Le thème de la paroisse, esquissé au début des années quatre vingt disparaît un temps. Ce n’est que dans l’ordre du jour de l’Assemblée plénière de l’épiscopat de 1990 qu’il prendra de l’importance. Mgr Duval y consacre son introduction : « comment se fait-il que nous ne disions rien au sujet de la paroisse ? A travers tous les changements de la société et de l’Eglise, la paroisse demeure envers et contre tout l’expression la plus visible de la vie de l’Eglise 61 ». Un travail de trois ans est alors engagé par un groupe mis au service de la Conférence épiscopale, le groupe ministères et charges ecclésiales chargé des questions pastorales. Il donnera lieu en 1993, à la publication d’un dossier de douze fiches, introduit par une préface qui souligne la nature et l’importance conjointement ancienne et nouvelle des enjeux : « Les évêques de France ont ouvert le dossier de la paroisse au cours de leurs Assemblées plénières de 1989 et 1990. Cette démarche s’imposait, parce qu’on l’avait déjà entreprise dans les Régions apostoliques, parce que nombre de diocèses étaient confrontés, depuis longtemps, à la nécessité de regrouper les paroisses et de les réorganiser et, qu’ici et là, on s’y employait, parce que, en synodes ou dans d’autres instances diocésaines, les évêques étudiaient des orientations. Le temps était venu de faire le point, pour l’ensemble des diocèses de France, sur cette réalité majeure de la vie ecclésiale. L’opportunité était d’autant meilleure que l’on pourrait se situer dans le prolongement des perspectives missionnaires de l’Assemblée plénière de 1981, auxquelles, depuis dix ans, les évêques continuaient de faire référence. La préparation des travaux de Lourdes mit en lumière un grand besoin de formation. On parle beaucoup de la paroisse. Tout baptisé a quelque part sa paroisse. Beaucoup de gens se dévouent pour leur paroisse. Sa vitalité surprend. Considérée comme intangible, elle ne cesse de se transformer. Maintes fois déclarée moribonde, elle demeure et renaît étonnamment. Nombre de dynamismes ecclésiaux lui sont en apparence étrangers : est-ce si sûr, à y regarder de près ? 62 ».
On relèvera une analogie troublante entre la « renaissance « de la paroisse, le rapport Defois de 1981 – sur les perspectives missionnaires- le mouvement des synodes diocésains et la mobilisation des régions apostoliques. La prise en compte des logiques sociales sous-jacentes et des dynamiques locales, se traduit désormais en stratégie organisationnelle et en programme d’action. Une telle stratégie est d’autant plus importante que la base paroissiale de l’action pastorale n’est pas sans effets sociaux proprement dits, effets « extra religieux ».Ces propos trouvent une illustration remarquable dans un travail conduit par une équipe de chercheurs sur Rouen 63 . La sémantique et la grille de lecture sont les mêmes que pour n’importe quelle entité territoriale, pour ses acteurs et leurs stratégies. La paroisse y est traitée à travers, son « périmètre », ses « orientations politiques », ses « opérateurs », ses « équipements », ses « populations cibles », etc…. En adoptant cette méthodologie, ils analysent les modes d’implication et d’intervention sociales d’acteurs religieux relevant d’une organisation privée dans l’espace public local.
La paroisse : une structure à réorganiser, 17 décembre 1989, La Documentation catholique, n° 1996
La paroisse: fiches de réflexion, mai 1993, Paris, Conférence épiscopale de France. Documents épiscopat, n°8-9.
LEGRAND C & LE MOIGNE P, 1995 « cité des citoyens et communauté paroissiale. Catholicisme et nouvelles formes de gestion de l’espace public dans les quartiers de développement social » Rouen, IDS, Laboratoire d’Etude et de Recherches sociales.