12.3 Capacité de charge des aires protégées

Le seuil de tolérance à ne pas dépasser est difficile à déterminer. Il est difficile de fixer une fois pour toutes une ‘capacité de charge’ 143 touristique théorique pour une aire protégée, car on est confronté à des problèmes de limites de compatibilité entre les différentes activités et les différentes fonctions de telle zone, ainsi que des problèmes de limites de tolérance entre les différents usages de l’espace considéré. Le problème majeur auquel elles sont confrontées, puisque leur but est tout à la fois la conservation de la nature et l'ouverture au public, est qu'il convient d'en régler les rapports de la façon la plus harmonieuse possible (Richez, 1992; Brandon, 1996 ; Deprest, 1997).

Selon la définition de l’OMT, le concept de capacité de charge vise à établir en termes mesurables le nombre de visiteurs et le degré de développement susceptibles de ne pas avoir de conséquences préjudiciables aux ressources… C’est la capacité qui peut être atteinte sans dommage physique pour le milieu socio-économique, pour la communauté et la culture locale ou sans nuire au juste équilibre entre développement et conservation… En termes statistiques, c’est le nombre de visiteurs qui peuvent se rendre à un endroit donné à n’importe quelle période de l’année sans qu’il en résulte une perte d’attraction ou des dommages pour l’environnement… On peut dire en termes généraux qu’il y a saturation ou dépassement de la capacité de charge lorsque les mouvements de personnes, nationaux ou internationnaux, dépassent temporairement le niveau acceptable par l’environnement physique et humain de la zone d’accueil ou destination (OMT, 1992 : 53). En règle générale, on entend par capacité de charge touristique, le nombre maximum de visiteurs qu'un écosystème donné peut accueillir sans subir des dégradations trop importantes (cf. Richez, 1992; Bisleth & Jensen, 1995).

Les impacts multiples de l’utilisation touristique des aires protégées conduisent inévitablement à réfléchir à la notion de capacité de charge. Un certain nombre de facteurs sont susceptibles d’influencer la capacité de charge d'une destination touristique, comme il est montré dans l’annexe A9. La nécessité de prévoir la capacité de charge du PNA est basée sur des raisons écologiques et économiques. D'un point de vue écologique, l’aménagement paysager et l’attirance que crée la faune sauvage d'Amboseli sont les principales attractions touristiques. En vue de favoriser le tourisme dans la région, pour les intérêts régionaux voire nationaux, il est impératif que ces atouts ne soient pas détruits. Le tourisme alors devrait être développé dans des limites qui ne soient pas délétères pour les atouts du PNA qui sont son attractivité et qui préservent les objectifs de la politique de conservation du parc (cf. section 1.5). Des dispositifs écologiques et environnementaux (spécifiques ou/et généraux) peuvent être altérés par une mauvaise utilisation ou une surexploitation et être préjudiciables à l'écologie générale et à sa valeur d’agrément. En tout cas, une charge touristique trop forte dans une aire protégée provoque une dégradation du produit touristique, alors qu’une charge touristique moins forte favorise le maintien d’un environnement non dégradé et/ou de qualité. Et comme on le verra plus tard, un environnement de qualité favorise le tourisme (cf. section 14.2.1).

Les prévisions de capacité de charge sont essentielles pour s’assurer que l'utilisation du parc se situe dans des limites acceptables basées sur des données préexistantes. Une chose également essentielle à la planification est une prévision de la demande et du degré de réalisation : avec quel niveau d'investissement, avec quel taux de rendement et avec quels coûts non-économiques ? L’agrément d’une aire protégée n’est pas une donnée fixe mais elle changera avec le type et le niveau d'intrants. L'investissement potentiel par le parc, le gouvernement ou l'entreprise privée auront besoin de bases de données sur lesquelles effectuer des études de faisabilité. Les prévisions des taux de croissance et de la capacité projetée sont essentielles à cet égard, puisque les grands investissements provenant de sources autres que des parcs nationaux sont nécessaires pour réaliser une nouvelle capacité propre à satisfaire la demande et en même temps à améliorer la valeur d’agrément du parc pour les visiteurs.

Pour définir la capacité de charge des aires protégées, nous devons prendre en compte les deux dimensions qui la constituent en tant que telle : la capacité de charge écologique et la capacité de charge sociale et psychologique (Richez, 1992 ; Deprest, 1997).

Notes
143.

Bien que la documentation sur ce sujet soit relativement abondante, mais très dispersée, celle qui concerne les aires protégées au sens strict reste très limitée (Richez, 1992; Deprest, 1997).