1.6 Conclusion

Ce chapitre a mis en évidence que chaque type de civilisation, chaque type de société voit l’environnement différemment avec les yeux que leur éducation et leurs motivations avaient façonnés. Le sens ou la signification d’un environnement approprié est donc une qualité de la transaction environnementale des besoins et des préférences tant des personnes que de la société. Chaque société a ses valeurs qui s'inscrivent dans le cadre d'une évolution historique et qui orientent les comportements et les changements de chaque individu. L'évolution industrielle et son lot de bouleversements vont modifier l'environnement et par là même, la relation de l'homme à ce nouvel environnement. La société industrialisée fait non seulement naître des aspirations de liberté, mais aussi de retour vers les origines. Ainsi, l'environnement naturel apparaît dès lors comme le grand consolateur, et le désir de se retrouver au contact des éléments naturels se fait de plus en plus sentir. Ainsi, les citadins ont eu une sorte de fascination pour les terres « vierges ».

Les changements de perception de l’environnement ont résulté de la nécessité de la conservation de la nature et surtout de la vie sauvage. Par conséquent, les réserves royales pour la chasse avec des animaux sauvages ont été créées pour le plaisir de la classe dirigeante en Europe médiévale. Ce développement des parcs publics a profondément impressionné des Américains. Le chapitre a observé qu’après l’indépendance concédée par le Royaume-Uni, la société américaine n’a aucune identité. A cause de ce manque, les Américains ont développé un nationalisme culturel qui a fondé leur identité et leur respect de soi-même sur la beauté sauvage et la grandeur naturelle unique de leur pays. C’était donc le besoin d’avoir des lieux consacrés sur lesquels se base le respect de la nation et l’expérience de la destruction du site de Niagara en 1863 qui ont inspiré la protection des régions reculées ou sauvages. On peut donc dire qu’il une relation indiscutable entre le changement de la perception de l’environnement et la création des aires protégées dans le monde. Cela est la réponse de la première question de ce chapite (cf. section 1.0).

D’après ce chapitre, quand l’empire britannique s’est installé en Afrique orientale, la majorité des administrateurs étaient des défenseurs de l’environnement, qui avaient bien suivi le déclin de la population des animaux sauvages aux Etats-Unis, en Inde et en Afrique du Sud pendant l’époque coloniale. Cette connaissance a poussé le Gouverneur du Kenya à établir le Southern Game Reserve et le Northern Game Reserve. Après l’indépendance, le Kenya a adopté et perfectionné le système des aires protégées. En 1977, le Gouvernement, par décret présidentiel, a interdit la vente des trophées dans tout le pays. Comme aux Etats-Unis, le tourisme est devenu la seule forme d’utilisation de ces ressources. En outre, le Gouvernement a encouragé le développement des équipements touristiques près des aires protégées. En conséquence, il est indéniable que, les activités touristiques sont apparues comme un argument puissant en faveur de la création des aires protégées au Kenya voire dans les autres pays. Ce sont les retombées économiques que le tourisme induit pour l’Etat et pour les communautés locales qui restent bien l’élément moteur, seul capable de faire accepter les limitations voire les interdictions que les aires protégées entraînent inéluctablement. Cela établit une relation forte et symbiotique entre la conservation de l’environnement et le développement touristique. Voila donc la réponse de la deuxième question du chapite (cf. section 1.0).

En résumé, ce chapitre a analysé la relation perception historique de la nature-aire protégée. Le chapitre a détaillé comment le besoin d’un retour à la nature est ressenti de plus en plus par la grande masse, particulièrement avec l’accroissement des zones urbaines et de l’industrialisation et, la diminution des espaces verts, ce qui a engendré une augmentation du stress ressenti dans la vie quotidienne. En même temps, surtout à partir des années 50, les conditions de vie dans les villes et les formes prises par le travail, l’amélioration générale du niveau de vie et, partant, l’augmentation du temps libre, stimulèrent le besoin de détente. Le tourisme de masse en plein air fut organisé : il était porteur de stabilité pour le corps social. Dès lors, les aires protégées devenaient les antithèses du quotidien banal, de la pollution et de l’artificialisation associées à l’industrialisation et à l’urbanisme. D’ailleurs, le chapitre a montré comment le tourisme a avancé l’argument économique comme fondement de l’existence des aires protégées à cette époque-ci, alors que d’autres raisons de cet établissement étaient perceptibles avant, au moment de leur création. On doit donc, conclure que, la création des aires protégées au Kenya comme dans les autres pays, a été le résultat d’une réaction aux excès de la civilisation industrielle et urbaine.

Afin de bien comprendre la relation aire protégée-tourisme au Kenya le chapitre II de cette thèse est consacré à l’analyse internationale de l’activité touristique.