14.1 Projets communautaires

Le tourisme communautaire comme forme de développement touristique est plus durable que le tourisme de masse car il permet aux communautés d'accueil de se libérer du contrôle hégémonique des voyagistes et de l'oligopole des élites riches au niveau national. Cette forme de tourisme permet aux populations (locales) concernées de partager le pouvoir décisionnel car elles cherchent à développer l'activité touristique en harmonie avec leurs besoins et leurs aspirations. Le tourisme est développé d'une manière acceptable par habitants locaux et peu nuisible à l’environnement (Murphy, 1983; 1985; Weaver, 1998; Fennell, 1999 ; Sharpley & Tefler, 2002; Kibicho, 2005f). Le pouvoir exogène, d'autre part, a des impacts négatifs parce que les « étrangers » ne comprennent pas les approches traditionnelles dans différentes situations. Avec le contrôle externe, la cohésion et la coopération de la communauté sont érodées, et les pratiques, telles que la concurrence et l'individualisme, se développent au lieu de privilégier, comme le veulent les traditions, le bien de la communauté (cf. aussi section 3.4.1) (Berger, 1996). Par exemple, Weaver (1998) attribue le succès du tourisme à Monteverde, Costa Rica, au fait que la communauté locale en possède le contrôle et travaille au sein de groupes dans l’intérêt commun, comme il est prescrit par des traditions d'ordre social. Ceci entraîne de la part de la base une harmonie dans les efforts, une cohérence dans les résultats et une solidarité à l'échelle communautaire. De même, une étude de Sharpley & Tefler (2002) montre comment les structures culturelles existantes peuvent être des outils utiles dans la mise en œuvre du développement durable à Bali. D'après eux, la fierté de la culture locale offre des possibilités intéressantes de développement touristique.

Parmi les projets communautaires les plus intéressants dans la région d’Amboseli, figure la construction d’une école primaire (El Kisongo Primary School) dans l’Olgulului GR (cf. figure 14.1). Le coût de sa construction, en dehors de la participation de la communauté locale, était assumé par des recettes générées par les visites touristiques du PNA. Cette école, rénommée par certains « école de la réconciliation de l’homme avec la nature », constitue le type même de réalisations grâce auxquelles la communauté locale peut être convaincue que l’amélioration du niveau et de la qualité de sa vie provient de l’accueil de touristes, ce qui justifie la conservation de l’environnement, voire l’existence du PNA.

Les recettes du PNA ont permis le financement d’autres projets communautaires :

  • la construction de deux dispensaires d’une cinqtaine de lits dans les GRs de Kuku et Olorashi (cf. figure 14.1),
  • des bourses scolaires pour des étudiants dans les écoles secondaires et les universités,
  • la création et l’équipement d’un centre d’éducation et de loisirs (Olgulului GR – cf. figure 14.1) comprenant un système de réception et d’émission de programmes télévisés, et
  • les projets de cattle-dips, baignoire à acaricide – produit destiné afin de lutter efficacement contre les tiques – pour le bétail (cf. figure 14.1).

Les recettes du parc financent aussi désormais de petites activités génératrices de revenus au profit de familles ou de petits groupes de paysans. Parmi ces activités, une vingtaine d’élevages de poules pondeuses, une trentaine d’élevages de zébus dans les GRs de Kimana et d’Olorashi. En l’espace de 20 années 102 groupements de paysans ont ainsi pu bénéficier du financement de microprojets à partir des recettes du PNA (KWS, 1997).

D’autres retombées du tourisme sur la population locale dans la région d’Amboseli sont également notables. Il est en effet reconnu par des habitants que la venue de touristes a énormément changé leur vie. La construction d’établissements touristiques ne crée pas seulement d’une centaine d’emplois, mais elle influe aussi sur les recettes des paysans locaux qui approvisionnent les restaurants en produits agricoles. Enfin, des associations de femmes produisent des articles artisanaux (vannerie, broderies et cætera) à l’intention des touristes. Toutefois, le but initial de l’administration du PNA est loin d’être atteint, mais désormais, l’espoir est là : la communauté locale découvre chaque jour davantage que le parc peut être une source de revenus et de développement (cf. section 4.4). L’important est qu’elle se rende compte qu’elle ne peut pas aspirer à ce développement sans le tourisme. Et sans conservation des ressources naturelles, voire sans le PNA, pas de touristes !

Figure 14.1 : Projets communautaire dans la région d’Amboseli
Figure 14.1 : Projets communautaire dans la région d’Amboseli

Source : Elaboration personnelle