingues que pour les dictionnaires unilingues, alors que c’est l’inverse pour les scientifiques : il y a plus de scientifiques qui cherchent des termes dans un dictionnaire bilingue que dans un dictionnaire unilingue, ce qui s’explique par le fait que les scientifiques sont plus souvent confrontés à des situations de bilinguisme que le grand public. Dans quelle mesure ces résultats peuvent-ils être généralisés ? Le test du chi-deux est extrêmement significatif pour les sondages français. En revanche, il n’est pas concluant pour les sondages unilingues anglais. Quant aux sondages bilingues anglais, le résultat se situe à la limite du seuil significatif.

Qu’en est-il des sous-catégories d’utilisateurs ? Les fréquences absolues et relatives (consultables dans l’annexe B) nous révèlent les faits suivants : il semble que les étudiants de sciences et techniques et les étudiants d’autre matières cherchent plus de termes dans les unilingues que dans les bilingues, ce qui ne se vérifie pas auprès des étudiants en langue et traduction. La proportion d’étudiants en langue et traduction semble être la plus importante pour les dictionnaires anglais, alors que pour les sondages français il s’agit plutôt des étudiants de sciences et techniques. Le test du chi-deux n’a pas pu être appliqué pour ce point ; les résultats sont donc propres à notre échantillon.

Comment se caractérisent les fréquences de recherche de termes par rapport aux catégories d’utilisateurs ?

Parmi ceux qui disent chercher des termes régulièrement, aucun groupe ne ressort en particulier, si ce n’est les langagiers pour les sondages bilingues anglais. Concernant les dictionnaires unilingues, on note que les groupes prédominants diffèrent selon le sondage : pour les sondages anglais, ce sont les scientifiques, alors que pour les sondages français ce sont les langagiers, mais la différence est vraiment minime. La part du grand public est relativement importante (au moins un quart des personnes interrogées). Concernant les dictionnaires bilingues, la différence est plus nette : les langagiers dominent largement pour les sondages anglais, alors que pour les sondages français ce sont les scientifiques (mais leur prédominance sur les autres catégories n’est pas aussi marquée). On note aussi que la part du grand public est plutôt faible (maximum 12  %), et bien inférieure à celle qui consulte régulièrement les dictionnaires unilingues. Mis à part le fait que les étudiants sont dans l’ensemble assez peu représentés, il ne semble pas se dégager de tendance spéciale pour les sous-catégories.

Les résultats pour la fréquence souvent pendant une période donnée sont plus parlants. Ainsi, on observe un fort contraste entre les sondages anglais et les sondages français : dans le cas des sondages anglais, on voit une nette prédominance des langagiers (ce qui s’explique sans doute par la forte présence de traducteurs parmi eux) ; dans le cas des sondages français, le détail des sondages unilingues ne révèle rien de particulier, tandis que celui des bilingues montre que les scientifiques dominent très nettement (ce qui s’explique sans doute par le fait que les scientifiques français ont souvent recours au dictionnaire bilingue pendant les périodes où ils lisent ou rédigent des articles en anglais). Pour ce qui est des sous-catégories, les étudiants en langue et traduction représentent un assez fort pourcentage des langagiers anglophones (ils cherchent sans doute des mots scientifiques et techniques souvent pendant une période donnée si cette période correspond à un devoir du type traduction de textes techniques). Pour les sondages français, ce sont plutôt les étudiants de sciences et techniques et les étudiants d’autres matières qui sont en proportion plus nombreux.

Enfin, les réponses à la question B.8 intitulées « rarement » sont également assez révélatrices. En ce qui concerne les sondages anglais, les langagiers qui dominaient déjà pour la fréquence « souvent pendant une période donnée » dominent aussi de manière très marquée pour la fréquence « rarement », pour les unilingues comme pour les bilingues. Est-ce parce qu’ils ont plus souvent recours à un dictionnaire spécialisé qu’à un dictionnaire général ? Du côté des sondages français, aucune tendance ne semble véritablement se dégager. Il semble globalement qu’assez peu d’étudiants en langue et traduction consultent « rarement » le dictionnaire pour y trouver des mots scientifiques et techniques. On constate que les étudiants de sciences et techniques ayant répondu au sondage français sont quant à eux plutôt nombreux (surtout pour les unilingues) à y avoir rarement recours.

Conclure sur ce sous-objectif n’est pas évident car les généralisations sont difficiles. Notons toutefois deux phénomènes : (1) la prédominance des langagiers pour les sondages anglais (mais non régulièrement sauf pour les dictionnaires bilingues), et celle des scientifiques pour les sondages français (mais non régulièrement), (2) l’importance des étudiants dans la catégorie régulièrement — étudiants en langue pour les sondages anglais dans la catégorie régulièrement, étudiants en sciences et dans les matières autres pour les sondages français.