C. Rapports diocèse (département)/ paroisse (local)

La comparaison des structures intercommunales avec le mode de recomposition du territoire diocésain permet de retenir une ultime analogie. Celle du rôle que tient l’institution départementale et le diocèse dont les territoires juridictionnels sont d’ailleurs majoritairement identiques – sauf pour le diocèse de Saint Etienne qui ne compte pas le Roannais, au nord du département. Autorités départementales et autorités diocésaines conduisent les mêmes politiques d’aménagement institutionnel, dictées par des visées réformatrices. L’objectif est bien de constituer des unités territoriales dotées des moyens de leur propre développement socio-économique ou religieux, en particulier dans le cadre de « bassins de vie ». Les commissions diocésaines d’aménagement pastoral et les commissions départementales de coopération intercommunales (instituées par la loi de février 1992) ont des fonctions similaires.

Le rapprochement de ces deux domaines n’est ni fortuit ni formel. Il conduit à s’interroger sur le statut même de l’institution religieuse au sein du système social. On peut légitimement se demander si la situation sociale et démographique des formes de regroupements paroissiaux, de leurs modes de fonctionnement tout comme leurs projets d’activités et ré organisationnels, n’amènent pas l’observateur, ici le géographe, à considérer les Eglises locales comme autant « d’associations » qui chercheraient au mieux à trouver place dans le marché local de l’adhésion associative, au pire à réduire les effets de la déprise religieuse. De nombreux indicateurs appuient cette interprétation : le fonctionnement en réseaux, l’animation collective dans le domaine de la catéchèse, la célébration des rites de passage, l’ouverture aux non pratiquants…

Il n’est pas contestable de dire que les paroisses tirent alors la force relative de la position qu’elles conservent localement de la détention et du contrôle de lieux stratégiques : aumôneries de collèges ou lycées, mouvements de jeunes, célébrations liturgiques…. L’activité paroissiale et plus généralement religieuse, constitue un vecteur d’animation et d’intégration, une instance d’échanges et de production de lien social. Alors, la paroisse peut continuer de représenter, au-delà même de sa charge symbolique et de sa fonction d’identité territoriale, une institution qui compte….. Socialement, comme une association parmi tant d’autres, ce qu’elle est, rappelons le, juridiquement.

Dans cette perspective, il n’est pas davantage contestable que s’opère une transformation des rapports du religieux et du local, où il apparaît clairement que l’institution religieuse n’exerce plus ou n’a plus la prétention d’exercer une hégémonie sur le champ de la vie sociale locale. Son rôle est celui de son animation en prenant place à côté d’autres pôles d’animation sans vouloir les dominer et elle continue à fonctionner pour certains comme un élément important de la symbolisation du local 68 .

Notes
68.

Se reporter à LAMBERT Y & WILLAIME JY, p. 195 « La vie religieuse : nouveaux modes d’insertion locale » op cit.