A. Religiosité actuelle, le point de départ d’une nouvelle territorialisation

Le choix de cette thématique relève de l’hypothèse que l’Eglise était une institution qui proposait une vision claire et bornée de l’avenir, fondée sur une tradition, une répétition à travers les générations de codes et de bornes. Toute confession religieuse existe par l’acceptation et le maintien d’une continuité croyante. Or, pour nous, cette continuité est rompue.

L’objectif poursuivi à travers les entretiens était de mettre en lumière le fait que la construction de l’identité religieuse se réalise en fonction des intérêts personnels, des dispositions et des aspirations de chacun : elles ne sont plus de identités héritées. Ce qui sous entend que les modalités de territorialisations ne le sont plus non plus, s’inscrivant dans une individualisation et une autoproduction.

Pour ce faire, nous avons choisi d’employer deux méthodes, directive et semi directive. La première permettait, à travers quatre questions ciblées, bornées, de cerner le plus possible le champs d’investigation, de contingenter la discussion que nous espérions engager avec les enquêtés. Ces quatre interrogations renvoyaient aux quatre dimensions de l’identification religieuse que nous avions posées au préalable :

  • Communautaire : marques sociales et symboliques qui définissent les frontières d’un groupe religieux : quel est pour vous le degré d’importance de l’idée de communauté dans votre référence à l’Eglise et au catholicisme ?
  • Ethique : valeurs prônées par l’institution qui sont pleinement acceptées par les personnes : Jugez-vous que les valeurs défendues par le message de l’Evangile et son bras conditionnent les comportements, cela l’est-il pour vous ?
  • Culturelle : patrimoine, savoirs faire, modes de représentations, modes de pensées provenant d’une forte empreinte religieuse : Reconnaissez-vous au catholicisme une dimension culturelle ?
  • Emotionnelle : fusion des consciences, émotion individuelle perçue et dynamisé par la collectivité : Diriez-vous que vos rapports à l’Eglise et au catholicisme sont de l‘ordre de l’émotionnel ?

Puis sur un panel de jeunes afin d’approfondir le travail, le semi-directif a pris le relais, dans la mesure où il permet d’obtenir des informations, perceptions, des sentiments ou des attitudes de la part de l’enquêté. Deux interrogations ont lancés ces entretiens :

  • Comment concevez-vous vos expériences religieuses, votre relation à l’Eglise?
  • Quelles places, quels rôles accordez-vous à l’Eglise et au catholicisme dans l’histoire des sociétés ?

La totalité des entretiens se poursuivaient par une discussion sur le regard que les personnes interrogées portaient sur les recompositions paroissiales en se basant sur les réponses apportées sur les trajectoires d’identification et leurs comportements religieux. Il s’agissait de juger de l’adéquation ou non des structures proposées aux comportements actuels, de la perception et de l’interprétation du discours des instances diocésaines. La question qui synthétisait le mieux cette rechercher fut la suivante : au vu de ce que vous venez d’avancer, pensez-vous que les structures territoriales et organisationnelles de l’Eglise locale en sont les parfaites illustrations ?

Cette méthode nous semblait la plus appropriée pour le public visé car elle initialise une démarche participative donc, a pour finalité de comprendre ce que les personnes pensent ou peuvent penser d’un sujet. Sur chacun des thèmes abordés, qui découlaient des questions cadres, mais néanmoins ouvertes, nous avons tenté de débattre en étant objectif (conscient des faits), subjectif (quelle est l’opinion sur ce fait), suggestif (que faudrait-il améliorer) et prospectif (quelles actions allez-vous entreprendre face à cela).