1.4 Aires protégées en Afrique

La conservation de l’environnement en Afrique a commencé depuis longtemps. Pour ceux qui acceptent l’idée de conservation ou qui l’étudient dans ses modalités en Afrique, un débat existe également entre une approche protectionniste exclusive et une approche participative et communautaire préconisée désormais par les instances internationales chargées de suivre et d’appuyer les aires protégées. Selon les mots de Kibicho (2004 : 6), les conceptions dominantes qui se sont succédées dans les politiques de gestion de ressources naturelles en Afrique en général et au Kenya en particulier sont les suivantes : « la conservation contre la communauté locale, la conservation pour la communauté locale, la conservation avec la communauté locale et la conservation par la communauté locale ».

Dès la fin du IXème siècle, le Royaume Uni a impulsé la création de parcs nationaux de modèle Yellowstone dans toutes ses colonies – The British Empire - surtout au Canada, en Australie, en Nouvelle Zélande et en Afrique. Citons les pays fameux en Afrique : Afrique du Sud, Botswana, Kenya, Ouganda, Tanzanie, Zambie et Zimbabwe. Ces pays forment un ensemble presque continu à l’est de l’Afrique, du Capetown à Nairobi, sorte de « banane verte » à l’échelle continentale. L’Afrique de l’Ouest dispose bien sûr d’un dispositif non négligeable d’aires protégées, mais leurs moindres fréquentation et réputation ne génèrent pas un intérêt touristique de niveau international.

L’origine de la conservation de la nature en Afrique, à l’époque contemporaine peut être liée au problème environnemental en Afrique du Sud au milieu du XIXème siècle. Ce problème a résulté de la déforestation massive et de l’érosion du sol à cause des inondations. De façon générale, trois raisons majeures expliquent l’obsession de la conservation de la nature sud-africaine :

Pour remedier à cette situation, le gouvernement sud-africain a créé Sabi Game Reserve en 1896. C’est la réserve naturelle la plus ancienne en Afrique. En 1926, la réserve fut transformée en un parc national et son nom devint Kruger National Park.

Parties de l’expérience sud-africaine, les puissances coloniales ont développé la création des aires protégées où la chasse a été contrôlée. Les fonctions originelles des aires protégées africaines dans le cadre colonial rendent compte de leur distribution et de leur place dans des dispositifs hérités, leurs fonctions contemporaines opèrent des sélections et engendrent des mutations et des créations. Ces zones ont été choisies en fonction de la beauté du cadre et de la richesse de la faune. Bien que ces aires protégées soient ouvertes, sans clôtures ni fossés, les animaux prennent très vite l’habitude d’y vivre et de s’y reproduire. Toutefois, le développement des aires protégées en Afrique orientale et occidentale ne fut pas aussi rapide qu’en Afrique du Sud. Cette différence était due au degré inférieur de l’urbanisation et des visites par les étrangers.

En 1960, année où la majorité des pays africains ont acquis leur indépendance, la plupart des parcs nationaux et réserves nationales sont déjà créés. En fait, ces pays ont continué à établir de nouvelles aires protégées, surtout en Afrique australe et orientale. A l’aube de 1970, il y avait 727 aires terrestres protégées, soit presque cinq pour cent de la superficie totale du continent, et 112 aires littorales protégées dans toute l’Afrique (Karanja, 2002). Toutefois, à cause de mauvais traitements des communautés locales par les colonisateurs dans le processus de la création des aires protégées (avant l’indépendance), la population africaine était opposée à leur établissement qu’elle voyait comme une extension du colonialisme. Comme aux Etats-Unis, le motif économique fut utilisé comme prétexte pour susciter le soutien de la classe dirigeante (Runte, 1987). Le tourisme de safari 21 dans les aires protégées est devenu progressivement la deuxième sinon la première source de devises étrangères. Le mot safari est un mot kiswahili qui signifie « dévoiler » ou « être en voyage » et le nom safari ya signifie « un voyage » ou « une expédition ». Dans le contexte d’aujourd’hui le mot a été introduit par des Anglais qui ont pratiqué la chasse au Kenya dans les années 1836-1939. Les safaris étaient de vraies expéditions de trois ou quatre semaines de bateau, vingt ou trente heures de train, avec porteurs chargés de trente kilos. Avec les traqueurs, pisteurs, dépeceurs, boys et cuisiniers, cela faisait cinquante, parfois cent personnes. La durée du safari variait de un à quatre mois. Le retour se passait dans l’euphorie. Les Africains, dûment payés, dansaient, chantaient et faisaient ripaille à la lueur des feux de camp en l’honneur des chasseurs blancs. De nos jours, les safaris de chasse sont devenus des safaris-photos (cf. photos 01, 20 & 32). En outre, aujourd’hui, le mot est aussi francisé. L’association des pêcheurs de Pusignan (près de Lyon), par exemple, organise un safari-truites chaque année. Pour l’année 2003,

‘« …cent quatre-vingts pêcheurs de safari-truites ont participé à cette activité annuelle. En plus, tous les participants ont pu se restaurer sur place avec les côtelettes, grillades, saucisses, frites. Certains sont venus de loin, avec femmes et enfants, pour chercher un peu de tranquillité, faire le plein de tonus et d’air pur, et découvrir un autre paysage, loin du bruit de la ville » (Progrès, 2003 : I).’
Notes
21.

Il est interdit de descendre des voitures ou de s’asseoir sur les bords du toit ouvrant pendant un safari dans les parcs nationaux au Kenya (f. photos 01, 21 & 33). Une autre règle du tourisme de safari est « ne prendre que des photos, ne laisser que des traces de pas ».