IV. La recomposition des territoires ecclésiaux, une dimension de l’aménagement du territoire

L’aménagement des structures ecclésiales et celui des structures territoriales ont, comme cela a été évoqué, quelques liens. Le regard porté sur l’Eglise est interprété de la sorte par les responsables institutionnels : les catholiques seraient une communauté marginale, dans des proportions qui resteraient à définir et la religion catholique serait celle de la grande majorité des gens.

Si il est indéniable que l’Eglise catholique fait partie du paysage français et local, il est visible et tout aussi indéniable que d’autres messages ainsi que d’autres traditions religieuses occupent celui-ci. L’Eglise cherche à se situer dans ce contexte qui n’est pas le même pour elle que ce qu’elle a connu dans les siècles précédant. De nombreuses questions ont naturellement et spontanément émergé lors des entretiens : « comment l’Eglise diocésaine sans prétendre au monopole du sens, peut-elle faire signe à l’ensemble des habitants ? » et à niveau plus général, « dans un pays pluraliste et laïc, permet-on aux citoyens d’exprimer et de développer la dimension religieuse de leur personnalité »?

Une attention toute particulière a été portée -et l’est toujours- à la construction de l’identité personnelle par les acteurs de l’Eglise à Saint Etienne. Les personnes envisagent moins leur vie comme une construction stable que comme un itinéraire. Comme cela été souligné et analysé auparavant, les individus ne sont plus « insérés dans un tissu social », ils entretiennent des relations beaucoup plus diversifiées, « mobiles avec des réseaux souples qui se font et se défont ». Les réseaux sélectifs prennent de plus en plus d’importance par rapport aux groupes imposés. Il semble qu’évêque, prêtres, vicaires ou diacres se demandent de quelles manières peuvent se construire des communautés stables, aujourd’hui, surtout à partir de cette expérience nouvelle ?

Face à ce constat, une interrogation émerge : quelle importance peuvent conserver les relations qui naissent de la proximité territoriale ? L’acceptation de ce principe de vie où l’appartenance à un territoire ne construit plus l’identité, supplantée par celle à un réseau laisse aussi de nombreuses questions en suspend. C’est paradoxalement à un moment où l’Eglise relativise le territoire dans ses recompositions pour privilégier l’idée de « communion de communautés » que la question sociale devient de plus en plus une question de territoire.