10.1 Communauté local et éléphant du PNA

En 1948 quand la Réserve Nationale d’Amboseli a été établie, les communautés y vivaient en toute tranquillité. Le Game Department a été chargé de la responsabilité de conserver la faune dans la réserve. Non seulement les Maasaïs ont pu rester dans la réserve, mais ses administrateurs les consultaient aussi souvent dans le cadre de leur travail de conservation pour qu’ils maîtrisent des mouvements et des migrations périodiques des bêtes sauvages. Ainsi les Maasaïs pouvaient apporter des connaissances aux gestionnaires de réserve. En retour, l’administration de la réserve a aidé la communauté par la construction des cuvettes d’eau pour son bétail. Des chefs locaux ont été également invités à intervenir au sein d’un comité officieux qui a aidé à résoudre des problèmes qui surgissent inévitablement du moment où la faune concurrence le bétail pour les ressources rares : le pâturage et l’eau.

En 1974 une étape décisive a été atteinte quand la réserve a été supprimée et remplacée par une aire de 391 kilomètres carrés prise aux Maasaïs pour former le PNA (cf. aussi section 5.2.2.1 (a)). Le peuple qui y vivait a été informé que la zone était d’importance nationale et déclarée parc national ; l’habitation et l’élevage y étaient donc interdits. Le problème était que les marais dans le nouveau parc national étaient les seuls endroits d’abreuvage naturel à des centaines de kilomètres carrés alentours. L’interdiction d’utiliser ces marais a signifié de grandes difficultés pour les locaux et surtout les éleveurs. Ainsi à l’heure de leur déplacement, des promesses ont été faites par les autorités de la réserve que des approvisionnements libres en eau seraient rendus disponibles en dehors du parc. Par ailleurs, promesse fut faite que l’indemnité compensatoire pour la perte de pâturage à l’intérieur du parc serait payée annuellement. Ces promesses n’ont pas calmé la colère des résidents locaux. Par exemple, leur ressentiment est proportionnel au fait que 90% des rhinocéros, pour lequel la région d’Amboseli était si célèbre, ont été tuée dans les dix années qui suivirent ce déplacement (Kiss, 1990 ; KWS ; 1990 ; 1994 ; 1997 ; Olindo, 1991 ; Muthee, 1992 ; Western et al., 1994 ; Sindiga, 1995 ; Berger, 1996 ; Smith, 1996 ; Watts, 1996 ; Weaver, 1998 ; Reid et al., 1999 ; Wels, 2002 ).

Avec l’aide de la New York Zoological Society, des points d’approvisionnement en eau ont été créés pour la communauté locale en dehors du parc. Quelques indemnités de compensation ont été également payées. Cependant, à partir de 1985 plus aucun argent ne fut distribué et la canalisation d’eau et les puits furent détruits à cause du manque d’entretien par les autorités locales (KWS ; 1990 ; Western et al., 1994 ; Sindiga, 1995 ; Berger, 1996 ; Watts, 1996). Le bétail qui doit boire au moins une fois par jour, a recommencé à fréquenter les marais, mais cette fois les Maasaïs et leur bétail avaient à parcourir de grandes distances de leurs manyattas au PNA. Pendant ces années, le nombre de touristes venant au parc a augmenté. A partir de 1985 plus de 100 000 personnes ont visité le PNA chaque année (cf. figure 12..3), mais la communauté locale n’a rien reçu de ce revenu massif envoyé directement au gouvernement. Les promesses du KWS de partager le revenu du parc avec les communautés locales n’ont rien fait pour apaiser les ressentiments. En 1996, la fréquentation touristique du parc a atteint 183 000 visiteurs générant un revenu des 21,7 millions de dollars américains (Smith, 1996 : 20), or seule une fraction minuscule de ce total a bénéficié à la communauté locale.

Pendant ce temps la population d’éléphants à l'intérieur du parc se développait. Les perspectives du parc étaient sombres. Il a dû assumer les effets négatifs d’une concentration d’un grand nombre d’éléphants qui ne pouvaient pas émigrer dans leurs aires traditionnelles (les GRs) parce que les locaux les auraient harcelés et les chassés vers le parc.