4.3.3 Eau et répartition de la végétation

Les frontières du parc entourent le bassin d'un système de canalisation fermée. La ligne de partage des eaux qui le délimite signifie que peu d’eau de surface entre dans le bassin des zones environnantes pendant la saison des pluies. Il n’y a pas de rivière qui coule dans le bassin. La topographie plate du parc et la composition fine du sol, qui forme rapidement une boue collante si elle est mouillée, font que les précipitations se transforment en mares dans tout le parc. Les résurgences prenant leur source au Mont Kilimanjaro constituent la source d’eau la plus importante pour le parc. La fonte des neiges et les précipitations sur la montagne s’infiltrent rapidement dans les sols de lave poreux avant d'atteindre les contreforts plus bas. L'eau réapparaît  dans le bassin d'Amboseli sous forme de résurgences permanentes courant le long du front de lave à Enkongo Narok, à Ol Tukai, à Longinya et vers d’autres plus petits marais dans la région de Kitirua-Ilmbireshari (cf. figure 4.3).

Ces sources permanentes d'eau douce sont à l’origine de l’attractivité du PNA pour les animaux sauvages de la région. L'eau est vitale pour l'écosystème d'Amboseli et elle coule en formant un réseau de marais. L'eau coule, plus ou moins selon une ligne nord-ouest, rinçant le sel des sols fortement salins. La fluctuation des ‘nappes phréatiques’ 74 au cours des saisons sèches et des saisons de pluies peut favoriser la pousse du fourrage le long des berges des marais du fait que la végétation dépend du taux d'humidité du sol. Ce sont peut-être les fluctuations de l'eau des marais qui permettent au PNA d’entretenir les milliers d’herbivores qui se concentrent autour des marais durant la saison sèche.

L'eau de surface joue également un rôle dans la distribution des espèces végétales. L'eau qui coule lentement aide la croissance des végétaux, qui, quand ils sont morts, disparaissent dans le lit des marais ou lentement dérivent au bord. L'empilage de la matière organique morte au fil des années encercle l’eau, ce qui complète et prolonge les berges des marais. Un faible changement d'altitude dans ce bassin plutôt plat peut facilement décaler le cours de l'eau. Ceci, en conséquence, affecte la répartition des espèces végétales. L'augmentation du taux d'humidité des nouvelles zones submerge et sature certaines plantes, qui préfèrent moins d'eau, allant jusqu’à les tuer. De même, des plantes dépendantes de l’eau apparaissent dans ces nouvelles zones humides.

Une variation de la nappe phréatique change le contenu minéral du sol en dissolvant les sels. Ceci peut aussi affecter les espèces végétales sur la zone selon la profondeur des racines et la concentration minérale que chaque espèce préfère. De tels changements affectent également la quantité d'eau de pluie qui peut être absorbée. En considérant que le PNA dépend de l'eau souterraine du Mont Kilimanjaro, tout changement de climat ou d'utilisation de la terre le long des pentes de la montagne change le niveau de l’eau, les marais et la répartition générale de la végétation. Aujourd’hui le parc voit une expansion énorme des marais (Senior Warden, 2003). Ceci pourrait avoir été provoqué par le déplacement de l’eau ou l'écoulement accru des résurgences. Les marais de Loginya et d'Ol Tukai Orok, par exemple, ont fusionné pour former un seul grand lac. Le phénomène le plus saisissant lié à cela est la présence des flamants roses (cf. photo 33). Ces dernières années, les flamants roses appartenaient à la catégorie des oiseaux migrateurs, ne restant pas plus d'un mois dans le parc. Maintenant ils séjournent sur le lac pendant des années (KWS, 1997).

Les marais permanents et leur végétation associée sont les points les plus remarquables et les plus importants du parc. Les marais, où prédominent de Cyprus immensus et bordés de Cynadon dactylon, Solanum incanum et Pluchea dioscaridis sont influencés par l’infiltration souterraine du Mont Kilimanjaro. Les marais non seulement fournissent l'eau essentielle aux populations de bêtes sauvages mais ils entretiennent aussi la production d'herbes vertes toute l’année, attirant de ce fait une concentration d’animaux sauvages, principalement éléphants et buffles et une grande variété d’espèces d’oiseaux.

Photos 51 et 52
Photos 51 et 52
Notes
74.

Niveaude l’eau souterraine d’eau