SYNTHÈSE DE LA PREMIÈRE PARTIE

La Première partie a tracé l’origine des aires protégées et comment petit à petit elles en sont venues à être liées avec les activités touristiques. La partie a donc balayé la relation « aire protégée-tourisme » de la période post-romantique à nos jours.

Le Chapitre I a montré que l’origine de la création des parcs nationaux est d’abord à rechercher dans la spécificité du « tempérament » américain et dans sa quête exacerbée d’une identité nationale qui cherche à s’enraciner dans le passé dans un pays sans histoire autre que « naturelle ». Cependant, il faut souligner le fait que cette origine des parcs nationaux aux Etats Unis qui sont devenus la référence mondiale, a été profondément influencée par les public parks britanniques. En outre, on doit remarquer que l’origine de ces parcs britanniques, eux-mêmes, était due au changement de perception de la nature, surtout par les citadins, dans la période post-romantique. Dès la fin du XIXème siècle, le Royaume Uni a impulsé la création de parcs nationaux de modèle Yellowstone dans tous ses colonies. Ces créations, surtout au Kenya, ont eu pour principal but la conservation de la flore et de la faune, et aussi le développement du tourisme de safari-chasse, principalement pour les riches/dirigeants/citadins/touristes. Les activités touristiques sont apparues comme un argument puissant en faveur de la création des aires protégées au Kenya dans les années 60.

Le Chapitre II a détaillé d’une manière systèmatique comment le tourisme est devenu un phénomène de masse, accessible à tous, à des degrés divers. La conjonction de facteurs tels que le développement du réseau des chemins de fer et du réseau routier, l’industrialisation et les nouvelles technologies a permis le transport de milliers de personnes à des tarifs raisonnables, rendant le voyage accessible au plus grand nombre. Par conséquent, vers les années 50, le tourisme n’est plus synonyme de grands voyages, ni de loisirs pour une classe fortunée qui en détiendrait l’exclusivité. C’était le début de la massification de tourisme. Evidemment l'image du tourisme de masse tel qu’il est peint dans tout le chapitre, montre que cette forme d’activité touristique n’a pas toujours été développée dans le respect de sa ressource de base et dans l’intérêt des communautés d’accueil. On a proposé, ainsi, le développement du tourisme durable comme modèle qui a le pouvoir de créer une impulsion favorable au changement structurel de la société locale. Il ne s’intéresse pas seulement aux retombées socio-économiques mais aussi à un développement qui satisfait les besoins présents sans compromettre la potentialité pour les futures générations de satisfaire leurs propres besoins. Cependant, ce chapitre a mis en lumière les difficultés conceptuelles et opérationnelles liées à ce concept.

Le Chapitre III a constaté que le développement touristique dans la région d’Amboseli a modifié la perception de la ressource foncière par la communauté d’accueil. La croissance de la fréquentation touristique a révélé l’intérêt des populations urbaines pour la région d’Amboseli : les parcelles sont négociées au prix de terrains à bâtir, les locations, le camping même peuvent rapporter, les propriétaires se sont brutalement vus à la tête de petites fortunes. Le PNA, les hôtels, les campings et les centres de culture maasaï offrent des emplois salariés à temps complet ou à temps partiel aux membres de la communauté locale. Ces constatations nous permettent de conclure que le développement touristique a crée à l’intérieur de la région d’Amboseli une forme de tourisme plus diffuse, loin des grandes agglomérations des aires urbaines mais avec un impact beaucoup plus fort sur la société locale. En considération de ces faits, la partie a détaillé la problématique de ce travail.

Le Chapitre IV a identifié des caractéristiques importantes de la région d’Amboseli pour le développement touristique. La variété des attractivités touristiques permet de dire que, la région d’Amboseli offre aux touristes des patrimoines culturels et naturels importants. Le tourisme mis à part, ce chapitre a montré que le PNA joue un rôle primordial dans la conservation d’espèces animales et végétales de grand intérêt. Grâce à son caractère de réservoir génétique, le PNA est assez largement perçu comme faisant partie d’un patrimoine de tout premier ordre, à la fois naturel et culturel, puisqu’il renvoie aux sources mêmes de la vie et à la longue histoire de l’évolution de la communauté maasaï.

Le Chapitre V a montré que le tourisme est l’affaire de nombreux prestataires individuels, d’associations communales (régionales et/ou interrégionales), nationales et internationales. Bien que chacun de ces acteurs poursuive ses propres intérêts, ils sont liés les uns et les autres par les sous-systèmes variés qui eux-mêmes sont reliés entre eux, formant un système touristique global. Dans ces opérations d’imposition de territorialité, les acteurs inclus (la communauté locale) dans le sous-système régional sont confrontés à d’autres acteurs peu intégrés (l’administration du PNA et les touristes), qui tentent de s’affirmer face au nouveau pouvoir. La région d’Amboseli est dès lors l’enjeu d’une lutte entre des pouvoirs anciens qui tentent de conserver leurs prérogatives et des acteurs porteurs de projets (touristiques) qui, pour être nouveaux, n’en sont pas moins « légitimes ». Les liens traditionnels avec les GRs environnants, et les anciens partenaires se sont affaiblis, les relations sont devenues plutôt concurrentielles. En résumé, cet outillage théorique on permet d’avancer une analyse capable d’assembler les acteurs touristiques dans une destination.

La figure 5.3 démontre les interrelations des « concepts centraux » 102 dans la première partie de ce travail. Les rapports entre ces concepts ne sont pas à sens unique car il y a toujours des rétroactions dans le système. Après l’examen approfondi de ces interrelations on peut dire avec certitude que la création des aires protégées était (et est) une forme de domination des (zones) ruraux par des citadins (cf. la question « générale » de cette partie dans l’Introduction de première partie).

Figure 5.3 : Récapitulation de la première partie
Figure 5.3 : Récapitulation de la première partie

Source : Elaboration personnelle

Notes
102.

Perception de la nature, aires protégées, tourisme, valeurs économiques, valeurs socioculturelles, valeurs foncères, système et sous-système (interne, régional, national et international).