A. un catholicisme affectif : modalités temporaires et flexibles

A partir d’un panel de jeunes stéphanois et stéphanoises ayant participé aux JMJ de Paris ou Toronto, s’identifie ce premier type. Entre ceux qui revendiquent une identité confessionnelle forte et ceux qui s’associent à la fête pour partager un moment intense, se trouve un vaste dégradé de références chrétiennes plus ou moins interrogatives et de recherches spirituelles plus ou moins, elles aussi, explicitées comme telles. « L’enthousiasme » et « l’exaltation collective » sont pour les moins déterminés le ressort principal d’une identification religieuse : « J’ai eu le sentiment d’être catholique ! Ce que je n’avais jamais ressenti auparavant ». C’est une identification symbolique malgré les efforts déployés par l’institution pour transformer ces gigantesques pèlerinages pour la jeunesse en un programme accéléré de socialisation au catholicisme 98 .

C’est bien un catholicisme affectif qui se constitue, s’active ou se réactive par cette intensification émotionnelle du sentiment d’appartenance communautaire. Cette territorialisation, pèlerine à bien des égards dépasse les formes classiques et s’apparente plus à une structure de réseaux. La répétition de ces évènements peut contribuer à stabiliser ces parcours : « les JMJ m’ont redonné la volonté de participer plus souvent à la messe et d’être plus active dans ma paroisse ». C’est précisément ce que recherche l’institution en laissant s’exprimer librement ces comportements : les canaliser pour pouvoir les sédentariser partiellement.

Figure 13 : Catholicisme affectif
Figure 13 : Catholicisme affectif

Notes
98.

Une étude approfondie de ce phénomènes est proposée par Danièle Hervieu Lèger : « Religion, Memory and Catholic identity : Young people in France and the New evangelization of europe » in FULTON J & GEEP, 1994 « Religion in contempory Europe », London, The Edwin Mellen Press.