C. religiosité humanitaire

Celle-ci émerge de la rencontre des dimensions émotionnelle et éthique. Les personnes s’identifiant à cela revendiquent une sensibilité forte à l’injustice d’un monde qui multiplie, à toutes ses échelles, les exclus et appelle, en réponse, la charité active des individus. La charité est un principe catholique fort qui en aucun cas ne doit être comparé avec celui de solidarité que prône les courants politiques de gauche. La solidarité est réellement un principe de vie sociale, la charité, un acte pour se donner bonne conscience. Les jeunes qui se mobilisent au sein d’associations partagent ce point de vue tout en privilégiant les actions concrètes plutôt que l’engagement militant. Ce qui fait que cette charité prenant des allures d’actes solidaires ne l’est pas pour autant dans la mesure où cette même solidarité exige l’engagement perpétuel car c’est un mode de vie et non une dimension de celui-ci. Ils agissent « là où ils peuvent » en se laissant porter par la compassion. Il leur importe peu que l’organisation à laquelle ils consacrent énergie et temps ait une référence confessionnelle (Armée du Salut, Secours catholique) ou non (Restos du Cœur, Terre des Hommes). L’identification religieuse opère sur le terrain où des valeurs religieuses peuvent être mises en œuvre. Les initiatives de coopération avec des pays en voie de développement à travers des projets mobilisant des aumôneries de lycée, de groupes de jeunes constituent un terrain d’observation remarquable de cette modalité « éthico émotionnelle » d’identification religieuse. Ainsi un groupe de 8 jeunes a participé en 1996 à la réfection d’une école à Kissan, au Burkina Fasso sous la double égide du Lycée Simone Weil et de la paroisse Bienheureux Antoine Chevrier dont le père Guillemot était et est l’aumônier. Ces structures sous la tutelle de l’Eglise diocésaine, mais relativement autonome, sont l’écho du principe de solidarité défendu lors de la recomposition.