5.4 Conclusion

Ce chapitre a montré qu’un système est un ensemble complexe formé de composants distincts reliés entre eux par un certain nombre de relations et avec l’environnement, structurés et agissants en fonction d’un ou de plusieurs objectifs, et qui évolue dans le temps. Les composants eux-mêmes sont des sous-systèmes, donc le système est un ensemble de sous-systèmes. Un sous-système peut être soit réduit en sous/sous-système, soit être traité comme un élément provisoirement indécomposable. Puisque le tourisme s’inscrit dans l’espace par des formes, des équipements et des infrastructures, les destinations touristiques sont des systèmes ouverts : elles se transforment d’elles-mêmes (propriétés intrinsèques), mais reçoivent des ressources, des flux ou des informations de leur environnement.

Le sous-système régional se caractérise d’abord par l’emboîtement des territoires. L’organisation institutionnelle du tourisme reproduit fidèlement celle de l’administration institutionnelle au niveau régional. A ce stade les institutions touristiques produisent des activités ou produits touristiques. En pénétrant le sous-système régional dans la région d’Amboseli, nous reconnaissons des éléments : établissements d’accueil, réseaux de transports, acteurs touristiques et touristes. En particulier, trois catégories d’acteurs du tourisme sont identifiables. Ils constituent la sphère publique, la sphère privée et les touristes. Le sous-système national est composé de sous/sous-systèmes non-uniformes. Néanmoins, les catégories différentes d’acteurs tentent de créer les conditions optimales pour attirer les touristes et assurer aux voyagistes la sécurité recherchée. Dans la sphère privée ou entreprenariale la logique économique l’emporte évidemment. L’espace touristique recouvre alors un enchevêtrement de réseaux fonctionnels selon des modalités et des dimensions différentes. Les relations entre ces professionnels résultent souvent de certaines spécificités de l’activité touristique. La demande touristique mondiale se caractérise par des évolutions qualitatives et quantitatives considérables de développement d’infrastructures touristiques qui influencent directement l’ensemble du marché mondial du tourisme. Ainsi, les pays du Nord bénéficient particulièrement dudit développement. Par conséquent, le sous-système international est saturé par des acteurs des pays industrialisés.

En considération de ces faits, le chapitre a souligné que le tourisme est l’affaire de nombreux prestataires individuels, d’associations communales ou régionales, interrégionales, nationales et internationales. Bien que chacun de ces acteurs poursuive ses propres intérêts, ils sont liés les uns et les autres par les sous-systèmes variés, eux-mêmes sont reliés entre eux en formant un système touristique global. Dans ces opérations d’imposition de territorialité, les acteurs inclus (la communauté locale) dans le sous-système régional sont confrontés à d’autres acteurs peu intégrés, l’administration du PNA et les touristes, qui tentent de s’affirmer face au nouveau pouvoir. La région d’Amboseli est dès lors l’enjeu d’une lutte entre des pouvoirs anciens qui tentent de conserver leurs prérogatives et des acteurs porteurs de projets (touristiques) qui, pour être nouveaux, n’en sont pas moins « légitimes ». Les liens traditionnels avec les GRs environnants, et les anciens partenaires se sont affaiblis, les relations sont devenues plutôt concurrentielles. Les rapports avec la communauté locale se sont modifiés, l’indifférence est de règle, avec parfois une certaine hostilité de la part des habitants. Le chapitre a mis en évidence que le système des acteurs touristiques, face à des évolutions concomitantes, réagit davantage dans le sens de la recherche d’un nouvel équilibre entre les pouvoirs que dans la poursuite d’une éventuelle cohérence. Une telle agitation peut s’analyser autant comme une richesse, à travers la pluralité des projets et finalement la mobilisation générale, que comme un handicap, par la dispersion et le saupoudrage des moyens.

Il faut bien insister sur le fait que l’homme a une confiance immense en l’intelligence humaine et ainsi il a la tendance à oublier que le système humain fait étroitement partie d’écosystèmes. Ainsi, l’évolution touristique ne peut pas être dissociée de celle d’une multitude d’écosystèmes. Dans cette chaîne complexe, le système touristique/humain a joué sur l’écosystème un rôle de démiurge et introduit toute une série de dysfonctionnements. Pour inventer des solutions pour freiner voire inverser quelques-unes des transformations des écosystèmes il doit toujours considérer tous les sous-systèmes ensemble.

Figure 5.2 : Acteurs du tourisme dans la région d’Amboseli
Figure 5.2 : Acteurs du tourisme dans la région d’Amboseli

Source : Elaboration personnelle.