9.4 Connaissance du PNA

Les touristes estiment connaître les aires protégées au Kenya car 90% des sondés affirment connaître les parcs nationaux. Les parcs les plus connus et les plus souvent cités sont ceux qui possèdent la plus grande notoriété. Le Parc National de Nairobi est toujours le premier cité (86%), le deuxième est le Parc National de Tsavo (West & East) (79%), et viennent ensuite le Parc National du Lac Nakuru (78%) puis le PNA (71%). Par comparaison, le Parc National du Lac Nakuru est peu connu par les touristes qui viennent de Mombasa, car son nom revient moins souvent. En outre, il est connu des touristes de Nairobi (72%), ce qui est peut-être dû à la proximité entre la ville et le parc. On constate que 64% des touristes a déjà visité ou eu l’intention de visiter un autre parc national dans le pays. Toutefois, visiter un autre parc national ne pousse pas forcément à la découverte d’un autre parc. On doit observer que la forte concentration spatiale et temporelle de la demande de tourisme de safari au Kenya a entraîné des problèmes au niveau de la gestion, de la qualité et du bien être écologique, rendant nécessaire une diffusion plus équilibrée des activités touristiques. Pour aggraver la situation, l’organisme chargé de l’administration des aires protégées, le KWS, et l’un des responsables de marketing du pays comme destination touristique, le KTB, n’ont pas encore développé un itinéraire touristique permettant de populariser les aires protégées moins visitées telles celles des Rimoi, Kakamega, Arabuko Sokoke, Sibiloi et cætera. Le touriste d’une aire protégée préfère peut-être revenir dans le même parc ou la même réserve plutôt que de partir à l’inconnu dans un autre parc/réserve national(e).

La connaissance du PNA se fait essentiellement par les amis et la famille – bouche-à-oreille (48%), un tiers découvre le parc par un bureau de voyagiste, les autres par les offices de tourisme (8%). On remarque que la majorité des touristes visitent le PNA sur le conseil d’un proche ou d’un ami, ce qui est bien plus important que le rôle dévolu aux brochures et aux offices de tourisme. On peut relever le rôle nettement important de la famille et des amis par rapport au marketing du PNA. C’est certainement parce qu’un touriste potentiel a besoin de savoir où il va que les témoignages qu’il peut recevoir de ses proches ont autant d’importance. De toute façon, de telles recommandations permettent d’éviter les mauvaises surprises ou les pièges des réservations prises sur internet pour des services/produits qui ne correspondent pas à la description. Aujourd’hui il y a le risque d’acheter du vrai rêve, c’est-à-dire des vitrines virtuelles, car rien n’empêche des individus sans scrupule de présenter des produits et/ou services touristiques, des adresses et des numéros de fax et de téléphone, qui n’existent pas réellement, pour tromper et abuser des personnes « naïves ». Cela est possible car l’internet n’est pas encore parfaitement « encadré » sur le plan juridique (cf. par exemple Spindler, 2003).

Cette difficulté du choix est encore augmentée par la surinformation qui guette le touriste et qui l’amènera presque obligatoirement à choisir un peu au hasard ou à ‘faire appel à une assistance’ 128 . La communication par bouche-à-oreille intervient alors en tant qu’instrument dans l’élection de la destination touristique en exerçant une grande influence. Elle est également une source importante de renseignements et de « conseils » (de choses à voir et de choses à éviter) concernant la destination en s’appuyant sur des expériences vécues. Il semblerait que c’est parce qu’on a aimé une destination touristique qu’on va la recommander à des amis. Autrement dit, un touriste satisfait sera porteur d’un message positif à l’égard de la destination visitée. En revanche, s’il n’a pas atteint son objectif, il sera l’émetteur d’un message négatif dont la portée peut être désastreuse. En outre, on doit souligner que la communication directe apporte souvent plus d’informations 129 négatives que de données positives sur une destination touristique donnée (Butler, 1974 ; Zeithaml & Bitner, 1996). Par conséquent, les ‘touristes satisfaits’ 130 devraient être considérés comme un des plus importants ‘outil de marketing’, car ils recommandent la destination à leurs collègues et amis et retournent fréquemment sur les lieux. Il sera intéressant donc d’approfondir l’importance de la circulation de l’information orale relative au PNA et la « qualité » de celle-ci. Toutefois, il est fort intéressant de constater le rôle non moins important joué par les bureaux des voyagistes en matière de diffusion d’information sur le PNA et sur le Kenya en général. Ce moyen devrait par la suite être mieux exploité pour sensibiliser les touristes réels et/ou potentiels au respect du parc, en expliquant son importance. Sur l’internet et cyberspace/surrogate tourism (pour les Anglo-Saxons), il est stupéfiant de constater que l’existence d’innombrables images sur des destinations touristiques semblent ne suggérer qu’un univers virtuel. En outre, le support photographique conçu dans un but d’attractivité ne traduit pas suffisamment les caractéristiques d'une destination donnée. Par conséquent, il est compliqué de repérer l’information utile. Alors qu’une telle information devrait aider à la décision, force est de constater qu’elle ne fait que la rendre plus complexe.

Pour résumer, l’internet a ouvert un nouveau monde virtuel du tourisme. Le voyage sur l'internet vient plus près d’imiter les expériences d’activités touristiques. Des parcs à thème existent en Australie, en Europe, aux Etats-Unis et au Japon, qui proposent à leurs visiteurs toute une série d’attractions par immersion dans la virtualité à 360° par vidéocasques. Le visiteur ressent des sensations « comme si » il était au cœur de l’action. Comme la virtualité élargit le choix dans l’offre touristique, on peut prévoir qu’elle induira de nouveaux comportements. Naturellement tous les sens ne peuvent pas être stimulés, mais plusieurs peuvent être suffisamment activés pour permettre à l’imagination d’accomplir l’expérience. Une bonne ouverture pour le tourisme sexuelle ! (cf. par exemple, Dewailly, 1997 ; Kohm & Selwood, 1998 ; Kibicho, 2005a).

  n = 131 %
Mode d’herbegement dominant
Camping
Lodge
Hôtel de luxe

63
60
8

48
46
6
Durée du séjour (jours)
Excursionniste
1 - 2
3 - 4
5 - 6
Une semaine ou plus

26
52
42
20
17

20
40
32
15
13
Formule de vacances
Individuelle
Familiale
Groupe

51
18
62

39
14
47
Activité privilégiée
Safari photo « Game drive »
Escalade
Tourisme culturel

81
20
30

62
15
23
Moyen de connaissance du PNA
Amis – famille
Brochure touristique
Office du tourisme

63
58
10

48
44
8
Utilité du PNA
Activités touristiques
Conservation
Activités académiques

89
34
8

68
26
6
Notes
128.

Face à la multiplicité de l’offre, l’acheteur sera désarmé car il devra faire appel à un conseil, qui fera le choix pour lui mais alors il n’aura plus le choix.

129.

On doit préciser le fait que l’information touristique ne joue pas seulement avant le choix de la destination à visiter mais qu’elle intervient aussi pendant la visite en offrant le territoire à la découverte.

130.

Un touriste sera satisfait si son expérience correspond à ses attentes et à ses besoins. La qualité sera perçue comme très satisfaisante si la performance dépasse les attentes initiales. La qualité sera jugée insuffisante lorsque les attentes ne sont pas satisfaites (cf. Zeithaml & Bitner, 1996).