C. Evangéliser

Quelles sont les principales caractéristiques de la société actuelle, dans ses dimensions religieuses et son rapport à l’institution, se demande-t-on à l’énoncé d’un tel discours ? Le constat appliqué au diocèse de Saint Etienne est que « des communautés florissantes commencent à éprouver de sérieuses difficultés. Leur surface sociale n’est plus la même, les pratiques communautaires et catéchétiques diminuent visiblement ». Comme cela a été souligné auparavant, le département de la Loire a toujours été un espace de forte catholicité. Or, détail curieux, Mgr JOATTON opère un rapprochement singulier entre les pays que l’Eglise a autrefois évangélisée – dans la sacro-sainte entente cordiale entre le sabre et le goupillon- et le diocèse dont il a la responsabilité : « on compte encore beaucoup de prêtres qui sont nés ici et sont partis en missions dans d’autres diocèses sur tous les continents, mais notre Eglise commence à en manquer […] Nous sommes peut-être en effet, aujourd’hui, un peu dans la situation des pays dans lesquels nous avons envoyés autrefois des missionnaires. Avant d’aller chercher de l’aide ailleurs, ce qui est tout à fait pensable, commençons par nous mettre nous même dans une perspective missionnaire de fondation et d’interpellation en vue du ministère presbytéral ». Une fois de plus, le caractère missionnaire de la recomposition est mis en avant, ce qui permet de faire table rase des questions sur les remodelages territoriaux, la redistribution des rôles. Inscrites dans un nouveau contexte, celui de l’Evangélisation, elles changent profondément de natures dans la mesure ou les options, les modalités de réponses sont dans une perspective nouvelle où la nostalgie de la civilisation paroissiale n’est pas cours. Il ne s’agit pas de courir après le passé mais plutôt d’aller vers le futur. La recomposition à Saint Etienne est habilement abordée sous l’angle du positivisme et non de la fatalité.

Modernité, chute des vocations, baisse des pratiques régulières sont présentées comme des défis à relever. Ces évolutions amène « la nécessité d’un renouvellement profond et progressif qui puisse toucher non seulement notre organisation pratique, mais également l’idée même que nous avons de notre Eglise : elle est en situation missionnaire à tous les niveaux et dans tous ses actes ».

Tout ce discours va à l’encontre de ceux à l’œuvre dans les processus de recompositions des services. La finalité n’est pas la même. L’Eglise veut reconquérir, se redéployer sur les territoires pour répondre aux attentes en accompagnant les populations alors que les décideurs politiques ou administratifs redéploient et réorganisent les services dans le but de réaliser des économies et de se désengager de fonctions de plus en plus privatisées.

Cependant, les responsables du diocèse de Saint Etienne restent conscients que cette recomposition se doit d’être pragmatique : elles doivent être efficaces - répondre aux attentes des populations et permettre une lisibilité du message et inscrites dans une souci d’économie – un nombre de prêtre relativement faible et d’efficience – les équipes et les moyens se doivent d’être « productifs » au regard des « objectifs » d’évangélisation. En cela la recomposition de l’Eglise sur le diocèse de Saint Etienne, comme ailleurs, peut être assimilée à celle d’un service ordinaire. Quoi qu’il en soit, la recomposition fut pensée collectivement.