3.3.1. Critères de rétention et de rejet

Ces critères sont très largement inspirés de ceux qui ont été décrits par Delavigne dans le chapitre 8 de sa thèse de doctorat (« Des candidats-termes aux termes candidats » : pp. 330-376) 414 . Cependant, outre le fait que nos buts d’analyse sont différents 415 , notre approche s’éloigne un peu de la sienne dans le sens où nous ne présentons pas de manière séparée les critères de rejet et les critères d’acceptation des candidats-termes, car ceux-ci sont pour la plupart complémentaires et indissociables. Delavigne (2001 : 347) reconnaît elle-même la nécessité de croiser ces critères à la fin de sa description :

‘Certains critères se suffisent à eux-mêmes, entraînant le rejet de l’unité considérée. Mais pour les autres critères, la démarche, empirique et inductive, nécessite un retour aux cotextes [...]. C’est le croisement des critères sur l’ensemble des formes proposées par Lexter qui permet de retenir des « termes candidats » [...].’

En effet, les critères utilisés ne sont pas absolus. Certains sont plus efficaces que d’autres, quelques-uns permettant plus systématiquement que d’autres d’exclure des candidats-termes. Parfois même, certains critères entrent en concurrence, comme nous le verrons plus loin.

Nous présentons maintenant nos critères par ordre décroissant d’évidence, en présentant d’abord les huit critères communs à toutes les catégories grammaticales qui ont retenu notre attention (N, SN, Adj, V), puis les critères propres à certaines catégories grammaticales. Parlant d’évidence, rappelons ici que nous n’utilisons pas un critère de sélection qui aurait pu paraître très commode à utiliser, à savoir la présence ou non du candidat-terme dans un dictionnaire spécialisé ou une encyclopédie spécialisée, puisque notre démarche se veut prioritairement sémasiologique à l’instar de celle de Delavigne (ibid. : 130) :

‘L’hypothèse qui guide la sélection est liée à notre conception théorique du terme, unité lexicale dont le statut particulier est formellement repérable dans la matérialité discursive.’

En d’autres termes, à ce niveau de l’analyse, on ne se fonde que sur ce qui est attesté dans le corpus.

Notes
414.

L’Homme (2004b : 64-66) établit également toute une liste de critères pour identifier les termes.

415.

Tout d’abord, la thèse de Delavigne s’inscrit globalement dans l’analyse de discours. Ensuite, ses objectifs précis concernant l’analyse du corpus sont les suivants (Delavigne (2001 : 331)) : (i) repérer les termes qui circulent dans le corpus, « ce qui doit permettre une meilleure connaissance des discours de l’énergie nucléaire et engager des réflexions comme la densité terminologique des discours de vulgarisation [...] » ; (ii) analyser le « fonctionnement » de certains « termes pivots » pour s’intéresser à leur « distribution » et leur « usage », en traitant de leur « statut linguiste et discursif », (iii) l’élaboration d’un dictionnaire de vulgarisation.