A. le questionnement

Cette première étape s’est étalée sur l’année 1995. Sur l’ensemble du territoire diocésain, tous les chrétiens furent appelés à se réunir à travers «des espaces de questionnements» les plus proches possible des réalités locales, nationales et mondiales ainsi que sur l’Eglise. Les trois principes de ces questionnements furent : REGARDER (se pencher sur le monde, et sur l’Eglise envoyée en mission), EVALUER (ce que l’Eglise met en œuvre et la place que chacun y prend pour répondre à la mission qui lui est confiée) et PROPOSER (ce qui semble bon pour que l’Eglise poursuive sa mission et que chaque individu s’inscrive dans ce travail). Ce questionnement « semi directif » s’articulait autour de quatre grandes thématiques, quatre réalités partagées par tout le peuple chrétien local : RENCONTRER, ANNONCER, CELEBRER et ENVOYER.

  • Rencontrer  : Il s’agissait de replacer l’ensemble des chrétiens dans une attitude missionnaire. Dans une époque où affirmer Dieu n’est plus une évidence, ces mêmes chrétiens doivent devenir Parole en actes. Cette volonté va dans le sens de celle prônée lors du concile de Vatican 2 où était réaffirmé, dans sa dimension pastorale que l’Eglise est « dans le Monde de ce temps ». L’accent est mis sur l’invitation à aller à la rencontre des autres afin de prendre part à la construction du monde car ce n’est que par leur présence au monde, à leur capacité d’accueil et d’écoute que les chrétiens sont crédibilisés et d’un point de vue théologique, jugés. Ce thème est cadré par des mots forts, des raisons de rencontrer comme « comprendre », « briser les barrières », « ouvrir ses portes » ou encore « connaître », autant de valeurs chrétiennes qui semblaient nécessaire de réaffirmer. L’ouverture sur les autres territoires civils et sociaux est évoquée, comme pour bien insister sur la nécessité de bâtir une Eglise hors des murs. C’est ainsi que « la vie de quartier », « les mouvements », « les paroisses », « la vie associative »… sont ciblées comme autant d’occasions de rencontrer.
  • Annoncer : Est rappelé ici le fait que l’annonce dont les chrétiens ont la charge est d’abord celle de l’Evangile. La volonté est de remettre à sa place cette parole comme un moyen d’entrer dans une spiritualité de vie, qu’elle a la force de faire reculer les frontières des horizons. De replacer l’Evangile comme la source majeure d’une parole neuve, actuelle, capable de toucher tous les aspects de la vie humaine. L’annonce est vue comme une nouvelle dimension à la vie afin d’être « portée par des chrétiens pour atteindre toutes les dimensions de la vie sociale, professionnelle, politique et spirituelle ». Il est clair que les instances diocésaines veulent donner un rôle et une lisibilité à l’Eglise locale:œcuménisme, témoignage, lutte contre l’exclusion en sont les mêmes mots.
  • Célébrer : C’est l’acte essentiel de la communauté chrétienne. La célébration est l’acte d’une communauté qui s’ouvre publiquement à l’action et à la présence de son Dieu, elle donne sa vraie mesure à l’identité et à l’action du chrétien. Si les deux premiers volets du questionnement s’intéressaient sensiblement plus aux lieux de vie, à la multitude des territoires que fréquentent les individus, l’accent est mis ici sur l’accompagnent de chaque individu dans toutes les étapes de sa vie sociale : la célébration à travers « les grandes étapes de la vie », « la famille » et religieuse : « dans l’éducation de la foi », « dans la prière et la communion » ou par « les sacrements ». Célébrer est signifier son existence, la revendiquer. L’Eglise locale veut que ses fidèles soient fiers d’eux, de ce qu’ils représentent et ouvre aussi « la porte » à ceux qui pour des raisons d’anonymat ou de « honte » se sont éloignés d’elle, comme les non baptisés, les « redécouvrants ». L’attention est mise sur une catégorie de population à reconquérir : ceux qui ne s’approchent de la foi qu’en certaines occasions.
  • Envoyer : L’histoire de l’Eglise est une succession ininterrompue d’envois. L’envoi requiert une communication entre le messager et le destinataire, dans une connaissance réciproque. Par le baptême et la confirmation, les chrétiens sont constitués comme envoyés pour porter au monde « la bonne nouvelle ». Cette thématique regroupe et dépasse toutes les autres. L’accent est mis aussi sur le fait que nul n’est envoyé tout seul….. C’est un appel à l’union des communautés et groupes qui font l’Eglise, dépassant les intérêts et la source évangélique de chacun de ces groupes.

A travers ces grandes thématiques, on peut voir en filigrane l’intérêt qui est porté à la multiplication et à la diversification des territoires, aux trajectoires individuelles tant sociales que spirituelles et à la reconnaissance d’une géographie des communautés religieuses importantes mais qui doit être transcendée. Territoires, individus et communautés sont au cœur de ce questionnement qui va conduire donc à une refonte complète du diocèse de Saint Etienne tant dans ses structures territoriales (de 244 à 29 paroisses), que dans son fonctionnement (outils, personnels, messages, calendriers….). En ce qui concerne Saint Etienne, la démarche de renouvellement s’est aussi appuyée sur une étude sociodémographique doublée d’une tentative d’établir une typologie des quartiers de la commune.