4.3.1.1. Sous-objectif 3.1 (début de la question B.12)

Rappel du sous-objectif 3.1: évaluer l’adéquation au niveau de la macrostructure des dictionnaires généraux, et voir comment elle varie selon le type d’utilisateur.

Les sous-questions relatives à la macrostructure étaient au nombre de quatre : elles concernaient le nombre global de termes inclus dans le dictionnaire, le nombre global de néologismes terminologiques, le nombre global d’unités terminologiques complexes, ainsi que l’équilibre entre les divers domaines représentés dans la nomenclature.

Le premier constat qui s’impose, pour l’ensemble de ces questions, est le taux relativement élevé des non-réponses à l’ensemble de la question (c’est-à-dire le taux élevé de personnes ayant décidé de ne pas répondre à la question alors qu’elles étaient censées y répondre). Dans tous les cas, il est plus marqué pour les dictionnaires bilingues que pour les dictionnaires unilingues, ce qui s’explique peut-être par un effet de lassitude (côté répétitif des questions pour les dictionnaires bilingues), ou par la complexité de la question (demande de réponses pour les deux sections du dictionnaire bilingue). Ce phénomène de non-réponse va de pair avec le fait que de nombreux enquêtés ont hésité à se prononcer et se classent dans la catégorie « sans opinion », lorsqu’ils ont effectivement répondu à la question. Il semble donc que l’évaluation de la macrostructure ne soit pas aisée pour un utilisateur moyen, qui a du mal à trancher. Ce que les utilisateurs ont le plus de mal à juger est l’équilibre entre les différents domaines (de 60 à 80,9 % des personnes ne se sont pas prononcées, en se classant dans la catégorie « sans opinion »), suivi par le nombre de termes complexes (de 40 à 48 %), le nombre de néologismes terminologiques (de 30 à 42 %), puis le nombre global de termes (de 10 à 30 %).

Même si les utilisateurs éprouvent apparemment de la difficulté à cerner les problèmes de macrostructure, les réponses qui ont été effectivement données sont intéressantes à regarder. Avec ce taux d’abstention élevé bien en tête, nous synthétisons les réponses des personnes ayant fourni une réponse dans le tableau qui suit. Etant donné que notre but est d’améliorer le traitement des termes dans les dictionnaires généraux, c’est au taux d’insatisfaction que nous nous sommes intéressée le plus.

Tableau 12 : Taux d’insatisfaction, par ordre décroissant, du traitement de divers aspects de la macrostructure (B.12)
UniEN BilEN (E-F) BilEN(F-E) UniFR BilFR (E-F) BilFR (F-E)
1 Nombre de néologismes terminologiques (39,1 %)
Nombre de termes complexes (39,1)
Nombre de néologismes terminologiques (50,0 %) Nombre de néologismes terminologiques (52,8 %) Nombre de néologismes terminologiques (40,4 %) Nombre de néologismes terminologiques (36,7 %) Nombre de termes complexes (38,3 %)
2   Nombre de termes complexes (43,8 %) Nombre de termes complexes (50,0 %) Nombre de termes complexes (32,3 %) Nombre global de termes (34,6 %) Nombre de néologismes terminologiques (36,2 %)
3 Nombre global de termes (16,9 %) Nombre global de termes (27,5 %) Nombre global de termes (28,8 %) Nombre global de termes (21,3 %) Nombre de termes complexes (34,4 %) Nombre global de termes (35,4 %)
4 Equilibre entre domaines (3,1 %) Equilibre entre domaines (4,3 %) Equilibre entre domaines (3,9 %) Equilibre entre domaines (14,4 %) Equilibre entre domaines (13,6 %) Equilibre entre domaines (12,1 %)

Le tableau fait apparaître plusieurs phénomènes.

Regardons tout d’abord la première et la dernière ligne du tableau.

La première ligne indique que ce que les utilisateurs cherchent avant tout à avoir, c’est un dictionnaire moderne, puisque c’est à propos du nombre de néologismes terminologiques que le taux d’insatisfaction est globalement le plus élevé (et particulièrement, d’ailleurs chez le grand public); cela signifie également que, malgré les revendications des lexicographes quant au caractère « contemporain » ou « moderne » des dictionnaires, ceux-ci sont toujours inévitablement à la traîne en matière de néologie. Toutefois, signalons que les utilisateurs sont bien conscients du fait qu’il est difficile à un dictionnaire d’être constamment à jour, puisque de nombreuses personnes nous ont signalé qu’ils avaient coché la réponse « non-satisfaisant », mais que leurs dictionnaires généraux étaient anciens (exemples de commentaires : “Published 1978!”, « my dictionary at home is 1979 »).

Ce dont les utilisateurs semblent faire peu de cas, en revanche, est l’importance accordée aux divers domaines de la connaissance, et ce, quel que soit le type de sondage, comme l’indique la dernière ligne du tableau.

D’autres faits se dégagent de ce tableau : alors que les utilisateurs semblent satisfaits globalement du nombre de termes inclus dans la nomenclature, le nombre de termes complexes est un motif d’insatisfaction important. De nouveau, les utilisateurs se révèlent plutôt lucides, dans la mesure où ils ont conscience du fait qu’il n’est pas possible de tout inclure dans un dictionnaire usuel, et trouvent donc que l’éventail proposé par le dictionnaire est satisfaisant, connaissant ses limites. Par exemple, une personne a coché la réponse « satisfaisant » en notant comme commentaire « on ne peut pas exiger d’un « Petit Larousse » la même quantité d’informations que d’un ouvrage en plusieurs volumes ».

Enfin, globalement, le taux de satisfaction est meilleur pour les dictionnaires unilingues que pour les dictionnaires bilingues (mais il n’y pas de différence marquée entre les deux sections du bilingue). Les griefs les plus importants concernent les néologismes terminologiques et les termes complexes.