Le tourisme est un instrument de dénaturation des pratiques sociales traditionnelles (Kadt, 1979 ; Cazes, 1992a ; 1992c). Le développement touristique se traduit d’abord par une introduction brutale des rapports marchands et une rapide substitution des valeurs d’échange aux anciennes valeurs collectives. Ainsi les relations commerciales avec les visiteurs se développent d’une manière excessive. L’intérêt réel du tourisme est l’acquisition de produits exotiques, signes tangibles du voyage lointain. Cette demande s’étend aux objets domestiques, aux vêtements et aux ornements quotidiens, aux moyens archaïques de transport, aux fêtes et cérémonies internes à la communauté, tous promus au rang de marchandises à prix fixé. Aux fins de ce processus, les intermédiaires patentés (offices du tourisme, voyagistes, agences de voyage et cætera) sélectionnent quelques produits originaux (fêtes et rites, monuments) qui serviront à l’identification spécifique de la destination (cf. section 9.3). Cette sélection est suivie par une organisation commerciale cohérente, à la fois mise en marché des produits matériels et mise en scène de manifestations culturelles, religieuses, sociales, susceptibles de retenir l’intérêt des visiteurs – situations « fabriquées » pour les touristes (cf. section 3.4). Il nous semble intéressant de le rappeler pour étayer la notion d’authenticité 49 inerante à de telles activités.
La région d’Amboseli a l’expérience de ces complexes commerciaux créés par les Centres Culturels Maasaï pour être intégrés dans les visites touristiques (cf. section 4.4.2). Ils ont construit des maisons contrefaites de Maasaï pour évoquer l’habitat traditionnel de la communauté – Maasaï Manyatta (cf. photos 54 & 59 et annexe A4). Quelquefois des artisans locaux présentent leurs techniques du travail du bois, de la poterie, des tissus des bijoux et cætera. Dans ces centres, la vie de la communauté maasaï est reconstituée de manière à satisfaire le désir des touristes de voir « comment vivent les Maasaïs sans invasion de leur intimité ». Les centres créent aussi des opportunités d’emplois pour la communauté (cf. section 3.2).
L’authenticité se définit par le caractère de ce qui est authentique et renvoie aux notions de sincérité et plus largement de vérité. L’authenticité est alors liée à la notion de réalité, d’existence effective, de chose réelle et de fait réel. Le réel signifie ce qui existe véritablement et effectivement, aussi qui a les apparences de la réalité.