SYNTHÈSE DE LA DEUXIÈME PARTIE

Le premier chapitre de cette partie, le Chapitre VI, a présenté la méthodologie qui a été employée dans cette étude. La collecte de données a été principalement basée sur trois types d’enquêtes : les questionnaires, l’observation personnelle et les interviews. L’échantillonnage a été aussi fait de trois façons différentes selon les trois groupes d’acteurs touristiques prédéterminés : la communauté locale, les touristes et les adminstrateurs du PNA. Pour chacun de ces groupes, on a utilisé des questionnaires différents. Après la collecte des données on a utilisé plusieurs techniques statistiques pour les analyses univariaée, bivariaée et multivariaée.

Le Chapitre VII a mis en évidence que les besoins de l’individu qui peuvent être satisfaits par le développement touristique sont importants. Il peut conduire à la réduction de la tension ou du malaise, et permet à l'individu de satisfaire son besoin. Les besoins non satisfaits sont les sources principales de motivation. C’est seulement après la satisfaction de ces besoins qu’on pense au bien-être de la nature : anthropocentrisme versus écocentrisme. Cette partie a montré que plus la communauté locale perçoit positivement le développement touristique, plus elle le soutient. Ces constatations sont conformes aux études précédentes selon lesquelles les effets économiques positifs, les opportunités perçues de création d’emploi grâce au tourisme influencent positivement le soutien au développement touristique par des locaux. Les résultats ont montré que, le soutien au développement touristique par les habitants locaux dépend du niveau d’attachement à la communauté, de l’état de l’économie locale et des effets perçus (tant positifs que négatifs du développement touristique). Selon le modèle adopté, la communauté locale dans la région d’Amboseli préférerait le développement du tourisme culturel (0,76) suivi du tourisme de safari (0,71). Cela peut être attribué au fait que les résidents locaux retirent plus d’avantages économiques du tourisme culturel que des autres formes de tourisme. Ils vendent des souvenirs et d’autres articles, travaillent dans les centres de culture maasaï ou dans des hôtels comme danseurs.

Les résultats du Chapitre VIII, suggèrent que les acteurs touristiques dans la région d’Amboseli sont composés de deux groupes différents : un groupe écocentrique et un groupe anthropocentrique. Il y a là ainsi, deux perceptions différentes d’une même aire protégée qui soulignent la double fonction du PNA : le développement local et la conservation de l’environnement dans cette zone. Cette divergence d’intérêts par rapport à l’environnement pourrait être une source de malentendus entre les touristes (écocentriques) et les membres de la communauté locale (anthropocentriques). Cela rend nécessaire un type de développement local/touristique et/ou de conservation de l’environnement qui combine des initiatives exogènes et endogènes. Une telle hybridation d’initiatives est essentielle au développement d’un tourisme durable car elle donnera à tous les acteurs des opportunités égales pour s’exprimer. Elle unira donc tous les acteurs touristiques, permettant alors une réalisation de la coexistence : citadins-ruraux/touristes-communauté d’accueil et/ou développement local-développement touristique-conservation de l’environnement. Autrement dit, toutes les parties concernées doivent conjuguer leurs efforts et les coordonner en vue d’assurer l’avenir du PNA (et aussi de toute sa région environnante), la conservation de son écosystème, la valorisation de ses richesses patrimoniales naturelles, socioculturelles et économiques. Une telle complexité d’activités peut s’analyser autant comme une richesse, à travers la pluralité des projets et finalement la mobilisation générale, que comme un handicap, par la dispersion et le saupoudrage des moyens.

Le phénomène touristique de plus en plus important dans les aires protégées exerce une pression considérable sur les milieux naturels, ce qui oblige les responsables des parcs et/ou réserves à prendre en considération le tourisme dans la gestion de l’espace. Le Chapitre IX a mis l’accent sur l’importance d’une connaissance régulière de la fréquentation touristique. Le tourisme dans la région d’Amboseli est dominé par un système international bien marqué et par une clientèle nationale faible. Cela n’est pas étonnant toutefois car le tourisme au Kenya en général est dominé par la présence de touristes internationaux. Selon les touristes qui ont participé à cette étude, la visite du PNA est liée à trois éléments principaux : les Big Five mammifères, le Mont Kilimanjaro et la culture maasaï. Pour la majorité de ces visiteurs, la connaissance du parc se fait essentiellement par :

Le chapitre a identifié trois groupes de touristes selon leurs attitudes environnementales. Ils sont, les amoureux de la nature (Groupe I), les touristes aux attentes multiples (groupe II) et les touristes indépendants (Groupe III). L’évaluation des préférences quant aux ressources touristiques par ces groupes a révélé des similitudes entre les groupes I et III. Ces résultats aideraient les responsables du PNA voire les investisseurs à ne mettre en vente que des produits touristiques qui seraient rentables et à éliminer des produits peu rémunérateurs. Pour le dire autrement, le fait de bien maîtriser l’évolution touristique dans une aire protégée permet de mettre en place des infrastructures adaptées aux attentes de la clientèle, en évitant des aménagements incohérents.

Dans les années 70, la participation de la communauté locale à des projets de développement était minimale et l'apathie publique était élevée. Les destinations touristiques ont semblé apprécier cette situation parce qu'elle réduisait les interventions des locaux dans les décisions gestionnaires qui se trouvaient ainsi « facilités ». Inversement, comme nous l’avons montré dans le Chapitre X le tourisme durable favorise l'autre extrême de l’approche gestionnaire - la maximalisation de la participation de tous les acteurs. Aujourd'hui il y a des règlements mis en place pour garantir la participation publique. Cependant, comme nous l’avons vu dans le Chapitre X et dans la première partie de cette thèse, il n'y a aucune technique fiable pour connaître l'opinion publique et l’intégrer dans la prise de décision. En fin de compte, le principal souci des gestionnaires des aires protégées est la réconciliation des groupes minoritaires qui ont des intérêts conflictuels sans se préoccuper des besoins et les priorités de la majorité silencieuse. Le Chapitre X a, par exemple, identifié trois groupes composant la communauté locale (les opérationnels, les leaders d’opinion et les leaders officiels). L’identification de ces catégories d’habitants peut aider les investisseurs et/ou les responsables du PNA à en convaincre d’autres de la pertinence du projet proposé selon la théorie du moteur de croissance. Pour résumer, le message général à transmettre aux administrateurs de destinations est que, la participation efficace de la communauté locale aux projets touristiques exige une bonne communication, une identification claire des priorités publiques et une explication des actions prioritaires.

Enfin, cette partie a montré statiquement que l’administration du PNA est une domination indirecte des ruraux par des citadins dans la région d’Amboseli. D’ailleurs, des répondants appartenant à la communauté locale ont rapporté qu’ils sont opposés à l’administration de parc et à ses politiques de conservation de l’environnement plutôt qu’au parc lui-même ou même à l’idée de conservation. Il est indiscutable donc que, face aux triples responsabilités étroitement voire intrinsèquement liées (la conservation de l’environnement, le développement local et la satisfaction des besoins des touristes) le PNA doit s’adapter rapidement en proposant de nouvelles stratégies de gestion de cet espace important mais également fragile. L’enjeu, dans la Troisième Partie de cette thèse, consistera non seulement à intégrer les observations que nous avons faites dans les deux parties précédentes, mais aussi à construire un cadre cohérent du développement touristique.