A. La laïcisation des institutions

La modernité a opéré une coupure décisive : la religion n’est plus la légitimation fondatrice ni l’instance régulatrice de la société mais, prise dans la fragmentation de la structure sociale, trouve sa place dans un domaine sectoriel, la sphère de la spiritualité et de l’intériorité. Phénomène se complétant par la disparition de tous les grands récits, systèmes de sens qui contribuaient – en s’opposant de manière virulente ou non- à unifier l’existence dans une vision totalisante : les Lumières, le marxisme, le récit chrétien, le scientisme et la laïcité. Tout cela a concouru à la prolifération des micros récits individuels ou communautaires.

La laïcisation des institutions a eu pour conséquence de changer le statut de la religion. De la sphère publique, elle s’est trouvée reléguée à la sphère privée. La religion s’est vue ainsi amputée de son caractère de « service public » en 1905 avec la loi de séparation de l’Eglise et de l’Etat. Un disposition de cette loi est caractéristique de cette relégation dans le domaine privé, assurant par la même l’incarnation de la puissance publique par delà les intérêts privés : l’interdiction de tenir des réunions politiques dans les locaux servant habituellement à l’exercice du culte ( art.26). Le culte au sens de la loi de 1905 se définit par l’éviction du politique et du social. Il se retrouve circonscrit à la sphère de la conscience, à l’exercice de la liberté de chacun. Mais un siècle après, l’appréciation si tranchée a été plus que pondérée et l’Eglise catholique – plus que toute autre confession- continue de tenir une place importante dans la vie politique. Plus encore, la perte de son pouvoir social pourrait lui permettre de jouer un rôle prépondérant dans le débat public.