Puisque le tourisme compte sur la bonne volonté des résidents locaux, leur soutien à son développement est essentiel, à sa réussite, et à sa durabilité. La compréhension des (ré)actions des acteurs touristiques et des facteurs qui influencent ces attitudes est importante pour entraîner leur soutien au développement touristique. La multiplicité des comportements des acteurs et la complexité des attitudes environnementales rendent nécessaire une approche multidimensionnelle. Une telle approche aidera à observer comment s’effectuent les évolutions des perceptions environnementales du point de vue des acteurs choisis. Cela souligne la nécessité d’évaluer les attitudes des acteurs qui révèlent leurs préférences sur la question du développement touristique. La prise en compte systématique du groupe d’acteurs fournira un guide à l’action, facilitera l’arbitrage des décisions et permettra aux acteurs locaux (notamment les fournisseurs de produits et services touristiques) de définir leur rôle. Une référence au groupe spécifique permet également de mettre en lumière combien les liens entre les activités touristiques sont indispensables pour réaliser le produit ou rendre le service. On aboutira ainsi à la définition d’un marchéage optimal. L’analyse de données, par exemple, propose la répartition des visiteurs au PNA en trois groupes différents : les amoureux de la nature, les touristes aux attentes multiples et les touristes indépendants. Les informations sur les spécificités des groupes de touristes présentés par cette étude pourraient amener les administrateurs de parc à une compréhension profonde du désir du visiteur en ce qui concerne la conservation et/ou l'utilisation des ressources environnementales. La diversité des préférences des visiteurs implique un besoin de procédures de gestion alternatives qui sont appropriées aux préférences spécifiques (Stankey et al., 1985; Dunlap et al., 1992). Des combinaisons d’opportunités récréatives dans une ‘destination touristique’ 5 devraient donc être conçues et mises en œuvre pour fournir des dispositifs variés pour les secteurs de touristes différents. Une telle approche devrait être intégrée à l’objectif global de la destination : la conservation de l'environnement et le développement local.
Le défi d'employer le tourisme comme outil pour le développement local a été étudié sous différents aspects comprenant le tourisme et la régénération rurale, le tourisme dans des aires périphériques et le tourisme dans des zones transfrontières. Plusieurs chercheurs ont noté que, pour que le tourisme soit un outil efficace pour le développement local, la participation de la communauté locale dans le processus décisionnel est importante. La thèse fondamentale de ce travail est que, pour optimiser et accroître les avantages des habitants locaux (et selon les principes du développement durable), il est important d’identifier et d’évaluer les différentes catégories d’acteurs touristiques appartenant à la communauté locale. C'est seulement par ce genre d'évaluation que les responsables des aires protégées pourraient comprendre les espérances voire les priorités des différentes catégories de la communauté locale. Dans cette étude, on segmente la communauté locale dans la région d'Amboseli en trois groupes : les opérationnels, les leaders d’opinion et les leaders officiels.
Le développement d’un tourisme durable digne de ce nom doit satisfaire tous les groupes d’acteurs identifiés dans cette partie. Il est donc impératif de mettre en place des politiques visant à encadrer le fonctionnement des acteurs touristiques d’une destination. Cela pourrait encore jouer un rôle non négligeable dans la conciliation d’objectifs souvent contradictoires : ceux du tourisme et de la conservation de l’environnement d’une part et ceux des citadins et des ruraux d’autre part. La troisième et dernière partie de cette thèse va donc traiter de la question du développement tourisme durable dans la région d’Amboseli.
Le concept de « destination touristique » naît et de développe réellement lors du passage du paléotourisme aristocratique à l’ère néotouristique de masse. Il s’agit certes « du lieu ou l’on doit se rendre »é, qui devient le lieu où l’on « veut » se rendre. Donc, dans la phase de développement commercial la « destination » devient un produit global fait d’un contenu et d’un contenant. Car la destination s’apparente désormais à un « système » alliant éléments matériels géographiques et immatériels psychologiques et culturels (Spindler, 2003 : 91).