D. Le pôle de l’impossibilité de ne pas croire

Dès lors, pourquoi ne pas simplement classer le dossier Dieu et celui des croyances ? Tout se passe aujourd’hui comme si un matérialisme pur et dur ne suffisait pas à l’homme et comme si, en même temps, il ne pouvait plus croire comme avant. L’impossibilité de croire se traduit dans une attitude d’ironie et de prise de distance à l’égard de soi-même. L’impossibilité de ne pas croire se condense donc, dans une restriction à douter. La croyance est ainsi exprimée dans une remise en cause du doute, d’où l’usage des « mais », « des fois que » ou autres « on ne sait jamais ». Elle est de l’ordre de la possibilité que l’on ne saurait écarter absolument. Il subsiste chez un grand nombre de sondés un interstice ouvert à l’irruption de l’imprévu. Le besoin de sécurité et la prise de conscience d’une force qui nous dépasse fissurent le béton d’un réalisme rigide. « Après tout… pourquoi pas ! » ou « peut-être bien ! » en sont les expressions les plus communes. Les croyances semblent alors apparaître comme autant de stratégies que les individus adoptent à l’égard de l’inconnu. Toute religiosité spontanée, toute demande rituelle semble aussi reposer sur ce besoin de sécurité et d’une certaine dépendance.