B. Une recomposition pour une meilleure Mission

Préférant parler de nouvel élan, plutôt que de fatalisme, Mgr JOATTON résume ainsi la recomposition paroissiale dans sa lettre pastorale de décembre 1994 : « en créant les paroisses nouvelles nous n’avons pas voulu réunir les nombreuses anciennes paroisses comme des petits commerces regroupés dans de grandes surfaces. Ce qui a motivé tout ce renouvellement c’est le désir de proposer la foi dans la société actuelle en témoignant ensemble, et dans tous les lieux, de notre joie de croire » ; relayé par le vicaire général : « La communion des communautés est la paroisse nouvelle. Ce n’est pas une structure vide. Tout ces groupes, ensemble, forment la paroisse nouvelle ». La paroisse nouvelle est une structure communautaire où le territoire prend toute sa dimension et n’est plus exclusivement circonscrit à un cadre administratif mais est pleinement l’espace de vie des populations. Ce territoire épouse les limites de la paroisse nouvelle mais n’y est pas totalement circonscrit. Toute expression de la sociabilité religieuse doit être rattachée à la paroisse nouvelle à travers un relais, un groupe, un lieu de réunion, de formation, un approfondissement. La paroisse nouvelle est le cadre où est réinvesti toute pratique religieuse à des fins communautaires.

La dynamique missionnaire est au cœur du discours de la recomposition. Ainsi dans son intervention lors de l’Assemblée Diocésaine du 17 Février 1996-, l’évêque de Saint Etienne utilise les expressions « nouveau cap », « aller davantage au large » ou « Evangéliser est la mission essentielle de l’Eglise ». Il est compréhensible qu’un tel discours ne puisse faire le constat d’une situation dramatique pour l’Eglise institutionnalisée. La recomposition revêt même une vocation sociale : « Baptisés et confirmés […] sont appelés à vivre leur vocation de fidèles du christ dans leur vie personnelle et dans leur présence au monde […] cette vocation conduit à faire naître, à faire exister des communautés, des équipes, à rendre vivants des mouvements divers manifestant justement une Eglise missionnaire dans tous les domaines, dans des réalités humaines, des situations vécues : chômage, marginalisation, exclusion, devenir espace rural, de la famille, des jeunes, de l’éducation, de la santé, du sectarisme ou de l’intégrisme. Ces situations imprègnent les mentalités d’une peur qui peut entraîner au fatalisme et au chacun pour soi […] Politiques, mouvements, syndicats, individus, refusent la fatalité et cherchent de nouveaux modes de vie plus humains inspirés par un esprit de solidarité, de partage. Les chrétiens personnellement ou collectivement, partagent cette recherche au cœur de laquelle ils veulent être porteurs d’espérance, annoncer que vivre ensemble, c’est possible ! » . La recomposition est présentée comme une reconquête et non un simple « replâtrage » territorial et fonctionnel. Il n’est pas question de faire la même chose en fédérant ici et là deux ou trois paroisses, mais en accord avec le rapport Dagens, de « proposer la foi dans la société actuelle ».