INTRODUCTION DE LA PREMIERE PARTIE

D’une façon générale, ce qui fait l'objet de cette première partie est la question de l'évolution de l'art de conservation 9 , le développement touristique et enfin le mariage entre les deux. Nous nous interrogerons également sur l'évolution de la notion de perception de la nature (Chapitre I), en nous appuyant essentiellement sur les recherches menées par des géographes, des sociologues et des historiens. L’évaluation du développement touristique (Chapitre II) nous aidera à formuler la problématique de ce travail (Chapitre III) qui sera analysé dans la région d’Amboseli 10 au Kenya (Chapitre IV). En utilisant l’approche du système touristique (Chapitre V), on identifiera les acteurs touristiques dans ladite région. La question « la création des aires protégées : une domination des ruraux par des citadins ? » sera ainsi le ‘guide’ de cette partie. En conséquence, la partie traitera les six questions suivantes :

  • Y-a-t-il une relation entre le changement de la perception de l’environnement et la création des aires protégées ?
  • Y-a-t-il une relation entre la conservation de l’environnement et le développement touristique ?
  • Du tourisme aristocratique au tourisme durable : une conjonction des divers facteurs ?
  • Tourisme : une épée à double tranchant ?
  • Quels sont les atouts touristiques dans la région d’Amboseli ?, et
  • Qui sont les acteurs dans le système touristique de la région d’Amboseli ?

Dans le Chapitre I, nous traiterons de la notion de relation entre la conservation de la nature et la création des aires protégées en insistant sur les changements dans la perception de la nature. Cette notion a notamment évolué en fonction des idéologies dominantes au cours des siècles qui l'ont vue se construire. En effet, nous pensons que pour être en mesure de décrire ladite relation, il nous faut au préalable avoir cerné ces changements essentiellement en termes de significations symboliques.

Le Chapitre II dresse le bilan du développement du tourisme international. Il retrace aussi le développement touristique au Kenya et surtout du tourisme de safari. Grâce à son système des aires protégées bien développé, le Kenya est devenu un cadre privilégié pour les safaris. En même temps les aires protégées sont devenues une véritable mode et un point fort des circuits touristiques nationaux et/ou internationaux. Mais évidemment ce déferlement de touristes, venus pour voir les animaux sauvages et pour « consommer » de la nature, peut compromettre gravement la conservation de l’environnement voire le bien-être de la communauté locale. Cela demande une révision totale de la politique du tourisme de masse en faveur du tourisme durable.

Le succès et la durabilité du développement touristique dépendent de la bonne volonté de la communauté locale, aussi son soutien est-il important. Les ressources et les services touristiques sont aussi importants que l’hospitalité de la communauté d’accueil pour le développement touristique quelle que soit la destination. Le ressentiment des habitants à l’égard des activités touristiques sera perçu par les touristes avec, comme conséquence, la diminution de leur nombre. La constatation et la contestation du développement touristique comme menace à l’existence même de certaines communautés d’accueil est précisément à l’origine de la problématique qui sous-tend cette étude sur les relations communauté d’accueil-tourisme dans la région d’Amboseli. On élabora cette problématique en relation avec cette observation au Chapitre III. Le dépouillement minutieux des études des chercheurs précédents nous a aidé aussi à avancer des hypothèses qui sont évaluées dans le septième chapitre.

Nous consacrerons le Chapitre IV à la description de notre terrain d’étude. Nous tenterons ainsi principalement de décrire les éléments importants pour la conservation et le tourisme dans cette région : sa localisation, sa physionomie physique et biologique. Dans la suite du chapitre nous analyserons les changements écologiques dans le PNA puis nous décriront l’ attractivité touristique de notre terrain d’étude.

Plusieurs auteurs ont mis en évidence le fait que l’analyse systémique aide à mieux déchiffrer les rôles des acteurs différents du développement touristique d’une destination donnée (Cazes, 1992c ; Ritchie, 1993 ; Clary, 1993 ; Violier, 1999 ; Dewailly & Flament, 2000). En conséquence, le Chapitre V est consacré à l’analyse du système touristique. Le chapitre montre que le tourisme est l’affaire de nombreux prestataires individuels, d’associations communales ou interrégionales, nationales et internationales. Bien que chacun de ces acteurs poursuive ses propres intérêts, ils sont liés les uns et les autres par les sous-systèmes variés eux-mêmes reliés entre eux pour former un système touristique global.

Notes
9.

Action de conserver, de maintenir intact ou dans le même état. La conservation appliquée à la nature implique une gestion destinée à conserver une ou des espèces faunistiques et floristiques, voire un paysage, considérées comme menacés. Une contradiction réside dans le caractère fixiste de la conservation, appliquée à des écosystèmes dynamiques et ouverts (extinction naturelle d’espèces, migrations d’animaux sauvages, remodelage paysager incessant via l’érosion ou les phénomènes naturels paroxysmiques…). Ainsi l’approche conservationniste s’accompagnant des clôtures constitue un frein à la mobilité naturelle des espèces sauvages et aux prélèvements par les communautés locales sur la ressource conservée.

10.

Le nom Amboseli est un nom maasaï (Embosel) qui évoque un endroit poussiéreux.