1.1.2. Utilisation grandissante du corpus en terminologie

En ce qui concerne la terminologie, le recours au corpus est plus récent mais de plus en plus systématique, comme nous l’avons également indiqué dans le premier chapitre. La situation que décrivaient Meyer & Mackintosh en 1996 (1996 : 258) n’est donc plus vraiment d’actualité :

‘Builders of terminological dictionaries (terminographers) are certainly not enjoying the “corpus-on-every-desktop” phenomenon that their lexicographer counterparts are.’

Il suffit de lire L’Homme (2004b : 119) pour s’en convaincre :

‘La recherche terminographique repose principalement sur le contenu de textes de spécialité. La collecte d’une documentation représentative du domaine dont on souhaite décrire la terminologie et son exploitation constitue les premières étapes d’une recherche en bonne et due forme. Il est désormais possible de réunir une documentation abondante en format électronique dans des délais raisonnables.’

Ce nouvel attrait pour les corpus chez les terminologues peut s’expliquer par les deux choses suivantes :

(i) le constat que les terminologues, contrairement aux lexicographes qui travaillent sur la langue générale, ne peuvent procéder par introspection et sont donc d’autant plus dépendants de leur documentation (Meyer & Mackintosh (1996 : 265)) 348  ;

(ii) corollaire à ce constat, et à la confirmation des nombreux avantages de la recherche sur corpus 349 , le développement d’une approche dite plus textuelle de la terminologie, à la fois du côté nord-américain et du côté européen 350 , que nous avons détaillée dans le premier chapitre 351 .

Notre but étant d’étudier le traitement de la terminologie d’un domaine de spécialité (volcanologie) dans des ouvrages lexicographiques, à savoir plusieurs dictionnaires généraux, le recours à un corpus semble donc non seulement se justifier, mais s’imposer.

Précisons maintenant quelle utilisation nous souhaitons en faire.

Notes
348.

“Introspection plays a fundamentally different role in terminography than in lexicography, and this has important implications for corpus terminography. Lexicographers, on the one hand, rely heavily on their own linguistic intuition: they are, after all, producers of the type of language they study. Hence, texts and outside informants are often seen as a means of corroborating personal intuition. Terminographers, on the other hand, are not natural producers of the type of language they study. Faced with a terminological problem, they cannot ask questions such as ‘what does X mean to me?’, ‘would I use X in this way?’, but rather ‘what does X mean to domain experts?’, or ‘would domain experts use X in this way?’. ”

349.

Voir notamment Bowker (1996) à ce sujet.

350.

En Amérique du Nord, cette thèse est défendue notamment par Lynne Bowker, Ingrid Meyer (†), Marie‑Claude L’Homme. En France, citons Anne Condamines, Monique Slodzian, Didier Bourigault.

351.

Pour plus de détails sur le corpus en terminologie, nous renvoyons le lecteur à L’Homme (2004b : 119-141).