F. catholicisme esthétique : prémices de la figure pélerine
Il illustre l’intérêt croissant pour les hauts lieux de la spiritualité chrétienne. Le nombre croissant de jeunesqui s’engagent sur les routes de Compostelle, parcourent les circuits des abbayes ou se rendent en certaines occasions festives au Mont St Michel ou à Rocamadour ou ailleurs est un bon outil d’analyse de cette combinaison des dimensions culturelle et émotionnelle. Cette typologie est une variante du catholicisme patrimonial, ce qui le rend difficile à discerner au premier abord. Toutefois cela se clarifie rapidement dans la mesure où le lien avec une adhésion croyante et une insertion communautaire sont ténus et rarement exprimés: « Je suis allé au Mont Saint Michel car je trouvais cela beau ! » ou encore : « Saint Jacques de Compostelle, ça fait partie de la culture Européenne, je pense que l’on peut y aller sans que cela soit un pèlerinage ! ». Nous sommes face à une population qui ne s’accommode d’aucune structure territoriale – classique ou proposée lors de la recomposition paroissiale.
Comme cela a été évoqué, ces exemples ne visent pas à fournir un tableau général de la religiosité des jeunes. Ce travail a été réalisé avec talent par ailleurs 99 . Il s’agissait ici de baliser des étapes, d’éclairer des processus qui ne sont pas figés, de montrer quelles stratégies territoriales et fonctionnelles, l’institution mettait en place, dans un diocèse en particulier, pour répondre aux attentes de ce public jeune. Il met aussi en avant l’importance grandissante pour ne pas dire la prégnance d’une auto production de structures territoriales que l’Eglise diocésaine accompagne ou tente de récupérer.
Le trait majeur des comportements religieux actuels est le mouvement. C’est ce dernier qu’il faut tenter de saisir pour éclairer les modes d’adaptations du service de l’Eglise catholique à cette recomposition des territoires.