14.4 Tourisme-environnement-communauté locale: quelle relations?

La problématique du tourisme dans la région d’Amboseli évoque forcément la question de l’avenir du phénomène touristique dans le PNA, mais aussi de l’avenir de cette aire protégée d’importance (inter)nationale. Cette double question pourrait se synthétiser par la formule : tourisme-environnement-communauté locale. Ces trois réalités sont étroitement et directement liées et interdépendantes par des phénomènes d’action et de réaction détaillés par l’analyse systémique (cf. chapitre IV).

Les activités touristiques dans la région d’Amboseli permettent de sensibiliser la communauté d’accueil à la nécessité de protéger l’environnement (et les ressources naturelles en général) et participent donc aux changements de perception dans la communauté. On peut noter un changement de perception, en ce qui concerne la conservation de l’environnement, dans la communauté locale. La conservation de l’environnement est perçue comme une nécessité sociale (54% de répondants de la communauté locale) et la pollution ou détérioration de la nature s’apparente à une perte collective. Selon le Chef du Kimana Group Ranch, « l‘’environnement est un mode pacifique de réappropriation des identités et de l’espace communautaire ’». En plus, cette étude a montré qu’une majorité (61%) des habitants de la région d’Amboseli serait prête à payer pour visiter le PNA.

L’existence d’un environnement non pollué où l’on a l’opportunité d’admirer la diversité de la flore et la faune dans des sites naturels favorise le développement touristique. L’argent généré par les activités touristiques permet de financer la conservation de l’environnement. L’environnement est entré dans l’économie touristique qui assure sa valorisation et la diffusion de sa connaissance. Le tourisme et la conservation de l’environnement peuvent « vivre » en harmonie. Néanmoins, pour cela, il faut entendre un type du tourisme qui « protége » ou « conserve », à long terme, les ressources naturelles, socioculturelles et économiques d’une aire protégée et de ses alentours. Le tourisme durable a la capacité d’atteindre lesdits objectifs.

Bien que le développement touristique soit nécessaire, il ne faut pas perdre de vue que la conservation des ressources dans une aire protégée demeure la priorité. Toutefois, une telle conservation a besoin d’une mosaïque d’espaces et de types de gestion différents. Comme Runte (1987), Richez (1992) et Wood (1992) le disent, les enjeux du XXIème siècle résident dans la reconnaissance du rôle social que les aires protégées ont à jouer ainsi que dans la planification de la gestion de ces espaces. Leur avenir est lié à leur capacité d’adaptation, mais aussi à leur capacité d’intégrer les questions sociales et le tourisme face à la ‘MacDonaldisation’ sans cesse de l’activité touristique (cf. la question de ce chapitre – section 14.0).