5.2.4.2 Secteur du voyage organisé

En qui concerne le secteur du voyage organisé, le marché mondial est encore dominé par les entreprises des pays du Nord et en particulier par des groupes européens. Il faut remarquer que, l’invention des premières formes de voyages organisés était due à l’action innovante de Thomas Cook ⁹⁷ , entreprise britannique de la fin du XIXème siècle (Duhamel & Sacareau, 1998). Il organisa les premières excursions entre Leicester et Loughborough en 1841. En 1844 il organisa le premier déplacement de groupe fondé sur l’agrément. Le « package » inclut un guide qui renseigne sur les magasins et les sites historiques dignes d’intérêt (Urry, 1991). En 1863 il organisa le premier voyage de groupe vers la Suisse pour lequel il envisage une formule « forfait individuel » qui comprend le transport, la restauration et l’hébergement ⁹⁸ (Urry, 1991 ; Duhamel & Sacareau, 1998). Le succès de Thomas Cook a fait des émules dans le monde entier avec la création de nouveaux voyagistes ⁹⁹ (cf. tableau 4.2 ci-après).

Les touristes auront recours aux tours-opérateurs et aux agents de voyages parce que ces derniers disposent d’avantages informationnels obtenus et accumulés par un processus d’apprentissage et un savoir-faire. Ils ont une connaissance des hôtels de qualité, des sites spectaculaires, et il mesure, au moins en partie, les risques inhérents à telle ou telle destination touristique. De plus, ils disposent aussi d’avantages liés à l’existence d’économie d’échelles : ‘de rendements croissants qui découlent d’une plus grande utilisation des différents facteurs de production’ ¹⁰⁰ . Ceci a pour conséquence principale d’entraîner à la baisse les coûts de production et parallèlement les coûts de transaction. Il devient donc moins coûteux pour le touriste de passer par de telles intermédiaires que d’acheter, en individuel, l’ensemble des prestations contenues dans le package ¹⁰¹ . De plus, si les intermédiaires touristiques bénéficient d’avantages d’économies d’échelles, ils disposent aussi d’avantages liés au gain de temps et d’une réduction des difficultés attachés à la réalisation du voyage. On peut ainsi dire que les tours-opérateurs et les agents de voyages, comme des acteurs touristiques, ont joué des rôles fondamentaux dans le développement des pratiques liées au tourisme ainsi que dans la valorisation des lieux de ces pratiques. Par conséquent, en participant à l’enrichissement de l’offre, elles deviennent acteur du développement touristique et donc producteurs et promoteurs des destinations touristiques. Ainsi, non seulement elles imposent une vision nouvelle du monde, mais elles jouent aussi un rôle essentiel dans l’invention des lieux touristiques.

Il est certain toutefois qu’internet comme nouveau moyen de communication a modifié les opérations des voyagistes. Il existe aujourd’hui des intermédiaires sur le web, qui mettent en rapport producteurs (de produits touristiques) et consommateurs (touristes) et facilitent les contacts entre les deux en faisant les recherches selon les desiderata de chacune des parties. Il rend immédiatement accessible une très grande quantité d’informations ce qui permet d’exécuter sur l’heure (en temps réel) de nombreux actes commerciaux. Ce développement a permis au touriste de devenir indépendant (cf. aussi sections 9.5.3 & 11.1.2). Dans les années à venir donc, le rôle des agents de voyages sera plus de conseiller que de vendre avec une obligation d’apparaître sur le web, sous peine d’être écartés du marché. Ils seront obligés de rechercher les offres les plus tentantes aux meilleurs prix et de faire une sélection des produits les plus fiables avec une possibilité de construire un produit élaboré à la mesure et selon les goûts de groupes touristiques ciblés (cf. section 9.5).

Source : (Duhamel & Saccareau, 1998 ; Poix, 2001 ; Spindler, 2003)

Le tourisme mis à part, le PNA et la conservation de son environnement sont assurément un sujet d’intérêt international. Dans les années 80, par exemple, le monde entier était inquiet de l’avenir du Rhinocéros noir et de l’Eléphant dans le PNA à cause du braconnage qui a eu des résultats destructeurs sans précédents au Kenya (cf. section 4.2.2.1 (b)). Aujourd’hui, la question de la conservation de l’environnement est bien globalisée, si bien qu’un pays donné n’est pas habilité à décider seul de la qualité de l’environnement sur son territoire. Ainsi, le développement du tourisme de safari dans la région d’Amboseli ne peut pas « divorcer » du (sous-)système international de conservation. C’est dans une vision global qu’il convient de bâtir l’avenir du PNA, afin qu’il bénéficie aux générations présentes tout en préservant son intégrité pour les générations futures, ce qui est la définition du développement – et du tourisme - durable.

En bref, tous les sous-systèmes d’un système touristique sont interdépendants en un équilibre constant, instable, qui se modifie en permanence et dont toute action sur un des ses éléments constitutifs a une répercussion sur l’ensemble. En d’autres termes, le système touristique est comme une chaîne, il n’est pas plus fort que son point le plus faible. Le produit touristique résulte de l’interaction de plusieurs acteurs (sous-systèmes) qui jouent des rôles différents mais qui sont tout aussi importants, ce qui nécessite un fonctionnement harmonieux de tous ses composants.