2.2.2.7. Textes datés précisément

La période de temps couverte par le corpus est un critère essentiel mentionné par de très nombreux auteurs (par exemple, Pearson (1998 : 51), Bowker & Pearson (2002 : 52), Meyer & Mackintosh (1996 : 271)). Elle dépend essentiellement du type d’information que l’on veut extraire du corpus (Bowker & Pearson (2002 : 52)). Dans notre cas, il ne s’agit pas de faire de la terminologie diachronique, mais plutôt de voir quel est le lexique actuel de la volcanologie qui devrait être présenté dans un dictionnaire général synchronique.

Pour ce qui est des indications chiffrées concernant la période à couvrir, seule Pearson (1998 : 51) en donne une précise : “a corpus which is being used for terminological studies (e.g. in the field of computer science) may require that the material be less than ten years old. 377 ” Notre corpus s’étend du début des années 1980 à 2002, soit sur une période d’une vingtaine d’années, c’est-à-dire le double de ce que recommande Pearson. Cependant, notre choix se justifie pour plusieurs raisons :

– un domaine comme la volcanologie ne semble pas évoluer lexicalement aussi rapidement qu’un domaine comme l’informatique ou même l’économie ;

– même lorsqu’une langue spécialisée évolue (création de nouveaux concepts et donc de nouveaux termes), la répercussion n’est pas forcément immédiate au niveau de la langue de vulgarisation ;

– des textes relativement anciens peuvent avoir une certaine valeur, comme l’expliquent Habertet al.(1998 : 38) ainsi que Bowker & Pearson (2002 : 52) : “However, older texts can also be valuable. For instance, experts usually provide lots of definitions and explanations when a new concept is introduced or a new term is developed.” De plus, comme l’explique Sinclair (1991 : 18) : “A written work may take some time to establish itself, and may remain influential for some time.”;

– enfin, la disponibilité des sources entre à nouveau en ligne de compte. En effet, nous avons décidé de retenir des textes assez anciens soit parce qu’ils étaient déjà numérisés (c’est le cas notamment des six publications de l’USGS, dont la plus ancienne date de 1977), soit parce qu’ils étaient faciles à numériser (format des textes, importance des textes par rapport aux photographies) (Les Volcans et leurs secrets de Maurice Krafft 378 , 1984), soit tout simplement parce qu’il était nécessaire d’y avoir recours d’afin d’obtenir un nombre suffisamment élevé de textes sur le sujet.

Il faut évoquer ici un problème important auquel nous nous sommes trouvée confrontée en cherchant des textes de vulgarisation sur la volcanologie et qui explique notre recours à des textes plus anciens : la fréquence irrégulière de ce thème dans les médias. Nous avons pu constater 379 que l’apparition d’un article sur les volcans, surtout dans la presse généraliste, était très imprévisible et souvent très liée à l’actualité. Par exemple, l’éruption du Mont Pinatubo (Philippines) ainsi que le décès des volcanologues Maurice et Katia Krafft sur le mont Unzen (Japon) en 1991 ont suscité beaucoup d’articles dans la presse française, de même que les démêlés juridiques relatifs à Vulcania, le « Giscardoscope » (Auvergne). En ce qui concerne la presse anglaise, les mêmes remarques sont valables, avec par exemple la catastrophe de Galeras (1992) et l’éruption de la Soufrière de Montserrat, île britannique, en 1997. Dans les magazines de vulgarisation ou de découverte, on trouve en moyenne un à deux articles par année, et quelques numéros hors-série. Dans les magazines de semi-vulgarisation (tels que Pour la Science), la fréquence est encore plus faible, ce qui explique que nous fassions appel à des textes des années 1980. De plus, la longueur des articles est très variable : on trouve, d’une part, de courtes dépêches (par exemple, pour signaler qu’on a décelé les signes précurseurs d’une éruption pour tel ou tel volcan) et, d’autre part, de longs articles de fond (rubrique « Science » du Monde, articles de Pour la Science, etc.). Par conséquent, afin d’avoir à notre disposition une quantité substantielle de textes, nous avons été obligée de remonter loin dans les archives (notamment pour Science et Vie, et Pour la Science).

Notes
377.

Souligné par nos soins.

378.

Ce livre a de plus été écrit par un volcanologue réputé, ce qui correspond à un de nos critères précédents, celui des « Textes fiables ».

379.

Nous avons pu faire ce constat global même si nous n’avons pas poussé l’étude comme Delavigne (2001 : 319-324) pour établir quelle était la fréquence exacte du traitement de notre sujet dans chaque journal ou magazine. En effet, pour chaque journal ou magazine choisi, elle a représenté sous forme graphique le nombre d’articles portant sur l’application civile du nucléaire par numéro publié.