L’illustration exemplaire du regroupement par affinité culturelle est celui des communautés ethniques. Portugais, Africains, Vietnamiens, Italiens ou Polonais, chacun de ces catholiques « venus d’ailleurs », pratique sa foi de manière déracinée. Ils importent leurs propres pratiques, leurs propres modalités territoriales. Une question a naturellement émergée lorsque notre étude débuta : de quelles manières leurs histoires individuelles et leur « différences » sont-elles prises en compte dans les paroisses nouvelles ?
A l’échelle de l’agglomération stéphanoise se sont mis en place des communautés regroupant les populations par pays d’origine ou par culture d’origine : constituent-elles de véritables relais pour que chacun des membres prenne pleinement sa place dans l’Eglise locale ? Sont-ce des territoires de replis, d’ouverture ? Quelles relations entretiennent-elles avec l’ensemble des structures en œuvre dans la paroisse nouvelle ? Telles sont les interrogations qui peuvent découler du choix de l’étude de ces pratiques. Deux écueils restaient à éviter :
Le discours prôné par l’évêque était celui « d’une mosaïque de communautés nées et toujours à naître de l’annonce de l’évangile ». Les mêmes Orientations Diocésaines insistaient sur cette nécessaire communion : « Dans le département de la Loire, les populations d’origine étrangère constituent des communautés importantes. L’évangile invite tout particulièrement les chrétiens à rendre possible un vivre ensemble en favorisant les rencontres 91 ». Si la catholicité puise sa force dans la foi au même dieu, elle est aussi vivifiée par l’ouverture aux différences des uns et des autres. Il ne s’agit pas seulement d’accueillir les autres ou de colorer la liturgie, il s’agit de devenir ensemble l’Eglise. Le discours est magnifique. Qu’en est-il dans la réalité ?
Sans parler de repli sur soi ou de communautarisme, certaines de ces communautés adoptent un comportement singulier, en marge des autres structures de la paroisse nouvelle. Là aussi il y a des degrés dont les raisons peuvent être soit d’ordre culturel : la communauté des gens du voyage, soit par un caractère de « diaspora » important : communautés italienne ou vietnamienne, d’autres, au contraire vivent leur particularisme dans une sorte d’émulsion collective, illustrant les principes prônés par les instituions diocésaines : les communautés polonaises, portugaises (individuellement) et africaines (collectivement).
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