5.2.2 Sous-système (inter)régional

Le sous-système régional se caractérise d’abord par l’emboîtement des territoires. L’organisation institutionnelle du tourisme reproduit fidèlement celle de l’administration institutionnelle au niveau régional ou au niveau du district (le Kenya Wildlife Service - KWS et le Ministère du Tourisme). A ces échelons les institutions touristiques produisent des activités ou produits touristiques.

En pénétrant le sous-système régional dans la région d’Amboseli, nous reconnaissons des éléments : établissements d’accueil, réseaux de transports, acteurs touristiques et touristes (le marché). Ce sont ces deux derniers éléments, acteurs et touristes, auxquels nous allons nous intéresser dans cette partie. Dans cette région, trois catégories d’acteurs du tourisme sont identifiables. Ils constituent la sphère publique, la sphère privée (notamment la communauté d’accueil – les Maasaïs) et les touristes (figure 5.2).

La sphère publique est surtout constituée par l’organisation institutionnelle du tourisme aux niveaux national (le Ministère du Tourisme), régional (le KWS et Kenya Tourist Board - KTB 84 ) et à l’échelle locale (le KWS en collaboration avec les institutions touristiques locales). La sphère privée comporte des acteurs divers issus de différents métiers et ayant des capacités de production propres à satisfaire des touristes. La sphère des touristes forme le troisième groupe des acteurs dans la région d’Amboseli. On doit rappeler qu’il n’y a pas de tourisme sans touristes (Duhamel & Sacareau, 1998). Ce sont toujours les touristes et bien sûr la disponibilité des ressources de la destination qui déterminent le type de produit touristique que l’on développe. En fait, un produit touristique n’existe pas s’il n’y a pas une clientèle pour le consommer 85 . Selon Clary le produit touristique « …est un bien qui cherche la sanction du marché. Cela implique, de la part du producteur, la volonté de répondre aux attentes d’une clientèle préalablement identifiée, par des produits clairement définis et garantis » (1993 : 275). Implicitement, donc, la façon dont les touristes vivent leurs expériences touristiques est aussi importante que les activités proposées pour déterminer le type de développement qui sera mis en œuvre. Ceci, a une répercussion sur l’importance de la contribution de l’activité touristique au développement socio-économique dans une destination en général. Ainsi un rapport équilibré et symbiotique devrait exister entre les touristes - la satisfaction de leurs besoins - et les besoins de développement et les objectifs de la destination concernée (Sharpley & Tefler, 2002). Un tel rapport est très généralement conceptualisé comme une interaction triangulaire entre les touristes, la communauté locale et l’environnement de la destination. Selon ce modèle, la satisfaction optimum des besoins des visiteurs devrait être en harmonie avec le profit que peuvent en recueillir la culture, l'économie et l'environnement de cette destination et, finalement avec le bien-être des communautés locales (Murphy, 1985). Les touristes jouent donc un rôle primordial dans une destination touristique.

Cette complexité par le jeu de l’interaction des divers secteurs socio-économico-environnemental et ainsi une diversité d’acteurs du tourisme dans la région d’Amboseli, engendre une concurrence dans l’utilisation foncière. Les terrains peuvent notamment servir de pâturages, d’espace de tourisme ou de terrain de conservation de la flore et la faune. Depuis toujours, les Maasaïs utilisaient leurs terrains comme pâturages (cf. par exemple section 10.1). Dans la deuxième moitié du XIXème siècle, une nouvelle forme d’usage du sol (le tourisme) est née, du fait de la création de la réserve nationale d’Amboseli en 1905 puis du PNA (cf. section 3.5.1). Cette concurrence a engendré des conflits à propos des changements d’usage des terrains, voire des changements socioculturels.

Pour analyser les relations environnement-communauté locale-tourisme dans la région d’Amboseli, il faut, par conséquent, connaître comment l’administration du PNA, les visiteurs ou les touristes et les Maasaïs considèrent les ressources naturelles en général.

Notes
84.

L’objectif principal du KTB est d’améliorer la position du Kenya sur le marché international du tourisme en encourageant d’une part les touristes potentiels à visiter le Kenya, et d’autre part en favorisant l’amélioration des équipements existants et l’installation de nouveaux équipements dans le pays. L’organisme donne aussi des conseils au Gouvernement et à ses autres agences sur tout ce qui concerne les activités touristiques.

85.

Selon l'approche du système, l'importance de la demande touristique est qu’elle peut influencer positivement ou négativement les « participations » qui récompensent l'agence qui gère la destination touristique et ses directeurs.